Il participe ensuite aux combats de la campagne de Tunisie avec la « Force L », et y reçoit deux citations. Il se distingue lors des combats d' au Djebel Fadloun, ce qui lui vaut une première citation. Au Ksar Rhilane, les Allemands essayent de contourner la « Ligne Mareth » ; le général Leclerc le charge de résister face à cette tentative ennemie. Savelli prend alors le commandement des postes avancés pour résister et défendre la position. La réussite de cette mission prouve son efficacité et ses talents militaires, et lui vaut une deuxième citation[1].
Après la guerre, Horace Savelli, ingénieur agronome de formation, s'établit comme exploitant agricole à la Chapelle-sur-Erdre, en Loire-Inférieure, où se trouve le château de la Gascherie appartenant à sa famille. Il est le maire de la localité, de 1945 à 1963. Il préside une importante coopérative agricole et s'efforce de généraliser les techniques modernes[1].
Lieutenant-colonel de réserve, il préside l'Amicale départementale des anciens de la 2e DB[1]. Vice-Président de l'Union nationale des combattants de Loire-Atlantique en 1945, il accède ensuite à la présidence. Vice-président de l'Union nationale des combattants, il succède le à Alexis Thomas à la présidence nationale de cette association d'anciens combattants, marquée à droite et favorable à l'Algérie française. Il n'occupe cette fonction que quelques semaines, du fait de son arrestation en mars.
La guerre d'Algérie, l'OAS et la prison
Horace Savelli n'a pas été un officier des FFL inconditionnel du général de Gaulle et n'a pas caché ses opinions Algérie française[6]. Il est arrêté en , soupçonné d'être le chef de la 3e région de l'OAS-Métro dans l'Ouest, sous le pseudonyme de Marceau, ce qu'il finit par reconnaître[7]. Le réseau OAS de l'Ouest, constitué essentiellement de militaires d'active, instructeurs à l'École militaire interarmes de Coëtquidan, a été découvert après 7 attentats commis le mois précédent, dans le Morbihan, la Mayenne, le Maine-et-Loire et la Vendée, puis à Nantes[8]. Savelli est le 4e compagnon de la libération à avoir rompu avec le général de Gaulle et à s'être engagé dans l'activisme en faveur de l'Algérie française.
Jugé avec d'autres membres de son réseau par le tribunal militaire en septembre, il déclare lors de son procès: « Les hommes ici présents ne se connaissaient pas. Mais ils étaient animés par un patriotisme intransigeant. Ils avaient le sens de l'honneur et l'amour du patriotisme national. Ils savaient l'enjeu de la lutte entre l'Est et l'Ouest et le rôle stratégique de l'Algérie française. (...) Je n'oublie pas la dernière mission qui avait été confiée à mon ancien chef FFL, le général Leclerc: conserver l'Afrique du Nord à la France »[9]. Il est condamné à 13 ans de prison, malgré la plaidoirie de son avocat Albert Naud: « Savelli, c’est l’épopée de la 2e D.B. (...) Lorsqu’il a vu l’abandon de l’Algérie, il a cherché à agir, à être utile, à renouer une tradition. Il l’a renouée parce qu’il avait trop de souvenirs. (...) Il faut savoir comme il a été proche de Leclerc. En prison, il a reçu un magnifique hommage : « Vous avez agi selon votre conscience, vous restez, Colonel Savelli, ancien de la 2ème D.B., lui a écrit Madame la maréchale Leclerc, je vous envoie en souvenir l’une des étoiles de votre patron ». (...) Ces officiers portent leur douleur, leurs espoirs déçus, vous, magistrats, vous la portez votre souffrance, vous officiers juges, vous la portez votre peine, elle est grande. Je vous demande au nom de cette souffrance, au nom des morts, au nom du passé, un verdict d’absolution »[10].
Comme d'autres activistes de l'OAS, il bénéficie le d'une mesure de grâce de la part du général de Gaulle, et est libéré de prison[11].
Aussitôt, il assiste au congrès national de l'Action française[12]. Il figure en 1966, aux côtés d'autres personnalités anticommunistes et antigaullistes, au comité de patronage du comité franco-hongrois pour la célébration du soulèvement hongrois de 1956[13]. En 1975, il fait partie des personnalités qui patronnent le Comité de soutien à l’armée mis en place par le Parti des forces nouvelles[14], contre les comités de soldats d'extrême gauche qui demandaient pour les conscrits et les militaires le droit de se syndiquer. Il adhère par la suite au Front national, jusqu’à son décès[6].
Il bénéficie de la loi de réhabilitation votée au début des années 1980. Le , Jacques Chirac tire un trait définitif sur le passé controversé de Savelli en lui remettant la cravate de commandeur de la Légion d'honneur[15], au cours d’une cérémonie privée à l’Élysée[6].
↑Le Monde, 11 septembre 1962, "Horace Savelli et 34 membres du réseau OAS de l'Ouest comparaitront mardi devant le tribunal militaire": « Bilan: un baraquement d'une colonie de vacances détruit, un autre en piteux état, une école et les bureaux d'un quotidien régional ravagés, d'innombrables portes, vitrines et vitres brisées ; deux personnes légèrement blessées, trois autres sérieusement commotionnées », Ouest-France, 7 septembre 1962, "La IIIe région OAS-Métropole mardi devant le tribunal militare" ( cf. le dossier constitué par l'UNC de Loire-Atlantique )
↑Le Monde, 18 septembre 1962, "Jugement dans l'affaire du réseau O.A.S. de l'Ouest: Savelli et Renault : treize ans de réclusion • Vingt-cinq autres condamnations dont dix avec sursis • Dix acquittements", Ouest-France, 17 septembre 1962, "La IIIe région OAS-Métropole mardi devant le tribunal militaire" ( cf. supra le dossier constitué par l'UNC de Loire-Atlantique )
↑Le Monde, 25 décembre 1965, "Deux cent trois condamnés politiques bénéficient de mesures de clémence prises par le chef de l'État"
↑Le Monde, 19 février 1975, "Soixante-dix appelés ont signé le " contre-appel " des cent ( appel lancé par le sergent Joël Dupuy de Méry ), Collectif, La Désobéissance civile: Approches politique et juridique, Presses Universitaires du Septentrion, 2008, p. 121-122, Jean-Yves Camus, "L’Extrême-droite française et l’insoumission", 17 octobre 2008
Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de l'OAS, Bruxelles Paris, Éd. Complexe, coll. « Questions au XXe siècle » (no 69), , 319 p. (ISBN978-2-87027-542-9, BNF35750144, lire en ligne), p. 96