Benjamin Franklin Wedekind, dit Frank Wedekind, né le à Hanovre et mort le à Munich, est un dramaturge et un poète allemand.
Biographie
Apparenté à une ancienne famille comtale (les Wedekind zur Horst), Friedrich Wilhelm Wedekind, le père de Frank Wedekind, est médecin-gynécologue. Il émigre à San Francisco après la révolution de Mars 1848, attiré sans doute par la ruée vers l'or. Il épouse Emilie Kammerer, la fille de l'industriel Jakob Friedrich Kammerer. Le couple aura six enfants, dont Frank.
En 1872, la famille Wedekind s’établit au château de Lenzbourg en Suisse. En 1884, Frank commence par étudier la littérature allemande et française à l'université de Lausanne, mais son père exige qu'il fasse son droit à l'université Louis-et-Maximilien de Munich. Le conflit éclate et Frank quitte l'université pour un poste de rédacteur publicitaire chez Maggi.
Attiré par le monde des saltimbanques, il travaille également pour le Cirque Herzog. En 1888, rentrant dans le rang, il se réinscrit en droit mais cette fois à l'université de Zurich : son père meurt en octobre de cette année-là, lui laissant un patrimoine important, assurant son indépendance financière. Frank va désormais se consacrer à l'écriture[1].
En 1891, il publie L'Éveil du printemps, une « tragédie enfantine » où l'on découvre des adolescents en proie à l'éveil de leur sexualité, un texte relevant à l'époque de la pornographie puisqu'il y décrit plusieurs actes d'autoérotisme, de masturbation collective et évoque sans complexe l'avortement, autant de thèmes considérés alors comme tabous[2].
Il est ensuite à Paris, se lie d'amitié avec Albert Langen et fréquente le milieu de la nuit, assistant aux spectacles joués au Grand-Guignol et à des pantomimes, dont Lulu, tirée d'un « roman clownesque » de Félicien Champsaur et qui lui inspirera La Boîte de Pandore dont une première version est établie dès 1892.
À partir de 1896, il vit une histoire d'amour avec Frida Uhl, la femme d'August Strindberg, dont il aura un fils, Friedrich (1897-1978). Le couple s'installe à Munich.
L'année suivante, il trouve un emploi dans le journal satirique munichois Simplicissimus. En 1899, il se rend à la police allemande et est condamné à sept mois de prison ferme pour « crime de lèse-majesté », ayant écrit et fait publier des poèmes satiriques visant le kaiser : durant son incarcération, il rédige une nouvelle version de sa pièce Mine-Haha.
En 1906, il épouse la comédienne Tilly Newes (1886-1970) dont il aura deux filles, Pamela et Kadidja. Cette même année, Max Reinhardt monte L’Éveil du printemps à Berlin[3].
Également poète et lithographe, son talent de dessinateur est peu connu.
Analyse de son théâtre
Le théâtre de Wedekind conteste dès le départ la société bourgeoise et les tabous sexuels. Il provoque dans un dessein d'émancipation des masses et en usant de nombreux procédés dramatiques, de la farce au vaudeville en passant par le drame et le cirque. Ses provocations lui causent d'incessants problèmes de censure, l'inquiétude des directeurs de théâtre, et des problèmes de budgets. Aussi revint-il vers le cabaret de ses débuts, lieu plus permissif et moins onéreux. Là, il s'attire la sympathie des artistes, souvent irrévérencieux comme lui, tandis que les procès assurent sa notoriété. Il peut ainsi consacrer sa vie au théâtre.
Après une période de répression, il finit par obtenir des autorités une relative liberté d'expression, un privilège implicite accordé à certains dramaturges ayant un comportement décalé, cette forme d'art étant considérée à cette époque et dans ce contexte comme négligeable. Certains observateurs contemporains de Wedekind comprirent que ses provocations et son théâtre parlaient de la société elle-même, faisant émerger la notion de théâtre vivant[4].
Son œuvre annonce l'expressionnisme[5]. Cependant, bien qu'il soit souvent associé à ce mouvement, Wedekind lui-même ne s'y reconnaissait pas, déclarant qu'il en utilisait les techniques avant que ce mouvement existe[6].
↑Roselee Goldberg (trad. de l'anglais), La Performance : Du futurisme à nos jours, Londres/Paris, Thomas & Hudson / L'univers de l'art, 256 p. (ISBN978-2-87811-380-8), Chapitre 3 : Dada, Wedekind à Vienne
↑Roselee Goldberg (trad. de l'anglais), La Performance : Du futurisme à nos jours, Londres/Paris, Thomas & Hudson / L'univers de l'art, 256 p. (ISBN978-2-87811-380-8), Chapitre 3 : Dada, Kokoschka à Vienne
Bertolt Brecht, The Messingkauf Dialogues (Dialoge aus dem Messingkauf), trad. John Willett, in Bertolt Brecht: Plays, Poetry, Londres, Methuen, 1985 (ISBN0-413-38890-5)
Ralph Edzard Wedekind, Wedekind zur Horst, Chronik und Lebensbilder eines niedersächsischen Geschlechts (= Deutsches Familienarchiv. Volume 165), Degener, Insingen, 2022, (ISBN978-3-7686-5214-8).
Artur Kutscher(de), Frank Wedekind: sein Leben und seine Werke. Müller, Munich, 1922–1931.
Anatol Regnier(de), Du auf deinem höchsten Dach – Tilly Wedekind und ihre Töchter. Eine Familienbiographie. Knaus, Munich, 2003, (ISBN3-8135-0223-6).
Alwin Binder(de), Heinrich Richartz, Lyrikanalyse. Anleitung und Demonstration an Gedichten von Benjamin Schmolck, Frank Wedekind und Günter Eich., Scriptor, Francfort-sur-le-Main, 1984, (ISBN3-589-20832-5).