Élève de l’École de Médecine navale de Toulon, un concours lui permet de devenir Chirurgien auxiliaire de la Marine. Il sert alors sur l’Impérial (1812-1814) puis sur le Néréide (1815) lors des dernières campagnes militaires de l'Empire[2], puis est nommé chirurgien de 3e classe en titre en .
Après le naufrage de l'Uranie aux îles Falkland, il revient en France sur la Physicienne en . Il ramène alors au Muséum d'histoire naturelle d'importantes collections zoologiques qui lui valent les félicitations de Georges Cuvier.
En , il devient chirurgien de 2e classe et sert à Toulon puis est nommé à la 1re classe en . Il est alors envoyé en Angleterre pour y visiter les musées d'histoire naturelle (1825).
En , malade, il est débarqué à l'île Bourbon et regagne la France sur la Bayonnaise en . Il continue de servir sur cette corvette en Méditerranée puis, en est envoyé en mission par l'Académie de médecine en Pologne, Prusse, Autriche et Russie pour y étudier et lutter contre le choléra et essayer d'empêcher la propagation de l'épidémie en Europe occidentale. Il est alors lui-même atteint par la maladie et rentre en France par l'Estonie[3].
Les missions en Islande et Groenland
Nommé président de la Commission scientifique d'Islande et du Groenland en 1829, Gaimard mène quatre campagnes (1835, 1836, 1838 et 1839) dans l'Atlantique Nord sur La Recherche dirigée par le lieutenant de vaisseau Tréhouart pour, à l'origine, tenter d'y retrouver Jules de Blosseville disparu sur les côtes du Groenland avec la Lilloise en 1833[4].
Le voyage se décompose en quatre campagnes d'été successives et se centre rapidement sur l'exploration de l'Islande. Un vaste programme scientifique est établi portant sur l'histoire naturelle, la géologie, la médecine, la météorologie, la physique, l'astronomie, les langues et les littératures[4].
Ainsi, de mai à , la Recherche patrouille entre l'Islande et le Cap Farewell. Gaimard et le géologue Eugène Robert débarquent en Islande le et y restent jusqu'au . Ils explorent toute l'île, visitent Reykjavik qui n'est alors qu'un village de pêcheurs, les fjords puis les terres volcaniques de l'intérieur. Ils font l'ascension du Snæfellsjökull puis regagnent Reykjavik par les geysers du district de Thingvallir[5].
À leur retour en France, Gaimard et Robert présentent au ministre de la guerre Guy-Victor Duperré leurs collections ramenées d'Islande et les résultats de leurs travaux de botanique, de géologie, d'ethnologie, de météorologie et de physique du globe. Duperré conçoit alors, aux vues des résultats, une nouvelle expédition scientifique en Islande pour compléter les découvertes qu'il a jugées exceptionnelles[6].
Gaimard embarque donc de nouveau sur la Recherche en , avec Eugène Robert, mais aussi Victor Lottin, ancien des voyages de Duperrey et de Dumont d'Urville, Auguste Mayer (peintre), Raoul Anglès (météorologue), Louis Bevalet (zoologiste et peintre d'histoire naturelle) et Xavier Marmier, chargé des langues et littératures islandaises[7].
Les scientifiques explorent ainsi toute l'Islande de juin à septembre 1836 alors que la Recherche continue vers le Groenland. La première ascension de l'Hekla est réussie et la plupart des autres volcans de l'île sont reconnus. Les explorateurs atteignent les côtes nord et est et poussent jusqu'au Vopnafjörður, lieu des derniers messages envoyés par Blosseville[7].
Pendant ce temps, la Recherche explore les côtes du Groenland jusqu'à Frederikshaab. Le genre de vie des Esquimaux est étudié et de nombreux relevés hydrographiques effectués, pour faciliter la navigation dans les mers polaires. De même, la formation des glaces est analysée[7].
À son retour, Gaimard prend une part très importante dans les publications consécutives aux voyages de l’Uranie, de l'Astrolabe et de la Recherche. Membre correspondant de l'Académie de médecine, il reçoit de l'Académie des sciences le prestigieux prix Monthyon[9] et quitte le service actif en .
Il meurt à Paris le et est enterré aux frais de l’État. La tête sculptée qui orne sa tombe est l’œuvre de Louis-Félix Chabaud[10].
Louis de Freycinet (éd.) Voyage autour du Monde, entrepris par Ordre du Roi ... exécuté sur les corvettes de ... l'Uranie et la Physicienne, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Tome 1 et 2: Zoologie. Pillet Aîné, Paris 1824
Mémoire sur l'accroissement des polypes lithophytes considéré géologiquement, avec Jean René Constant Quoy, in Annales des sciences naturelles, Crochard, 1825
Voyage en Islande et au Groënland exécuté pendant les années 1835 et 1836 sur la corvette La Recherche, commandée par M. Tréhouart, dans le but de découvrir les traces de La Lilloise, 7 vol., Bertrand, Paris 1838-1852[Note 2]
Du Choléra morbus en Russie, en Prusse et en Autriche, pendant les années 1831 et 1832, avec Auguste Gérardin, 1832
Voyage de la corvette l'Astrolabe, exécuté par Ordre du Roi, pendant les années 1826 - 1827 - 1828 - 1829, sous le commandement de M.- J. Dumont d'Urville, capitaine de Vaisseau, Tastu, Paris 1830-1834 (avec Dumont d'Urville)
Sur l'Islande, le Groenland, et les pays scandinaves, extrait des questions de l'Académie des sciences morales et politiques, in Revue du Nord no 9, 1837
Lettre sur le voyage ordonné par le Roi en Scandinavie, en Laponie et au Spitzberg, adressée à M. le baron Berzelius, A. Bertrand, 1838
Du Spitzberg, souvenirs d'un voyage à Bell-Sound et à Magdalena-Bay, extrait de la France maritime, Pilout, 1839
Voyage en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Feroë pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette La Recherche, commandée par M. Fabvre, Paris, Arthus Bertrand, 1852, (direction).
Voyage de la Commission scientifique du Nord en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Féroé pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette La Recherche, 17 vol. et 5 vol. d'atlas, 1843-1855
Direction éditoriale
Géologie, minéralogie, métallurgie et chimie, de Joseph Durocher, A. Bertrand, 1843
Magnétisme terrestre de Victor Lottin, 3 vol, 1843-1850
Numa Broc, Dictionnaire illustré des explorateurs et des grands voyageurs français du XIXe siècle, t. 4, Paris, CTHS, , 406 p. (ISBN978-2-7355-0461-9)
John McCannon, A History of the Arctic: Nature, Exploration and Exploitation, Reaktion books, 2013, p. 129
Galerie
Diverses illustrations du Voyage en Islande et au Groënland exécuté pendant les années 1835 et 1836 (dessins d'Auguste Mayer, Joseph Paul Gaimard et Louis Eugène Robert)
Ile Videy, baie de Reykjavík
Port de Hafnarfjördur
Croix en bois et ecce Homo en albâtre, du temple de Vallanes
Intérieur d'une cabane islandaise, près de Reykjavík
Diverses illustrations du Voyages de la Commission scientifique de Nord (1839)
Cathédrale de Cracovie
Château de Gripsholm
Paysage d'Islande
La Recherche
Notes et références
Notes
↑Le 13 juin 1838, la corvette La Recherche quitte Le Havre pour sa première expédition scientifique dirigée par Joseph Paul Gaimard (1796-1858). Des scientifiques et des artistes français et scandinaves vont étudier jusqu’en 1840, les mers et côtes nordiques (géologie, botanique, biologie marine, astronomie, magnétisme terrestre et aurore boréale comme les langues, l'histoire des civilisations et l’anthropologie).
↑L'ouvrage comprend aussi les relations de Robert et de Méquet.
Références
↑ a et bAdrien Jarry de Mancy, Notice sur Paul Gaimard : extrait des portraits et histoire des hommes utiles, Bureau de la Société Montyon, 1837, p. 194