Le Grand Prix d'Espagne (Gran Premio de España) est une manche du championnat du monde de Formule 1, courue habituellement sur le circuit de Catalogne, à Montmeló, à 20 kilomètres de Barcelone, en Espagne. À partir de 2026, il se disputera sur un nouveau circuit à Madrid.
Histoire
Le se dispute le premier Championnat automobile d'Espagne, sur 120 kilomètres. Les tribunes sont alors recouvertes d'un large velum pour lutter contre le soleil, ainsi que le tronçon de piste en contrebas[1].
Le tout premier Grand Prix d'Espagne de juin 1913 n'a pas été couru selon la formule des grands prix d'aujourd'hui, mais selon les règles des courses de voiture de tourisme, sur un circuit de 300 km se trouvant à Guadarrama, près de Madrid, sur la route de Valladolid par une chaleur écrasante. Les Rolls-Royce de Salamanca et Platford arrivent première et troisième à l'issue du parcours, en présence du roi Alphonse XIII (troisième la Lorraine-Dietrich conduite par le français d'Avaray, quatrième une Panhard et Levassor).
Mais des courses de sport mécanique avaient eu lieu en Espagne avant cela, les éléments les plus importants étant la coupe Catalane de 1908 et 1909, sur les routes de Sitges près de Barcelone. Ces deux événements sont remportés par Jules Goux, établissant ainsi une forte tradition de course en Catalogne, qui a perduré jusqu'à aujourd'hui. L'enthousiasme et l'engouement pour les courses automobiles conduit à la construction d'un circuit permanent à Sitges, en forme ovale et long de 2 km, plus connu sous le nom de Sitges-Terramar, et qui est le théâtre du premier Grand Prix d'Espagne en 1923.
L'Espagne ne réintègre pas le calendrier international avant 1951, rejoignant ainsi la liste des courses comptant pour le championnat du monde de Formule 1. En 1955, le terrible accident du Mans a des conséquences concernant la sécurité des spectateurs, et le circuit pédestre de Pedralbes est retiré du calendrier officiel.
Dans les années 1960, l'Espagne fait une tentative pour réintégrer le calendrier officiel du championnat du monde de F1. Le Royal Automobile Club d'Espagne commande un nouveau circuit à Jarama, le circuit de Catalogne est transféré au parc Montjuïc à Barcelone. Une course ne comptant pas pour le championnat du monde de F1 a lieu à Jarama en 1967, course remportée par Jim Clark au volant d'une Lotus.
En 1968, le circuit de Jarama accueille le Grand Prix d'Espagne. À la suite de cette course, il est décidé que le Grand Prix d'Espagne de F1 se déroulerait alternativement sur le circuit de Jarama et celui de Montjuïc.
La course de 1975 est marquée par une tragédie. Il y avait eu des soucis au niveau de la sûreté de la piste durant les tours d'essais, et le double vainqueur Emerson Fittipaldi, se retire au bout d'un seul tour. Au 26e tour, la voiture de Rolf Stommelen fait une sortie de route, tuant quatre spectateurs. La course est arrêtée et la victoire est attribuée à Jochen Mass, bien que la moitié des points seulement soient distribués.
Le Grand Prix d'Espagne 1980 est la victime du Conflit FISA-FOCA. Prise à la gorge par les mesures drastiques de la FISA, la FOCA tente de réagir en menant une sorte de guérilla contre Jean-Marie Balestre. Premier point visé : les briefings organisés avant chaque épreuve par la direction de course, et auxquels les pilotes ont désormais l'obligation d'assister. De leur côté, les écuries FOCA demandent à leurs pilotes de boycotter ces réunions obligatoires. Jean Marie Balestre distribue des amendes aux pilotes absents, mais ceux-ci refusent de payer et récidivent lors de l'épreuve suivante. La FISA monte le ton d'un cran, et menace de suspendre les contrevenants. C'est lors du Grand Prix d'Espagne que la situation arrive à sa limite : les trois constructeurs légalistes refusent de prendre le départ si la quinzaine de pilotes absents aux briefings ne sont pas réellement suspendus. Aucun compromis n'étant trouvé, Renault, Ferrari et Alfa Roméo quittent le circuit, immédiatement suivis par les officiels de la FISA. La course a lieu, uniquement avec les écuries FOCA (la victoire reviendra au pilote australien Alan Jones, sur Williams), mais est aussitôt déclarée illégale par la FISA, et retirée du championnat du monde. Dans les semaines qui suivent, tout le monde accepte de mettre de l'eau dans son vin, et l'affaire des briefings boycottés et des amendes non réglées est oubliée. Le championnat 1980 peut donc se poursuivre sans nouvelle perturbation.
Le Grand Prix d'Espagne demeure à Jamara jusqu'en 1981, après quoi il est supprimé du calendrier des épreuves. En 1985, la maire de Jerez commande la construction d'un circuit sur le territoire de sa ville afin de promouvoir le tourisme. Cette piste, le circuit permanent de Jerez, est terminé à temps pour le Grand Prix de 1986, grand prix qui a vu une bataille serrée entre Nigel Mansell et Ayrton Senna, dont les voitures terminent côte à côte. Les commissaires attribuèrent la victoire à Senna au bénéfice de 0.014 seconde, l'un des résultats les plus serrés de l'histoire de la F1.
Le Grand Prix de 1990 est le dernier couru à Jerez, bien que ce grand prix ait été estampillé « Grand Prix d'Europe » en 1994 et 1997. Durant les essais, la voiture de Martin Donnelly est détruite dans une collision à grande vitesse dans un virage, et Donnelly est grièvement blessé. Les travaux sur le circuit de Catalogne étaient en cours, et en 1991, l'épreuve est déplacée sur ce circuit, lieu où elle se déroule toujours.
Avec sa ligne droite de 1 200 m, la plus longue du championnat, des appuis élevés sont donc nécessaires aux monoplaces. Les dépassements sont difficiles, ce qui rend souvent la course monotone et favorise les pilotes bien placés aux essais. Après une légère modification en 2021 (resurfaçage du virage no 10 transformé en courbe rapide), la chicane des virages no 14 et 15 avant la ligne droite des stands est supprimée ; le tracé retrouve ainsi son développement antérieur à 2007, qui correspond à celui du Grand Prix moto de Catalogne.
À partir de 2026, le Grand Prix d'Espagne aura lieu sur un nouveau circuit, à Madrid tracé autour du centre d'expositions IFEMA proche de l'aéroport de Barajas. Il est prévu pour être semi-permamament, c'est-à-dire avec des portions de piste et d'autres empruntant des sections urbaines, pour vingt virages sur 5,47 km. L'accord avec la Formule 1 s'étend jusqu'en 2035[2].
GP d'Espagne 1969 : l'édition est marquée par de nombreux abandons en course. Les pilotes Team LotusGraham Hill et Jochen Rindt sont accidentés au même endroit à quelques secondes d'intervalle à cause de la rupture de leurs ailerons arrière, montés trop haut. Chris Amon semble alors parti pour s'imposer avant d'abandonner à son tour, la victoire revient à Jackie Stewart. Après cette course, les ailerons arrière sont fortement rabaissés.
GP d'Espagne 1974 : dans des conditions climatiques changeantes, Niki Lauda remporte sa première victoire en Formule 1, la première de Ferrari depuis deux ans.
GP d'Espagne 1975 : la dernière course disputée à Montjuic est endeuillée par la mort de cinq spectateurs après l'accident de Rolf Stommelen. Jochen Mass remporte son unique victoire tandis que Lella Lombardi devient la première femme à marquer en Formule 1 (0,5 point).
GP d'Espagne 1976 : James Hunt remporte sa première victoire avec McLaren Racing mais est disqualifié après la course pour cause de monoplace non-conforme. Son écurie fait appel et Hunt récupère sa victoire après quelques mois.
GP d'Espagne 1981 : malgré sa remontée de la douzième à la deuxième place, Jacques Laffite ne réussit pas à dépasser la Ferrari de Gilles Villeneuve, plus rapide en ligne droite grâce à son moteur turbocompressé. Villeneuve remporte sa sixième et dernière victoire en Formule 1.
GP d'Espagne 1986 : Ayrton Senna s'impose au sprint devant Nigel Mansell avec un centième de seconde d'avance : c'est une des arrivées les plus serrées de l'histoire de la Formule 1.
GP d'Espagne 1991 : cinq ans après leur sprint final à Jerez, Ayrton Senna et Nigel Mansell se livrent un nouveau duel en Espagne. Ils restent côte-à-côte pendant toute la longue ligne droite du nouveau circuit de Barcelone ; Mansell prend l'avantage sur Senna et remporte la course.
GP d'Espagne 2001 : Mika Häkkinen entame le dernier tour de la course en tête avec une large avance sur Michael Schumacher quand sa McLaren-Mercedes se met à tourner au ralenti avant de s'arrêter à cause d'un problème d'embrayage, offrant la victoire à Schumacher.
GP d'Espagne 2006 : le champion du monde Fernando Alonso réalise la pole position et devient le premier Espagnol s'imposer à domicile
GP d'Espagne 2016 : Lewis Hamilton part en pole position devant son coéquipier Nico Rosberg qui prend la tête au premier virage. Les deux pilotes Mercedes s'accrochent quelques secondes plus tard entre les virages 3 et 4 et abandonnent. Max Verstappen, qui dispute son premier Grand Prix avec Red Bull Racing, s'impose et devient, à 18 ans et 7 mois, le plus jeune vainqueur de l'histoire de la Formule 1.
Les événements qui ne faisaient pas partie du championnat du monde de Formule 1 sont indiqués par un fond rose ; les évènements qui faisaient partie du championnat d'Europe des pilotes avant guerre sont indiqués par un fond jaune.
Un fond rose indique un événement qui ne faisait pas partie du Championnat du monde de Formule 1. Un fond jaune indique un événement qui faisait partie du championnat d'Europe d'avant la Seconde Guerre mondiale.
↑Pour les années 1924 et 1925, les vainqueurs du Grand Prix de Saint-Sébastien, Henry Segrave sur Sunbeam en 1924 et Albert Divo en 1925 sont parfois reconnus - à tort - comme les vainqueurs du Grand Prix espagnol.