Bien qu'il s'agisse à la base d'une zoonose, des cas de transmission interhumaine (par contact sanguin ou avec des sécrétions corporelles) produisent des flambées épidémiques chez l'humain.
Cette maladie est endémique dans de nombreux pays d'Afrique, d'Europe et d'Asie et, en 2001, des cas où des flambées ont été notifiés au Kosovo, en Albanie, en Iran, au Pakistan et en Afrique du Sud. En 2022, une nouvelle souche a été identifiée dans le Caucase en fédération de Russie[2].
Découverte du virus
La maladie a été décrite pour la première fois en Crimée en 1944[3] ce qui explique qu'elle ait été appelée fièvre hémorragique de Crimée. En 1969, il a été établi que l'agent pathogène responsable était identique à celui de 1956 au Congo. L'association des deux noms a donné le terme de fièvre hémorragique Crimée-Congo. La maladie est grave et entraîne une mortalité élevée chez l'humain (de l'ordre de 10 % à 40 %), mais elle survient rarement[3]. On peut supposer qu'elle est plus courante chez les autres animaux.
Des enquêtes séroépidémiologiques ont montré que le virus circule en Tunisie[5] ainsi qu'en Espagne[6].
En France, le virus de la FHCC a été détecté pour la première fois sur des tiques collectées dans des élevages bovins du sud du pays en 2023, mais aucun cas humain autochtone n’a été constaté[7].
Des épidémies ont probablement sévi dans des temps plus anciens si on en juge par la découverte en 2016 de fragments de protéines virales dans des poteries datant de l'âge du fer[8],[9].
Il a une répartition géographique étendue, à l'instar de celle du vecteur, la tique. On a établi sa présence en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Europe orientale[10]. Les agents de santé et leurs patients dans les zones d'endémie doivent être conscients de cette maladie et connaître les mesures de lutte prophylactique. Le risque nosocomial (transmission en milieu hospitalier) est avéré[10].
La piqûre d'une tique adulte infectieuse ou l'exposition à du sang ou à des sécrétions contaminés peut causer la maladie[13]. L'abattage d'animaux infectés favorise également la transmission du virus. Les cas se sont produits en majorité chez ceux qui travaillent au contact des animaux, comme les exploitants agricoles, les employés des abattoirs ou les vétérinaires.
Incubation
La période d'incubation varie selon le mode de contamination. Après une morsure de tique, elle est en général d'un à trois jours, pouvant aller jusqu'à neuf jours au maximum. Après contact avec du sang ou des tissus contaminés, elle est en général de cinq à six jours, mais peut se prolonger jusqu'à un maximum documenté de treize jours.
Le taux de mortalité s'établit autour des 30 %, la mort survenant au cours de la deuxième semaine de maladie. Pour ceux qui se rétablissent, l'état général commence à s'améliorer à partir du neuvième ou dixième jour après l'apparition des symptômes.
test de réaction de polymérisation en chaîne après transcription inverse (RT-PCR) ;
dosage immuno-enzymatique (ELISA) des anticorps IgG et IgM; tests de détection d'antigènes ;
isolement du virus par culture cellulaire. La manipulation et le traitement des échantillons nécessitent des laboratoires bien équipés dans des conditions de confinement biologique maximales et le personnel recueillant les échantillons doit être formé[15]
Traitement
Un suivi intensif est obligatoire pour le remplacement du volume et des constituants sanguins.
On a utilisé la ribavirine (antiviral) mais son efficacité reste discutée[16].
L'utilité de la méthode thérapeutique des plasmas immuns prélevés sur des patients guéris n'a pas été prouvée bien qu'elle ait été utilisée à plusieurs reprises[10],[17].
Un vaccin est disponible depuis les années 1970 dans l'ancien bloc de l'Est mais celui-ci est peu efficace[3].
↑ ab et cGwenaël Vourc'h et al., Les zoonoses : Ces maladies qui nous lient aux animaux, Éditions Quæ, coll. « EnjeuxScience », (ISBN978-2-7592-3270-3, lire en ligne), Quelques exemples de maladies zoonotiques, « La fièvre hémorragique Crimée-Congo », p. 97-98, accès libre.
↑ abc et dStavropoulou E, Troillet N, « Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : une maladie virale émergente en Europe [Crimean-Congo hemorrhagic fever : an emerging viral hemorrhagic fever in Europe] », Rev Med Suisse, vol. 14, no 622, , p. 1786-9. (PMID30307137, lire en ligne [PDF])
↑(en) Kubar A, Haciomeroglu M, Ozkul A et al., « Prompt administration of Crimean-Congo hemorrhagic fever (CCHF) virus hyperimmunoglobulin in patients diagnosed with CCHF and viral load monitorization by reverse transcriptase-PCR », Jpn J Infect Dis, vol. 64, no 5, , p. 439-43. (PMID21937830)