Juridiquement, la discipline des finances publiques est une branche du droit public qui étudie les processus de gestion de l'argent public, désigné aussi par l'expression de deniers publics, y compris le passage de l'argent public aux finances privées (des entreprises, des ménages, des associations), dans les deux sens. Cette discipline est enseignée dans les facultés de droit, les instituts d'études politiques et les écoles de la fonction publique ; elle figure souvent aux programmes des concours d'entrée dans les écoles de la fonction publique.
Panorama et ordres de grandeur
Les « administrations publiques » françaises sont denses et composées de multiples entités au statut juridique et régime budgétaire différents[1].
l’État, dirigé par le Gouvernement et composé d'une part de structures nationales et échelons déconcentrés, et d'autre part d'établissements publics qui disposent de leur propre conseil d’administration et budget.
les administrations de Sécurité sociale, avec les différents régimes et caisses, pouvant être de droit privé mais dont l’adhésion et la cotisation sont obligatoires.
Le tableau ci dessous présente de manière très simplifiée les finances publiques françaises, selon la répartition retenue par l’INSEE et plus généralement par le système européen de comptabilité, et qui est indépendante des statuts juridiques.
Personnel non enseignant des écoles, collèges et lycées, formation professionnelle, aménagement, transports en commun …
Les finances publiques dans leur ensemble représentent 1318 milliards d’euros de recette, et 1259 de dépense, soit 56 % du PIB[7]. Ce taux est le plus élevé parmi les pays de l’OCDE[8].
1996 : Ajout dans l’article 34 de la Constitution de la phrase « Les loi de financement de la sécurité sociale déterminent les conditions générales de son équilibre financier et, compte tenu de leurs prévisions de recettes, fixent ses objectifs de dépenses »[10],[11].
2003 : article 72-2 de la Constitution : « Les collectivités territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement […] Elles peuvent recevoir tout ou partie du produit des impositions de toutes natures. La loi peut les autoriser à en fixer l’assiette et le taux […] »[13].
2005 : Loi organique relative aux lois de financement de la sécurité sociale[14].
2008 : Ajout dans l’article 34 de la Constitution des phrases « Les orientations pluriannuelles des finances publiques sont définies par des lois de programmation. Elles s’inscrivent dans l’objectif d’équilibre des comptes des administrations publiques. »[15].
Le budget de l’État est présenté par le Gouvernement et voté par le Parlement sous forme de loi de finances : il est composé d’un budget général, de budgets annexes et de comptes spéciaux. Le budget général a pour recette principale les impôts et les dépenses sont découpées en missions concourant à une politique publique définie. Le solde (la différence entre recette et dépenses) est négatif depuis 1975, ce qui constitue le déficit de l’État.
Tableau de l'équilibre budgétaire de l’État en 2024 en millions d’euros[17]
Ressources
Charges
Soldes
Recettes fiscales brutes/dépenses brutes (a)
Remboursements et dégrèvements (-b)
Recettes fiscales nettes/dépenses nettes (c=a-b)
348 482
445 842
Recettes non fiscales (d)
22 704
Recettes totales nettes/dépenses nettes (e=c+d)
371 186
445 842
Prélèvements sur recettes au profit des collectivités territoriales et de l'Union européenne (-f)
66 667
Budget général (g=e-f)
304 519
445 842
−141 323
Évaluation des fonds de concours et crédits correspondants (h)
7 399
7 399
Budget général y compris fonds de concours (i=g+h)
Les collectivités territoriales et leurs établissements publics (y compris les regroupements de collectivités) ont aussi un budget. Il est alimenté par les impôts locaux, mais aussi par des transferts de l'État et le recours à l'emprunt.
La sécurité sociale est partiellement gérée par des personnes privées avec la recherche du paritarisme. Cependant, l'État intervient fortement dans le processus, notamment par la loi de financement et des règles strictes pour les cotisations et les prestations. La sécurité sociale occupe donc une place importante dans les finances publiques.
Tableau d’équilibre, par branche, de l’ensemble des régimes obligatoires de base de sécurité sociale en 2023 (en millions d'euros)[18].
La Cour des comptes rend son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques[23]. Un débat d’orientation des finances publiques est organisé au Parlement[24].
La Cour des comptes établit un rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale[25],[26]
Septembre n-1
Le gouvernement présente les projets de lois de finances initiale[27] et de financement de la sécurité sociale[28] (avis du HCFP[29]).
Décembre n-1
Le parlement vote les lois de finances initiale et de financement de la sécurité sociale.
Si besoin, au cours de l’année n
Le gouvernement présente et le parlement vote la loi de finances rectificatives (avis du HCFP[30]).
Avril n+1
La Cour des comptes rend son rapport sur le projet de loi de règlement[23],[31], et la certification des comptes de l’État[23] et ceux de la sécurité sociale[25],[32].
Mai n+1
Le gouvernement présente et le parlement vote la loi de règlement (avis du HCFP[33]).
Le Pacte budgétaire européen de 2012 pose le principe de l’équilibre ou de l’excédent des budgets des administrations publiques. Conformément à cet objectif, la loi de programmation des finances publiques détermine les trajectoires des soldes structurels et effectifs annuels successifs des comptes des administrations publiques au sens de la comptabilité nationale, ainsi que l’évolution de la dette publique. Le solde structurel est le solde corrigé des variations conjoncturelles, déduction faite des mesures ponctuelles et temporaires. La loi de programmation des finances publiques présente la décomposition des soldes effectifs annuels par sous-secteur des administrations publiques[34]. Ces dispositions ont toutefois un caractère programmatique et non pas contraignant, dans la mesure où ces objectifs peuvent être modifiés par les lois de finances ultérieures[35].
Il s'agit de la nouvelle dénomination du débat d'orientation budgétaire.
Ainsi a lieu au cours du dernier trimestre de la session ordinaire un débat d'orientation budgétaire[24]. Initié sous le gouvernement Rocard en 1990, puis reproduit en 1996 sous Alain Juppé, il est devenu obligatoire depuis la LOLF prévu à l'article 48. Ce débat existe également dans les collectivités territoriales depuis la loi du 6 février 1992[37].
Le Gouvernement présente donc au Parlement une analyse des évolutions économiques de la France, une description des grandes orientations de sa politique économique et budgétaire, une évaluation des ressources et charges futures de l'État ainsi qu'une liste des performances attendues dans chaque programme budgétaire[24]. C'est l'occasion de consulter le Parlement sur les éventuelles modifications qu'il ne pourra plus réclamer lors de la discussion très pressée de la Loi de finances à l'automne[37].
Adoption du budget
Le Haut Conseil des finances publiques est saisi par le Gouvernement des prévisions macroéconomiques sur lesquelles reposent le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Le Haut Conseil rend un avis public sur l’ensemble des éléments[29]. Le PLF et le PLFSS sont déposés fin septembre[27],[28] ; la discussion parlementaire de ces textes est limitée en durée[38], et prioritaire par rapports aux autres textes législatifs [39].
Selon le décret relatif à la gestion budgétaire et comptable publique applicables à l’État, aux collectivités territoriales et aux établissements publics, les opérations relatives à l’exécution du budget relèvent exclusivement des ordonnateurs et des comptables publics, ces fonctions étant incompatibles. Les ordonnateurs prescrivent l’exécution des recettes et des dépenses. Les comptables publics sont des agents de droit public ayant la charge exclusive de manier les fonds et de tenir les comptes. Ils sont nommés par le ministre chargé du budget[40].
Le contrôle de l'exécution budgétaire se passe à différents niveaux.
Pour l’État, la loi de règlement arrête le montant définitif des recettes et des dépenses du budget auquel elle se rapporte, ainsi que le résultat budgétaire qui en découle[41]
↑Article 23 de la loi organique no 2012-1403 du 17 décembre 2012 relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques
↑Article 1 de la loi organique no 2012-1403 du 17 décembre 2012 relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques
↑Conseil constitutionnel, Décision no 2012-658 DC « Loi organique relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques », (lire en ligne), considérant 12.
↑ a et bMichel Bouvier, Marie-Christine Esclassan, Jean-Pierre Lassale, Finances publiques, Paris, Éditions Lextenso, 9e édition, 2008, (ISBN9782275032566), p. 339