Peintre de tableaux de genre, de paysages animés ou non, de natures mortes, il a réalisé aussi quelques fresques et des sculptures. Ses œuvres sont conservées dans plusieurs musées nationaux et provinciaux.
Émile Laboureur est issu d'une famille de la bourgeoisie locale de Nantes[2]. Fils d'Émile Laboureur et de Marie-Anne Pauline Grandjouan, il est cousin du peintre Jules Grandjouan[3]. Il part étudier à Paris en 1895. Il s'inscrit en faculté de droit, selon la volonté de son père, mais ne s'y plait pas et s'inscrit en lettres[4].
Il part voyager en Europe et en Amérique du Nord. Il va d'abord en Allemagne où il visite les musées (1899-1903[5]), puis aux États-Unis en 1904, où il adopte le prénom de « Jean-Émile »[5], puis de nouveau en Amérique du Nord où il séjourne et expose à plusieurs reprises de 1905 à 1909, aux États-Unis et au Canada. Il voyage ensuite en Grande-Bretagne, en Italie, en Grèce et en Turquie en 1911[8].
Rôle dans l'art moderne, enseignement de la gravure
Laboureur expose à Paris à partir de 1911 et s'y fixe en 1912. Il utilise alors moins le bois gravé et préfère l'eau-forte. Son dessin se rapproche du cubisme vers 1912-1913. Son rôle est jugé « considérable dans le grand mouvement de l'art moderne »[7]. Mobilisé en 1914, il continue cependant à créer, il compose trois suites de gravures sur le thème de la guerre, et s'inspire de son vécu pour d'autres œuvres ultérieures[9],[3].
Il expérimente la technique du burin pour l'illustration de L'Appartement des jeunes filles de Roger Allard en 1919. C'est le premier d'une longue série de soixante-six livres illustrés[3]. Il collabore aussi à des revues comme la Gazette du Bon Ton, La Revue musicale. Dans son atelier parisien, Laboureur enseigne l'art de la gravure à des élèves comme Marie Laurencin[5] et André Dunoyer de Segonzac. Plus anecdotique mais de qualité et marqué de son style, il réalise un important travail d'illustration de commande pour le Catalogue Manufrance au début des années 1930 (illustrations signées du "L" caractéristique) ; puisque à l'époque ce catalogue est illustré par la gravure.
Il initie le peintre Victor Dupont (1873-1941) à la gravure au début des années 1920, et fonde avec lui le Salon de l'Art Français (1929-1932)[10].
Il épouse, le , Suzanne Salières, fille de Jean-Baptiste Salières et de Marie-Antoinette Le Priom, sœur de Jeanne Gavy-Bélédin[5].
Selon Anne Lombardini, il atteint alors « le sommet de son art »[14]. Pendant l'entre-deux-guerres, en moins de vingt ans, il aura illustré près de soixante-dix livres, sans compter les frontispices. Il continue par ailleurs de créer des planches individuelles et organise plusieurs expositions[3].
Il travaille essentiellement à Paris, mais passe chaque année plusieurs mois au Croisic où il a acheté une maison en 1915[5]. Il y dessine un paysage breton pour un timbre gravé par Jean Antonin Delzers et émis en 1935 pour une valeur faciale de 2 francs.
De 1928 à 1937, Laboureur écrit plusieurs ouvrages et articles sur la gravure et l'approche qu'il en a. Il établit aussi le catalogue de l'œuvre gravé de Marie Laurencin[9].
1 728 gravures, dont 74 séries de gravures ou dessins pour livres illustrés[17].
Ouvrages illustrés
Par ordre chronologique :
Images de l'arrière, suite de dix bois originaux et inédits, dessinés et gravés par Monsieur J.-E. Laboureur, Paris, La Belle Édition, 1919, lire en ligne sur Gallica.
Colette, L'Envers du Music Hall, trente gravures sur cuivre en taille-douce, Paris, Au sans pareil, 1926.
Nina Toye, A. H. Adair, Philibert Le Huby, Petits et grands verres. Choix des meilleures recettes de cocktails, vignettes, Au sans pareil, 1927, lire en ligne sur Gallica.
Les Avantures satyriques de Florinde, habitant de la Basse Région de la Lune, publiées d'après l'exemplaire de 1625 et décorées d'eaux-fortes par J.-E. Laboureur, Paris, impr. Jacoub et Cie, 1928, lire en ligne sur Gallica.
Tristan Derème, L'Enlèvement sans clair de lune, ou Les propos et les amours de M. Théodore Decalandre, Paris, Les Bibliophiles de l'automobile club de France, 1931, lire en ligne sur Gallica.
Comtesse de Noailles, L'Ombre des jours, précédé du discours de Madame Colette à l’académie royale de Belgique en l’honneur de Mme de Noailles, Paris, Société du livre d’art, 1938.
Jean Émile Laboureur, Considérations sur la gravure originale, burins de décorations d'Émile-Henry Tilmans, cent quinze exemplaires numérotés, Bruxelles, La gravure originale belge, 1928[18].
Collections publiques
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques : plusieurs dessins.
↑Yann Gobert-Sergent, « Le peintre Victor Dupont (1873-1941) - Un Boulonnais parmi les Fauves », in Bulletin de la Commission départementale d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais, Arras, tome 19, octobre 2012, p. 55 à 77.
Jean-Émile Laboureur, illustrateur, coédition Ville de Nantes et Éditions MeMo, 1996.
Sylvain Laboureur, Catalogue complet de l'œuvre de Jean-Émile Laboureur, Neuchâtel, Ides et calendes, 1989-1991. (Tome 1, Gravures et lithographies individuelles ; Tome 2, Livres illustrés ; Tome 3, Peintures, aquarelles et gouaches ; Tome 4, Documentation).
« Laboureur, Jean Émile », dans Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, t. 9, Paris, Gründ, , p. 119.
Anne Lombardini, J.É. Laboureur, vie et œuvre gravé, L'Équerre, .
« Laboureur, Jean-Émile », dans David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Presses Université Laval, (ISBN9782763772356 et 2763772358, lire en ligne), p. 437-438.
« Jean Émile Laboureur », dans Jean-Loup Avril, 1000 Bretons, dictionnaire biographique, Les Portes du large, 2002, p. 228.
Louis Godefroy, L'œuvre gravé de Jean-Émile Laboureur, 1929.
Dr Lucien-Graux, Éloge de J.-É. Laboureur, Paris, Daragnès, (lire en ligne) – Orné de gravures originales.
(en) A Salute to Marcel Boulestin and Jean-Emile Laboureur, Londres, Michael Parkin, 1981 (ISBN0330269496 et 9780330269490).
Laurent Delpire, Jean-Émile Laboureur : entre terre et mer, harmonies gravées en presqu’île, Ville du Croisic - Exposition du 29 juin au 9 septembre 2018, .
Philippe Le Stum, La Gravure sur Bois en Bretagne, 1850-2000, Spézet, Coop Breizh, , 319 p. (ISBN9782843468216)