Le projet de drone MALE RPAS (Medium Altitude Long Endurance Remotely Piloted Aircraft System) ou Eurodrone vise à fournir un drone de reconnaissance volant à moyenne altitude et de grande autonomie aux armées de l’air française, allemande, espagnole et italienne.
En 2008, EADS livre à la France des drones Harfang, dits aussi « Système intérimaire de drone MALE ». La génération suivante, le Talarion, est présenté en 2009 puis abandonné en 2012 faute de financement des États. Parallèlement, Dassault Aviation et BAE travaillent sur le Telemos(en), également abandonné[3].
En 2011, la France entre en négociation avec Dassault pour franciser les drones IAI Heron israéliens et développer un nouveau système : le Voltigeur. Cette décision est annulée après l'élection présidentielle de 2012. Insistant sur la nécessité d'une solution européenne, la France refuse la concurrence de ces programmes et achète des Reaper américain[4],[5]. Ce drone équipe également le Royaume-Uni et l'Italie.
En 2013, Airbus Defence and Space, Dassault Aviation et Aermacchi (groupe Finmeccanica) remettent une proposition commune pour le développement d'un nouveau drone. La décision de conduire une étude d'une durée de deux ans a été prise le , en marge du conseil des affaires étrangères par les trois ministres de la Défense allemand, français et italien qui ont annoncé dans une déclaration d'intention commune leur volonté de « conduire une étude de définition afin de préparer la phase de développement d'un drone MALE européen »[6]. Le contrat des études de définition est signé en [7], elle se conclut fin 2018 par le passage d’une revue de conception préliminaire[8]. Une maquette à l’échelle 1 est présentée au salon aéronautique international de Berlin.
Le contrat de réalisation est finalisé en novembre 2020, et approuvé par la France, l'Allemagne et l'Italie. En 2022, après l’accord de l’Espagne[9], le contrat pour vingt systèmes est signé en février[10].
L'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCARr) gère l'étude de définition et l'Agence européenne de défense (AED) apporte son soutien dans les domaines de l'insertion dans le trafic aérien, de la navigabilité et de la certification ; mais également pour l'association d'autres pays européens au projet[6],[11]. Airbus Defence and Space Allemagne est le Prime Contractor et Leonardo, Dassault Aviation, Airbus Defence and Space Espagne sont Major Sub-Contractors.
« L’Eurodrone devrait avoir un an de retard. Il faudra se poser la question des pénalités. Les raisons, je ne les connais pas. L’enjeu, maintenant, c’est d’avoir une livraison dans les forces d’un drone qui soit toujours d’actualité du point de vue opérationnel. Nous devrons en parler avec les différents partenaires » déclare le ministre des ArméesSébastien Lecornu devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, en octobre 2024. « Soit on décide de l’abandonner unilatéralement, et cela peut coûter aussi cher que si l’on commande vraiment l’objet. Soit on décide collectivement de faire évoluer le programme. Mais inversement, si l’on ne reçoit pas ce que l’on a commandé, c’est plutôt l’entreprise qui nous devra des pénalités ».
Lors d’une audition devant la même commission, le général Bellanger, CEMAAE a souligné que, s’il a pris « beaucoup de retard », ce drone « sera immédiatement navigable et correspondra aux spécifications que nous lui avions données, il y a de nombreuses années », mais « les temps ont changé ». Évoquant la taille imposante de cet appareil, il a souligné qu’il faudrait des « infrastructures énormes » pour l’exploiter. L’EuroDrone « tient difficilement la comparaison, en matière d’envergure et de coût, face à des modèles comme l’Aarok, même s’il s’agit d’équipement du bas du spectre ». « j’espère que les industriels des différentes nations concernées se mettront rapidement d’accord pour que nous soyons livrés avant 2031, date actuellement avancée »[14].
↑ a et bMichel Cabirol, « Drone MALE : Berlin, Paris et Rome prêts à voler européen », sur La Tribune (consulté le ) : « Nos engagements récents sur les théâtres d'opérations, ainsi que les crises politiques et humanitaires dans notre voisinage, ont démontré le caractère critique de cette capacité et le besoin d'autonomie en matière d'usage et de soutien. ».