Flavius Mithridate, né probablement Samuel ben Nissim Abulfaraj en 1445 à Caltabellotta en Sicile dans une famille juive, converti ensuite au catholicisme sous le nom de Guillermo Raimondi di Moncada, ou Guglielmo di Sicilia (Guilelmus Siculus), et mort en 1489, est un érudit, traducteur, humaniste et orientaliste italien de la Renaissance, représentant de la kabbale.
Il jouit ensuite de puissants appuis, y compris financiers, en Sicile, et y obtint plusieurs bénéfices ecclésiastiques importants. Il fit des études à Catane, Messine, puis Naples. Il se rendit vers 1474 à la cour de Jean II d'Aragon à Barcelone et y disputa contre des rabbins.
Flavius Mithridate, qui est son pseudonyme antiquisant d'humaniste[4], est principalement l'auteur de traductions de l'hébreu ou de l'arabe au latin, mais ces traductions sont complétées de nombreux commentaires et remarques apportant des informations, y compris autobiographiques. Il traduisit en partie le Coran pour Frédéric de Montefeltro, et pour Pic de la Mirandole le commentaire de la Torah de Menahem Recanati, le commentaire du Cantique des cantiques de Gersonide, un traité sur la résurrection de Maïmonide, des traités cabbalistiques d'Abraham Aboulafia, le Nefesh ha-Hakamah de Moïse de Léon, et des textes anonymes comme le Sefer ha-Bahir. Cette « bibliothèque kabbalistique » en latin couvre 3 500 pages manuscrites de littérature kabbalistique. On trouve dans ses remarques personnelles des informations sur les personnages illustres qu'il a fréquentés, notamment les papes Sixte IV et Innocent VIII et Pic de la Mirandole. Il est également l'auteur d'un traité grammatical sur l'hébreu en latin, le De tropis hebraicis.
Identités
Certains érudits ont pensé, mais sans preuve suffisante, que Flavius Mithridate serait le cabaliste et philosophe humaniste Yohanan ben Isaac Alemanno (1435-1505), contemporain et associé de Pic de la Mirandole, à qui il enseigna dès la fin des années 1480, et dont la rencontre est à la source de la création de la kabbale chrétienne, selon Charles Mopsik[5]
Naomi Seidman note la « prolifération d'identités » de Mithridate, énumérant les éléments suivants : Gugielmo Raimondo Moncada, Flavius Mithridate, Sicile, Romain, Chaldée, Samuel ben Nissim ibn Faraj, YHWH (tétragramme que Mithridate a revendiqué sur la base de la guematria kabbalistique)[6].
Édition
Chaïm Wirszubski (éd.), Flavius Mithridates. Sermo de Passione Domini, Jérusalem, Israël Academy of Sciences and Humanities, 1963.
Saverio Campanini (ed.), The Book of Bahir. Flavius Mithridates' Latin Translation, the Hebrew Text, and an English Version, with a Foreword by G. Busi, "The Kabbalistic Library of Giovanni Pico della Mirandola" - 2, Nino Aragno Editore, Torino 2005.
Saverio Campanini (éd.), Four Short Kabbalistic Treatises, "The Kabbalistic Library of Giovanni Pico della Mirandola" 6, Fondazione Palazzo Bondoni Pastorio, Castiglione delle Stiviere, 2019.
↑(la) Raffaele Starrabba, Richerche storiche su Guglielmo Raimondo Moncada ebreo convertito siciliano del secolo XV, Virzì, (lire en ligne)
↑Chaïm Wirszubski, Pic de la Mirandole et la Cabale, L’Eclat, 2007, p. 173
↑Flavius Mithridate portait le nom de Guillermo Raimondi di Moncada après sa conversion au catholicisme. D'après l'article de la Jewish Encyclopedia de 1901-06 qui lui est consacré, son nom juif n'est pas connu, mais beaucoup de travaux modernes lui attribuent celui de Samuel ben Nissim Abulfaraj