Cette région montagneuse forme une bande discontinue de 62 200 km², parallèle à l'océan Indien jusqu'au cap Guardafui et étagée en altitude depuis la mer jusqu'au massif du Shimbiris, point culminant de la Somalie, qui s'élève à 2 416 m[1]. La chaîne des monts Golis, peu abrupte vers les hauts plateaux du Sud, surplombe presque verticalement la mer dans le Bari ; elle est coupée par une trouée entre Bosaso et Karin(en)[2].
Climat
Malgré la proximité de l'équateur, les vents de mousson, soufflant du sud-ouest de mars à septembre et du nord-est de septembre à mars, induisent des variations saisonnières notables[3]. Le climat est chaud et sec, avec des températures moyennes mensuelles entre 21 et 30°C dans les basses terres et entre 9 et 21°C sur les sommets. Les précipitations tombent principalement en hiver et varient de 200 mm par an dans les basses terres à plus de 650 sur les sommets[1]. Dans le massif des Warsangali et des Majeerteen, à 1 650 m d'altitude, la variation diurne va de 11°5 le matin à 45° à midi ; le régime des moussons amène la pluie sur le versant nord en hiver, sur le versant sud en été[3].
Flore
La flore des hautes terres somaliennes comprend au moins 10 espèces endémiques. Elle compte quelques espèces communes avec la Macaronésie, l'aire méditerranéenne, l'Afromontane et certaines régions arides et semi-arides du Sahara et de la Corne de l'Afrique[4]. La végétation est peu abondante : des arbustes clairsemés dans les hautes terres, des herbacées temporaires à la saison des pluies, principalement le long des oueds et dans les cuvettes[2]. Dans la plus grande partie de la région, le sol calcaire lithique (rendosol) ne retient pas ou peu d'eau après les pluies. Le littoral est presque entièrement dépourvu de végétation. Plus haut, selon l'altitude, les précipitations et la nature du sol, des arbustes des genres Acacia, Commiphora et Boswellia arrivent à subsister. Le long des hauteurs, on trouve des buissons persistants ou semi-persistants de Dracaena ombet, Cadia purpurea, Buxus hildebrandtii et Pistacia aethiopica. Sur les sommets, on trouve des restes de forêts de genévrier avec pour espèces dominantes Juniperus procera, Olea europea, Dodonea viscosa, Cadia purpurea et Sideroxylon mascatense[1]. Les quelques espèces endémiques sont adaptées à des conditions spécifiques : ainsi, Reseda sessilifolia pousse sur des affleurements de gypse. Le genre Renschia(en), limité à une seule espèce, est aussi endémique à la région[5].
Flore
Végétation du mont Daallo, Sanaag, en septembre 2019.
Les conditions naturelles sont peu favorables à l'agriculture et l'économie est largement fondée sur l'élevage nomade. Dans les années 1980, la région de Bari comptait 116 000 nomades avec 4 millions de têtes de bétail mais seulement 24 000 travailleurs agricoles et 11 000 autres actifs, vivant de métiers administratifs ou commerciaux, de la pêche, de la cueillette de l'encens et de la gomme d'Ankotib, de la production de chaux et de charbon de bois[8]. Dans les années 1970-1980, le gouvernement a encouragé la culture du palmier dattier[9].
L'encens tiré d'un arbuste local, Boswellia frereana(en), est employé en parfumerie et dans l'usage médicinal[5].
Les forêts de genévriers sont fortement menacées par le pâturage des chèvres et, dans les hautes terres, des bovins, ainsi que par la coupe incontrôlée du bois à brûler. La seule aire protégée de la région était la réserve forestière de Daloh. Compte tenu de la situation politique, il est probable que sa protection n'est plus assurée[5],[1].
Laurent Chazée, Patrimoine socio-économique et naturel de la région du cap Gardafui, t.2, L'Harmattan, 2017 [1]
Fernand Maurette, « État de nos connaissances sur le nord-est africain », Annales de Géographie, vol. 14, no 76, , p. 339-364 (DOI10.3406/geo.1905.6413, lire en ligne, consulté le )