Foča (en serbecyrilliqueФоча) est une ville et une municipalité de Bosnie-Herzégovine située au sud-est de la république serbe de Bosnie et dans la région de Foča. Selon les premiers résultats du recensement bosnien de 2013, la ville intra muros compte 12 334 habitants et la municipalité 19 811[1].
Géographie
Foča est située sur les bords de la rivière Drina.
Histoire
Histoire ancienne
Au Moyen Âge, l'actuelle Foča, connue sous le nom de Hvoča (Хвоча), est alors un centre commercial sur la route de Raguse (aujourd'hui Dubrovnik) à Constantinople. Comme tout le Gornje Podrinje, ou bassin de la Drina, la ville est sous domination serbe jusqu'en 1376. Ensuite elle passe au Royaume de Bosnie (sous le roi Tvrtko), puis au duché de Hum.
Sous l'Empire ottoman, après la conquête vers 1480, elle est le siège du Sandjak d'Herzégovine(en), de 1483 ou 1485 à 1572, lorsque Pljevlja est choisie comme meilleure place.
La Mosquée Aladža de Foča(en), construite en 1550 (par Ramadan-Aga, formé en Perse, sur financement de Hassan Naziri, superviseur des biens et des finances de l'Etat en Herzégovine), détruite en avril 992, restaurée en 2016-2018, est une des plus importantes de la partie européenne de l'Empire ottoman.
De style «classique», son plan d'étage est presque carré (11,22 m sur 11,30 m). Le dôme, d'un diamètre de 11 m, s'élève au-dessus d'un tambour octogonal, jusqu'à une hauteur au sommet de 19,85 m. Cinq fenêtres ouvrent chacun des trois côtés de la mosquée. La partie avant de la mosquée présente un vestibule avec des arcs pointus soutenus par quatre colonnes de marbre et trois dômes. Le minaret fait 36 m de haut. À l'intérieur de Mihrab-Minbar-Mahvil se trouvait une sculpture islamique en pierre, considérée comme la plus belle des Balkans (Trifunović). La mosquée avait des décorations illustrées, dont une rosette sur le mur nord avec une décoration florale et une peinture murale dans le hall.
XXe siècle
Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les populations serbes subissent les exactions de la part des oustachis croates et des forces musulmanes bosniaques. En retour, les Tchetniks exercent des représailles contre les populations musulmanes d'un niveau de violence analogue : plus de 2 000 hommes sont égorgés à Foča et les femmes musulmanes sont systématiquement violées[2].
Le TPIY détaille le nettoyage organisé à Foča de la façon suivante : après que la municipalité et les localités environnantes sont tombées aux mains des Serbes, l’armée, la police et les formations paramilitaires ont mené une attaque généralisée contre la population civile. En ce sens, les maisons des bosniaques sont systématiquement pillées et brûlées ; les citoyens sont arrêtés, capturés et frappés ou tués ; les hommes et les femmes sont séparés. Une campagne de « terrorisation » de la population civile, en particulier visant les femmes, est mise en place. En ce sens, celles-ci sont violées et torturées de façon systématique[6]. Certaines, dont des filles de seulement 12 ou 13 ans, ont été réduites en esclavage durant des mois dans des maisons privées, où elles ont été brutalement battues et soumises à des violences sexuelles, dont des viols et des viols collectifs[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13].
Le nettoyage ethnique de Foča pratiqué par les Serbes, a causé 1 707 personnes tuées ou disparues, dont 1513 civils bosniaques et 155 civils serbes. Treize mosquées sont détruites, et 22 500 musulmans se réfugiés à Rožaje (Monténégro)[réf. nécessaire].
En 1994, sur décision de l'Assemblée de la république serbe de Bosnie, le nom a été changé en Srbinje (zone serbe). Ce nom a perduré jusqu'au 2004 lorsque la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a déclaré le changement inconstitutionnel.[réf. nécessaire]
XXIe siècle
Environ 300 Serbes de Bosnie de Foca ont empêché des membres de l'Association «Femmes - victimes de la guerre» de sortir une plaque commémorative sur le bâtiment «Partisan» à Foca, où des femmes bosniaques ont été détenues capturées et violées au début de la guerre. La population serbe locale et les représentants de l'Association des prisonniers de guerre de RS ont opposé une résistance. Impossible de s'approcher du bâtiment, l'association a laissé la plaque à l'endroit le plus proche. Cependant, des représentants de l'Association des prisonniers de guerre de RS ont emporté la plaque avec eux, déclarant qu'ils la renverraient par la poste[14].
↑(bs) « NP Sutjeska », sur pdbjelasnica.ba (consulté le ).
↑Judy Dempsey, « Le conflit serbo-croate et la Bosnie-Herzégovine », Politique étrangère, vol. 57, no 2, , p. 269–279 (DOI10.3406/polit.1992.4119, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(bs + hr + sr) « Composition nationale de la population - Résultats de la République par municipalités et localités », Bulletin statistique, Sarajevo, Publication de l'Institut national de statistique de Bosnie-Herzégovine, no 234, .
↑(sr) « Population 1991 », sur pop-stat.mashke.org (consulté le ).