La plupart des locuteurs du hiw parlent également le bichelamar (la langue véhiculaire du Vanuatu) et le lo-toga, langue des îles voisines, parce que les enfants vont généralement à l’école à Lo[4],[5].
Phonologie
Les conventions orthographiques employées sont présentées dans les tableaux ci-dessous à côté de la prononciation correspondante[6].
La consonne /ɣ/ est prononcée [ɰ] en fin de syllabe.
/g͡ʟ/ est parfois prononcé simplement [ʟ] par les jeunes locuteurs[9]. Historiquement, ce son provient d’un [r] (ce qui explique que ses locuteurs l’écrivent r̄). Le son [r] se trouve d’ailleurs dans certains emprunts récents, tels que perët/pəret/ (« pain », de l’anglais bread) ; cependant, dans des emprunts plus anciens, un r était reflété par /g͡ʟ/ : tatar̄o/tatag͡ʟɔ/ (« prier », du motatataro)[10].
La voyelle /ʉ/ est prononcée [u] après une consonne labio-vélaire ; c’est aussi le cas — optionnellement — de /ə/ dans la syllabe qui précède l’accent tonique[11].
Phonologie
Les syllabes en hiw sont de la forme (C)(C)V(C), c’est-à-dire qu’elles sont toutes constituées d’une voyelle, commencent par deux consonnes au plus et se terminent par une consonne au plus[12].
L'accent tonique frappe régulièrement la dernière voyelle du mot qui n’est pas /ə/. Les seuls cas où un schwa est accentué sont les mots qui ne contiennent que cette voyelle. Dans ces mots, la position de l'accent est imprévisible : n̄eye (« quand ») est accentué sur la première syllabe ([ˈŋəjə]) et veye (« feuille de Pandanus ») sur la deuxième ([βəˈjə]).
Il y a un accent secondaire toutes les deux syllabes : r̄akevar̄en̄wōt (« particulièrement ») est réalisé [ˌɡ͡ʟakəˌβaɡ͡ʟəˈŋʷot][12].
Le hiw, comme quinze autres langues de la région, a perdu les voyelles qui n’étaient pas accentuées ; en contrepartie, un phénomène de métaphonie a augmenté l’inventaire vocalique des cinq voyelles du proto-océanien à neuf voyelles[13]. Ceci a conduit à donner des groupes de consonnes inhabituels au début de certains mots tels que vti/βti/ (« étoile ») ou wni (« fruit »). Cependant, dans certains cas, pour éviter des mots trop difficiles à prononcer, il y a eu une métathèse ou l’insertion d’un schwa : myok (« mes mains » ; /mjɔk/ et non */jmɔk/), n̄wetōy (« court » ; /ŋʷətoj/ et non */ŋʷtoj/)[14].
Comme son voisin le lo-toga, le hiw a développé un système riche de nombre verbal, consistant à modifier le radical du verbe en fonction du nombre de son sujet (ou de son actant absolutif)[16]. Par exemple, l'action de “tomber” est un verbe sō pour un sujet singulier, iw pour un sujet pluriel; “jeter” est wötog pour un patient singulier, mais tr̄og pour un patient pluriel.
Le hiw possède trente-trois paires de verbes concernés par cette alternance, le plus grand nombre observé dans le monde[17].
(en) Alexandre François, « Verbal aspect and personal pronouns: The history of aorist markers in north Vanuatu », dans Andrew Pawley, Alexander Adelaar, Austronesian historical linguistics and culture history: a festschrift for Robert Blust, Canberra, Pacific Linguistics, (lire en ligne), p. 179-195
(en) Alexandre François, « Pragmatic demotion and clause dependency: On two atypical subordinating strategies in Lo-Toga and Hiw (Torres, Vanuatu) », dans Isabelle Bril, Clause hierarchy and Clause linking: the Syntax and pragmatics interface, Amsterdam, New York, Benjamins, (lire en ligne), p. 499–548
(en) Alexandre François, « Verbal number in Lo–Toga and Hiw: The emergence of a lexical paradigm », Transactions of the Philological Society, vol. 117, no 3, , p. 338–371 (DOI10.1111/1467-968X.12168, lire en ligne)