Le film provoque de vives réactions à sa sortie avec notamment deux attentats en France (au cinéma Saint-Michel et au Building). La presse spécialisée accueille cependant bien le film. Les résultats au box-office sont également positifs. Le film obtient plusieurs distinctions dont une nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur.
Synopsis
Comme tous les hommes, Jésus vit dans le péché et dans la peur. Il veut vivre la vie d'un homme normal et désire Marie Madeleine. Mais Dieu l'a choisi pour être le Messie, pour être le Sauveur de l'humanité. Après avoir découvert sa vraie nature lors d'un voyage dans le désert, il commence à prêcher la bonne parole et à accomplir des miracles. Il compte de plus en plus de disciples et s'oppose aux prêtres juifs.
Jésus comprend finalement que Dieu veut qu'il soit crucifié pour expier les péchés du Monde. Il demande donc à Judas de le dénoncer aux Romains et est crucifié. Alors que le Christ s'apprête à mourir, une nouvelle partie de son voyage commence lorsqu'il est soumis à une ultime tentation par Satan, celle de vivre la vie d'un homme ordinaire, marié, avec des enfants.
En 1983, le cinéaste de culture catholique et italienne Martin Scorsese, hanté par le thème de la Passion et la rédemption, envisage de tirer un film du roman La Dernière Tentation du Christ de Níkos Kazantzákis, mais les producteurs de la Paramount refusent de produire le film devant les nombreuses manifestations, pétitions et nuits de prières de protestants américains. Le projet est repris au dernier moment par Universal[6]. Scorsese se tourne alors vers la France pour trouver des fonds complémentaires et est présenté par le jeune producteur Humbert Balsan au ministre de la Culture Jack Lang, qui octroie trois millions de francs au projet. Une des Églises américaines contacte alors ses correspondants français, qui envoient des milliers de lettres de protestation (issues en majorité de la Communauté Évangélique des Sœurs de Marie de Dijon) au ministre et bloquent le standard téléphonique de son ministère pendant une semaine[7]. L'archevêque de Paris Jean-Marie Lustiger proteste personnellement auprès du président François Mitterrand, si bien qu'au mois de mars, Jack Lang annule ses subventions[8].
Alors que le film est programmé au festival de Venise, le cinéaste Franco Zeffirelli qualifie le film de « pur produit de la chienlit culturelle juive de Los Angeles qui guette la moindre occasion de s'attaquer au monde chrétien »[9].
Cette version non-dogmatique et anti-biblique[10] de la vie de Jésus est très fermement dénoncée par les autorités religieuses avant même sa sortie.
Le , la sortie du film aux États-Unis suscite des protestations dans tout le pays.
La sortie du film en France le déclenche une guérilla à coups de tracts et d'attentats. À Besançon, le , le cinéma Le Building est incendié après la dernière séance[11].
Le dans un cinéma de Montparnasse lors de la projection d'un autre film controversé Une affaire de femmes de Claude Chabrol une bombe lacrymogène provoque la mort d'un spectateur cardiaque[12]. À Metz, en raison de la visite du pape Jean-Paul II le , le film est déprogrammé. De nombreuses salles retirent vite le film de l'affiche, les autres sont protégées par la police. Le , il n'est plus visible que dans deux salles parisiennes. Un début d'incendie endommage le Gaumont Opéra[13]. Le , un groupe de catholiques traditionalistes déclenche un incendie dans une salle attenante du cinéma Espace Saint-Michel à Paris pour protester contre la projection du film. Cet attentat fait quatorze blessés dont quatre sévères[14].
Dans certains pays, comme la Turquie, le Mexique, le Chili, l'Irlande et l'Argentine, le film a été interdit ou censuré pendant plusieurs années. En 2010, le film est toujours interdit aux Philippines et à Singapour[15].
Le maire d'Arcachon a tenté d'obtenir du tribunal administratif de Bordeaux l'annulation de la projection du film dans sa commune, qui lui a été refusée par un jugement du 12 décembre 1990 en raison de défaut de circonstances locales particulières susceptibles de fonder la mesure d'instruction[16].
↑« Inculpation à Besançon après l'attentat contre un cinéma où était projeté la Dernière Tentation du Christ », Le Monde, 22 novembre 1988. lire en ligne (payant).
↑Marion Georges, L'affaire Scorsese et les incendies de cinémas Deux nouvelles inculpations, dont celle du poseur de l'engin à la salle Saint-Michel, Le Monde, 30 octobre 1988; lire en ligne (payant).
↑Quatorze blessés dans une salle parisienne projetant « La Dernière Tentation du Christ » La police soupçonne des extrémistes de droite d'avoir incendié le cinéma Le Saint-Michel, Le Monde, 25 octobre 1988. lire en ligne (payant).
↑Pierre Tifine, « Le contrôle du juge de l'excès de pouvoir sur une décision délivrant un visa d'exploitation à une oeuvre cinématographique comportant des scènes violentes », La lettre juridique, no 619, (lire en ligne)