Il part le , et s'embarque à Marseille avec d'autres confrères (dont son ami Charles de Gorostarzu, futur vicaire apostolique du Yunnan) pour une traversée de quarante jours, en passant par Port-Saïd, Aden, Colombo, Singapour, Saïgon et Hong Kong, puis Shanghai où les jeunes gens passent une semaine à la procure, avant de remonter le fleuve Bleu pendant deux mois. Guébriant arrive à sa mission de Suifu avec deux autres missionnaires à la fin de [4]. Ils sont accueillis par le père Marc Chatagnon. Charles de Guébriant est envoyé étudier le chinois dans la petite ville de Tchao-hoa-Tchen d'environ 3 000 habitants. Il habite une maisonnette de bambous et de terre séchée blanchie à la chaux avec un séminariste chinois pour l'aider.
Quelques mois plus tard, il est lancé à la mission montagnarde de Kuinlin à une vingtaine de kilomètres de Suifu. Il demeure six ans dans ce district de quatre sous-préfectures où il bâtit une église, des écoles et un asile de vieillards d'une quarantaine de lits. Il est nommé ensuite en 1893 par Marc Chatagnon (devenu provicaire) dans le Kientchang (Hiens chang), pays montagneux avec un mélange de populations montagnardes et de Chinois. Il n'y a alors que 300 chrétiens dispersés. Il est aidé d'un confrère[5] qui s'occupe de la partie septentrionale (autour de Mienlin) et lui-même de la partie méridionale, avec un petit dispensaire à Loukou. L'année 1895 est parcourue de troubles sévères à cause de la guerre sino-japonaise et beaucoup de missions sont pillées et certains missionnaires emprisonnés. Charles de Guébriant doit se réfugier dans le Yunnan pendant un long moment avant de regagner son poste.
En 1898, il est nommé provicaire de toute la mission avec résidence à la préfecture de Yatchéou. Il se rend à la demande de son supérieur à Pékin pour obtenir des réparations à la suite des troubles précédents, sans véritable résultat. Il se rend aussi à Shanghai où il apprend l'anglais, puis au Japon, afin d'y étudier la gestion des missions. À peine regagne-t-il sa mission qu'éclate la révolte des Boxers. En , il s'embarque pour la France comme secrétaire de Alphonse Favier qui va y plaider la cause des missions de Chine, fort éprouvées. Il est de retour à Suifu, au bord du fleuve Bleu, au milieu de l'année 1901 et missionne autour de Wangtatsui. Il demande l'appui des franciscaines missionnaires de Marie qui arrivent à partir de 1903 pour fonder des écoles et des dispensaires. Au bout de trois ans, il est rappelé dans le Kientchang.
Vicaire apostolique
Il devient vicaire apostolique du Kientchang le et sacré évêque le 20 novembre suivant avec le titre d'évêque titulaire d'Euroea-en-Épire(de), des mains de Célestin Chouvellon, vicaire apostolique de Chungking. Son nouveau diocèse comprend 4 000 chrétiens avec huit missionnaires et trois prêtres chinois. Tout est à créer. Il se décide donc à une nouvelle tournée en France[6] et à Rome pour lever des fonds et appeler de nouvelles collaborations. Il passe par Hanoï au retour assister le à la consécration de Louis Bigolet, mais un télégramme l'informe que le Kientchang est en révolution. C'est l'année en effet où l'Empire chinois s'écroule laissant place à la nouvelle république de Sun Yat-sen. Son confrère, le père Castanet, est massacré avec une vingtaine de chrétiens chinois.
Charles de Guébriant retourne à Ningyuanfu en . Il y fonde un séminaire et relève les ruines. En 1913, le gouvernement français le nomme chevalier de la légion d'honneur. Il ordonne l'année suivante son premier prêtre chinois, Damien Tchen. Son diocèse dispose de 77 écoles catholiques avec 1 800 élèves[7]. Il se fait aider de son provicaire, qu'il a formé comme jeune missionnaire, Joseph Bourgain, qui lui succédera plus tard.
Le , il est transféré comme vicaire apostolique de Canton, dont le territoire compte une population de 15 millions d'habitants dont 35 000 chrétiens, 42 missionnaires français et 15 prêtres chinois[8].
Il obtient le partage de cet immense territoire en quatre nouvelles missions[réf. nécessaire][Quand ?] : l'ouest autour de Pakhoi est confié aux Missions étrangères de Paris ; le nord-ouest avec le vicariat de Shiuchow est confié aux salésiens italiens ; le sud aux missionnaires américains de Maryknoll à partir de Kongmoon et enfin le vicariat de Canton se retrouve réduit à une population de 5 millions d'habitants pour moins de 20 000 chrétiens. Charles de Guébriant fait prospérer de nouvelles œuvres dont le collège du Sacré-Cœur avec 350 garçons, des asiles de vieillards dirigés par les Petites Sœurs des pauvres et toute sorte d'œuvres des sœurs canadiennes de l'Immaculée-Conception, etc.
Charles de Guébriant est nommé visiteur apostolique de l'Église de Chine (1919) et de Sibérie (1920)[9]. il se rend à Rome en 1920 pour rendre compte de ses visites et retourne par le Canada, où il visite entre autres les Sœurs de l'Immaculée-Conception.
Au cours de ses visites, il réalisa trente-sept missions aux Indes, en Indochine, en Chine, en Corée et au Japon jusqu'en 1921.
Supérieur général des Missions étrangères de Paris
L'année 1925 est celle de l'exposition missionnaire au Vatican à laquelle il se rend. Il est reçu en audience par le pape Pie XI, le « pape des Missions ». Le , il assiste à la cérémonie de béatification des martyrs de Corée mis à mort pour leur foi en 1839 et 1846. Il est embrassé par Pie XI qui déclare qu'il « embrasse en sa personne toute la Société dont il est le supérieur. »[11].
Cette même année a lieu rue du Bac la deuxième assemblée générale des supérieurs et délégués des Missions étrangères avec vingt-six évêques et douze missionnaires, pendant deux semaines. Charles de Guébriant est réélu, ainsi que ses deux assistants. Le , il reçoit rue du Bac le cardinal Van Rossum, préfet de la Sacrée Congrégation de la Propagande de la Foi.
Charles de Guébriant meurt rue du Bac le . Les funérailles sont célébrées à Notre-Dame de Paris par le cardinal Verdier en présence d'une foule de dignitaires ecclésiastiques et civils, ainsi que par des familiers des Missions étrangères et de simples parisiens. Il est enterré chez lui à Saint-Pol-de-Léon.
Il fut, en tant que conseiller de Pie XI, supérieur général des Missions étrangères de Paris, et ancien vicaire apostolique de Canton, à l'origine de la nomination des premiers évêques chinois par le pape en 1926, initiative partagée avec Celso Costantini[13].
↑Mgr de Guébriant archevêque de Marcianopolis, op. cité, p. 16
↑D'abord le jeune père Usureau, mais il meurt de fièvre typhoïde quelques mois plus tard en soignant le père de Guébriant et il est remplacé par le père Burnichon [réf. nécessaire]
↑Il en profite pour passer dans son berceau natal et bénit la mer le 15 août à Plougasnou en présence d'une belle foule[réf. nécessaire].
↑Mgr de Guébriant archevêque de Marcianopolis, op. cité, p. 34