Farīd ad-Dīn ʿAṭṭār (en persan : فَرید الدّین ابو حامِد محمّد عطّار نِیشابوری, Farīd ad-dīn Abū Ḥāmid Moḥammed ʿAṭṭār Nīšābūrī), parfois surnommé Attar de Nishapur, est un poète mystiquepersan (v. 1145 - mort entre 1190 et 1229), né et mort à Nichapour (Khorassan), où se trouve son tombeau.
Biographie
Comme pour nombre de saintssoufis (ou chrétiens) du Moyen Âge, sa vie transparaît surtout à travers des récits hagiographiques. On sait cependant qu'il a vécu à Nishapour, la ville de Omar Khayyâm, qui était alors un centre urbain important et florissant du nord-est iranien[1],[2].
Son père était un commerçant aisé et respecté, qui possédait plusieurs commerces de drogues, épices et parfums à Nishapur. Son fils suivit sa trace et travailla sa vie durant comme apothicaire et parfumeur (Attâr), dans le commerce hérité de son père. On peut noter que, à l'image de nombreux autre soufis, la dénomination de sa profession deviendra son nom[3]. Il semble bien avoir conservé cette profession durant toute sa vie et l'avoir ainsi conciliée avec une vie religieuse vers laquelle il s'est senti attiré déjà enfant, et avec la pratique du soufisme[1], menant de front ses activités professionnelles et littéraires[4]. Il a sans doute beaucoup voyagé, bien qu'on ne sache rien de vraiment précis sur ces déplacements[2],[4].
Les traditions ultérieures feront de Attar un de ces martyrs de l'amour divin exécutés par les tenants de l'orthodoxie religieuse ou, dans son cas, par l'envahisseur mongol[5]. Si cette mise à mort par les Mongols reste incertaine, elle montre bien en quelle haute estime Attar était tenu en Iran[6].
Œuvres
Attar a écrit plusieurs ouvrages moraux et mystiques, dont le plus célèbres est le Manṭiq al-ṭayr («La Conférence des oiseaux »).
La Conférence des oiseaux
Le livre met en scène trente oiseaux qui se lancent à la recherche du Simorg (persan: « trente oiseaux »), l'oiseau royal par lequel la vie continue sur terre, symbole des êtres aériens ailés. Au prix d'efforts gigantesques qui découragent la plupart d'entre eux, certains traversent sept vallées merveilleuses. Ce voyage est une expression poétique de l'itinéraire mystique du soufisme iranien, doctrine selon laquelle Dieu n'est pas extérieur ou en dehors de l'univers, mais dans la totalité de l'univers. À l'issue de leur périple, c'est leur moi profond que découvrent les voyageurs.
Autres écrits
On lui doit aussi le Tadhkirat al-Awliya(en) (« Le Mémorial des Saints (ou des Amis de Dieu) »), importante compilation des vies de soixante-douze soufis.
Le Elâhi nâmeh (« Le Livre du divin ») offre plusieurs anecdotes religieuses et profanes, de haute tenue.
Le Mosibat nâmeh (« Le Livre de l'épreuve ») raconte l'histoire de l'âme enfermée en elle-même, et qui finit par voir que sa véritable nature est dans le secret divin.
Quant au Pend-namèh (« Le Livre des conseils »), c'est un bref livre qui présente essentiellement des règles morales assez sèches, mais qui a connu une grande popularité.
Attar est aussi l'auteur d'une importante œuvre lyrique, rassemblée dans un Divan de ses poèmes, ainsi que du Asrâr nâmeh (« Le Livre des secrets »).
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Le mémorial des saints (trad. de l'arabe par introduit et annoté par Hassan Boutaleb, traduction intégrale), Paris, Al Bouraq, , 400 p. (ISBN979-1-022-50403-4)
Pend-Namèh ou Livre des conseils (édité et traduit par Silvestre de Sacy), Paris, Debure Frères, , LXIV + 320 (lire en ligne)
Le Langage des oiseaux. Manteq ut-Tayr (trad. intégrale versifiée, introduction et annotation de Manijeh Nouri, préf. Mohammad Reza Shafi'i Kadkani), Paris, Cerf, , 505 p. (ISBN978-2-204-09636-2)
La Conférence des oiseaux (Récit théâtral de Jean-Claude Carrière, inspiré par le poème de Farid Uddin Attar "Manteq Ol-Teyr"), Paris, Albin Michel, coll. « Espaces libres », (1re éd. 2008), 105 p. (ISBN978-2-226-32036-0)
La Conférences des oiseaux (trad. de Jacob Bromberg ; avec la collab. de Marine Ninaud, album jeunesse illustré par Peter Sís), Paris, La Martinière, (1re éd. 2011 [Penguin Press]) (ISBN978-2-732-45245-6, présentation en ligne)
Adaptation musicale
Symorgh, Conte lyrique et philosophique, musique d'Yves Guicherd, livret de Nathalie Labry et Gérard-Henry Borlant, création le au Théâtre Passage vers les Étoiles (Paris).
Études
Ouvrages
(en) Helmut Ritter (trad. de l'allemand, transl. [from German] by John O'Kane), The Ocean of the Soul : Men, the World and God in the Stories of Farid Al-Din 'Attar, Leide, Brill, , 833 p. (ISBN9-004-12068-8, lire en ligne)
Garcin de Tassy, Poésie philosophique et religieuse chez les Persans. D’après le "Mantic Uttaïr" ou "Le Langage des oiseaux" de Farid-Uddin Attar et pour servir d’introduction à cet ouvrage, Paris, Chez Benjamin Dupraz, , 4e éd. (1re éd. 1819), 76 p. (lire en ligne)
Articles
(en) Hellmut Ritter, « ʿAṭṭār », Encyclopédie de l’Islam, (consulté le )
(en) Benedikt Reinert, « AṬṬĀR, FARĪD-AL-DĪN », Encyclopaedia Iranica, III/1, pp. 20-25, (consulté le ).
↑Annemarie Schimmel, Mystical dimensions of Islam, Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 2011 [1975], 542 p. (ISBN978-0-807-89976-2) p. 84.
↑Hellmut Ritter, « ʿAṭṭār », in Encyclopédie de l’Islam. Brill Online, 2010.
↑Annemarie Schimmel, Mystical dimensions of Islam, Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 2011 [1975], 542 p. (ISBN978-0-807-89976-2) p. 302-308.