Son père, Jacques Lechevallier, est architecte, aquarelliste et pastelliste[4], Jean-Yves Lechevallier grandit donc entouré de plans, d'esquisses et de maquettes. Lors d'un voyage de vacances en famille aux Baux-de-Provence, il récupère une pierre triangulaire utilisée pour caler la voiture ; après l'avoir rapportée à Rouen, il entreprend de la façonner. Quelques années plus tard en 1966, un architecte urbaniste ami de la famille, Robert Louard[5],[6],[7] demande au jeune homme de recréer cette première sculpture (la considérant comme un prototype), pour l'installer dans le nouveau quartier de logements dont il a la responsabilité sur l'île Lacroix à Rouen. C'est sa première commande officielle, il a 20 ans, et la sculpture porte le nom Voile, évoquant la voile d'un bateau. Sculpteur précoce, en 1961, à l'âge de 15 ans, il a présenté sa première exposition de sculptures animalières en pierre de Provence selon la technique de la taille directe à la galerie Prigent de Rouen[8].
Jean-Yves Lechevallier est influencé par les réflexions du sculpteur et poète Jean Arp autour des notions de Nature et Sculpture[10].
Ses œuvres sont très variées en termes de matériaux, de composition et de style (bas relief, haut relief, statuaire et caryatides, pièces monumentales). Il utilise les bois exotiques, la pierre et le marbre, les métaux : cuivre, fonte d'aluminium, bronze, acier inoxydable, le béton naturel simple ou avec inclusion de fibres (cridofibre, matériau dont il demande la mise au point au fabricant)[11], et enfin le polyester.
Certaines de ses œuvres sont classiques sans académisme, d'autres allient des matériaux a priori antagonistes mais se valorisant réciproquement[12].
Pendant les années de reconstruction, par la voie du 1 % artistique et grâce à la politique culturelle française, il participe aux nombreux concours organisés par l'État et les municipalités, ces œuvres de commande s'inscrivent dans le paysage architectural des villes, dans les lieux publics ; les jardins, les écoles, les casernes, les cités. Une de ses œuvres apparait d'ailleurs, pour anecdote, comme point de rendez-vous des protagonistes dans le film d'Alain Resnais[13], On connaît la chanson (2007), dont un des propos sous-jacents est une réflexion sur l'intégration de l'architecture de la deuxième moitié du XXe siècle au paysage urbain historique de Paris.
Sa préférence va aux œuvres monumentales en plein air, comme le dit Corinne Schuler : « By forcing art into confined spaces, you lose so much(…) of its beauty », trad. : « en forçant l'art dans des espaces confinés, on perd tellement de sa beauté »[14].
La sculpture Point d'orgue (1992) accrochée aux rochers, à l'entrée du tunnel de Monaco, dont les surfaces convexes en acier poli se colorent et reflètent les nuances et les teintes changeantes, tendres ou violentes, de l'aube au crépuscule jusqu'à la nuit est une œuvre qui s'anime et participe de l'environnement, du paysage, de la nature.
La Croix des Gardes, de conception très pure, se dresse et scintille au sommet de la colline surplombant la Méditerranée, appartenant ainsi à la tradition des constructions symboliques en altitude dominant de larges horizons.
Une autre de ses prédilections va aux fontaines. Pierre Boulez lui rend d'ailleurs hommage pour la réalisation de la fontaine Cristaux dans un de ses entretiens télévisés sur Béla Bartók en 82[17].
Sa trajectoire créative explore et développe différents styles, ainsi après la série Humakos, (cinq œuvres) dont Humakos V deux fois primée ; il passe à une exploration différente le temps d'une autre série, mais il reviendra à une série antérieure après maturation de plusieurs années ; puisant ainsi l'inspiration dans sa propre création dans un mouvement de spirale et de ressort s'apparentant au processus hégélien. Ainsi, Spirale à Saint-Tropez, inaugurée en 2007 n'est pas sans filiation avec Polypores à Paris, 1983, ou Concrétion à Théoule-sur-Mer en 1987[réf. nécessaire].
Citations
« La fontaine Béla Bartók de Lechevallier (...) évoque des cristaux de quartz géants émergeant du sol entre lesquels s'élancent des jets d'eau. Cette sculpture est exceptionnelle de rigueur et pureté géométrique ». Xavier de Buyer dans Fontaines de Paris.
Plus discrètes sont les œuvres commandées par différentes entreprises des secteurs de l'industrie privée ou d'État, en France pour l'École des Mines de Sophia Antipolis grâce à Pierre Laffitte et aussi à l'étranger[30].
D'autres sont encore plus confidentielles et appartiennent à des collections privées (Lincolnville) aux États-Unis, en France et à Monaco.
Galerie
Point d'Orgue Monaco
La lutte des élements, Le Chesnay
Fontaine Fleurs d'eau, Rouen
Sculpture Humakos V, Peymeinade,
Fontaine Fungia, Draguignan
La Fontaine des Polypores, Paris
Expositions, salons et prix
Une sélection :
Musée d'art moderne de la Fondation Enzo Pagani à Castellanza (Va) en Italie. 1973
Musée municipal de Mougins. 1993 (Sculptures, peintures et pastels)
Chapelle Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jeannet. (Galerie Quadrige). 1995
↑ Sur la borne placée auprès du monument on peut lire: «La "Flamme de l'Europe" de Jean Yves Lechevallier a été inaugurée le 15 octobre 1977 par M. Alain Poher Président du Sénat en présence de S.A.I.R Otto de Habsbourg-Lorraine ; M. Joseph Schaff, Maire de Montigny-lès-Metz étant Président de l'association "Robert Schuman Pour L'Europe" à l'origine de cette réalisation.
Le comité pour l'érection de la Flamme de l'Europe était présidé par MM. Jean Monnet, Premier citoyen d'honneur de l'Europe, Alain Poher et Georges Spinale, ancien président du Parlement européen»
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des Arts plastiques modernes et contemporains, fiche 3593.
Catalogue de l'exposition Fujisankei Biennale organisée par le Hakone Open Air Museum (Utsukushi-Ga-Hara) Japon, 1993, page 104.
« Jean-Yves Lechevalier », dans Sentiers de la sculpture (Catalogue de l'exposition), (lire en ligne), p. 15.
Fontaines de Paris, éditions Diffusion Vilo, 1987, X. Buyer et F. Bibal. (1987), page 135 (ISBN2-905-547-04-9)
Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN2-905-118-80-6), p. 266, 307 et 308.