Joseph-Albert-Alexandre Glatigny, dit « Albert Glatigny », né à Lillebonne le et mort à Sèvres le , est un poète, écrivain, comédien et dramaturge français. En 1917, il a reçu, à titre posthume, le prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
Fils d’un ouvrier charpentier nommé gendarme à Bernay en 1844, Glatigny y est placé comme boursier au collège de la ville. Il en sort pour entrer dans une étude d’huissier, puis comme expéditionnaire au greffe du tribunal de commerce. Il s’en échappe presque aussitôt pour gagner Pont-Audemer, où il trouve une place d’apprenti typographe.
Il compose en quatre jours son premier drame en trois actes et en vers, les Bourgeois de Pont-Audemer au dix-septième siècle pour le théâtre de la ville. Engagé à dix-sept ans dans une troupe de comédiens qui passent par Pont-Audemer, il se met à courir la province avec eux, composant dans une cour d’hôtel de Falaise un nouveau drame en vers sur Guillaume le Conquérant.
Il visite Nevers, Épinal, Belfort, Paris, Bruxelles, avant de finir par rencontrer, à Alençon, l’éditeur de Baudelaire, Poulet-Malassis, qui lui fait connaître les Odes funambulesques de Théodore de Banville. C’est une révélation. Quelques mois plus tard, il publie les Vignes folles (1860), où l’influence de ce maître est particulièrement sensible.
Glatigny n’a cependant pas renoncé à sa vie errante et il court, seul ou avec sa troupe, les principales villes de province : Nancy, où il écrit, pour l’ouverture du théâtre, un prologue en un acte, en vers, l’Ombre de Callot (1863), Vichy, où il donne au CasinoVers les saules, comédie en un acte, en vers (1864), Bayonne, qui lui inspire successivement un grand drame en trois actes, Pès de Puyanne, et une saynète délicate, le Bois (1868).
Entretemps, Glatigny, qui fait de courtes apparitions dans la capitale, s’y lie avec Catulle Mendès, qui vient de fonder la Revue fantaisiste. En 1864, il publie un nouveau recueil de vers, les Flèches d’or. Il revient ensuite au théâtre avec un Prologue pour l’ouverture des Délassements comiques (1867), Le Compliment à Molière (1872), le Singe (1872), l’Illustre Brisacier (1873). Un troisième et dernier recueil de vers, Gilles et Pasquins, paraît de lui en 1872. Ce recueil, joint aux précédents, devait servir à former l’édition complète de ses poésies.
Le 11 février 1871, il épouse à Beaumesnil[1] Emma Dennie (1846-1874)[2].
En 1871, le Journal Officiel de la Commune, édition du soir, 21 avril, publie « Le fer rouge – Aux paysans de l’Eure », un texte où il s'en prenait vivement à l'acceptation par les paysans de la domination cléricale.
Après avoir séjourné plusieurs mois à Bayonne, Glatigny retourne en Île-de-France au début de l'année 1873 et meurt en son domicile, 11 avenue de Bellevue, à Sèvres[3], emporté à l'âge de 33 ans par une maladie de poitrine dont il a peut-être contracté le germe en Corse où, en , un gendarme qui le prenait pour l’assassin Charles Jud, l’avait enfermé pendant plusieurs jours dans une sorte de cachot, à Bocognano[4].
Jacques Chabannes écrit en 1948 : « Je n'ai pas retrouvé la tombe d'Albert Glatigny. Le vieux cimetière de Sèvres a été désaffecté en 1880 et la municipalité réactionnaire, qui avait exigé que le cortège funèbre allât au plus court vers la tombe, dut verser à la fosse commune les restes du poète »[6].
Plusieurs rues en Normandie portent son nom, notamment à Lillebonne et à Rouen[7].
Prologue d'ouverture, dit le par Mlle Jeanne Favre, théâtre de Lunéville, représentations de la troupe du théâtre de Nancy, Nancy, 1863, Texte sur Gallica
Lettres inédites de Albert Glatigny, publiées par Victor Sanson (1932)
Pages retrouvées. Les Héritiers de Scarron, roman comique du XIXe siècle (1940)
Théâtre
L’Ombre de Callot, prologue en vers en 1 acte, Nancy, Théâtre,
Scapin maquereau, drame en deux actes (1863) [ou 1864?], dans Le théâtre érotique de la rue de la Santé : son histoire, Batignolles [Bruxelles] : Poulet-Malassis, 1864-1866, 219 p.
Jean Reymond, Albert Glatigny : la vie - l'homme - le poète. Les origines de l'école parnassienne, Paris, Droz, 1936.
Jacques Chabannes, Glatigny et la Sainte Bohème, Paris, Grasset, 1948.
Gérard Walch, Anthologie des poètes français contemporains : le Parnasse et les écoles postérieures au Parnasse (1866-1906), Paris, C. Delagrave, 1906.
Catulle Mendès, dans La Légende du Parnasse contemporain (Bruxelles, Auguste Brancart, 1884) donne un récit biographique retraçant le parcours d'Albert Glatigny depuis son arrivée à Paris jusqu'à sa mort (pp. 43-85). Il y donne plusieurs de ses poèmes, dont un inédit (Aubade, pp. 70-72), et un récit circonstancié de son arrestation en Corse, ainsi qu'une odelette en vers rédigée dans les derniers temps de sa maladie (pp.80-83), Lettre à Stéphane Mallarmé.
Notes et références
↑Job-Lazare, Albert Glatigny : sa vie, son œuvre, Paris : A. H. Bécus, 1878, p. 124 (lire en ligne).