Les Dicranocephalus ont un corps oblong, de taille moyenne, avec une livrée brune ou brun-jaunâtre. La tête est allongée, porte des antennes de 4 segments (plus longues que la tête, le pronotum et le scutellum pris ensemble), des ocelles en arrière des yeux, et un rostre quadriarticulé. Les buccules entourant ce dernier ne s'étendent pas postérieurement au delà de la base des antennes. Les joues sont pointues en avant et plus longues que le clypeus. Le vertex (largeur entre les deux yeux) est moins large que la marge antérieure du scutellum (à l'inverse des Alydidae). Le pronotum est de forme trapézoïdale, le scutellum a l'apex allongé. Les hémélytres ont la membrane avec deux cellules basales, une grande et une petite, d'où partent plusieurs nervures longitudinales. Chez les femelles, les derniers segments abdominaux avec un ovipositeur. L'orifice des glandes odorantes est visible sur les métapleures (plaque à l'arrière du thorax). Les tarses médians et postérieurs comptent 3 articles. Ils mesurent entre 8 et 15 mm[3],[4],[5]. Des uradénies (glandes exocrines[6]) ont été décrites[7].
Répartition
Dicranocephalus est présent dans l'Hémisphère est, la majeure partie dans les régions tropicales et subtropicales, avec la plus grande diversité d'espèces dans la zone afrotropicale, et quelques espèces dans la zone paléarctique, et une en Australie[4],[8].
Ce sont des insectes phytophages préférant les milieux secs et ensoleillés[9] associés à des plantes de la famille des Euphorbiacées, principalement Euphorbia, sur lesquelles ils se nourrissent et pondent. Quelques espèces sont polyphages, se nourrissant de plantes appartenant aux familles Berberidaceae, Cupressaceae, Ericaceae, Euphorbiaceae, Pinaceae et Rosaceae[8]. Aucune n'est connue pour causer des dégâts aux cultures[4], mais les ponctions sur les parties tendres favorisent l'inoculation de microorganismes qui occasionnent le dépérissement, voire la mort, de la plante[5]. Les espèces européennes sont univoltines[9] et hivernent sous les rochers[8].
Les œufs sont pondus sur la surface des tiges ou des inflorescences[4] souvent par groupe de 6-10[9].
L'accouplement se fait sur ou près des inflorescence, et dans la position « cul-à-cul »[10].
Systématique
Stenocephalidae
La famille a été décrite par l'entomologiste britannique William Sweetland Dallas en 1852[11], bien que déjà mentionnée par Latreille (1825)[8]. Elle a toutefois été longtemps considérée comme une tribu des Alydidae, considérés eux-mêmes comme sous-famille des Coreidae. Scudder (1957) a donné les arguments définitifs pour en faire une famille séparée, sur la base de l'analyse des œufs, des genitalia mâles et femelles et d'autres critères morphologiques[12],[8], suivie par la plupart des auteurs modernes. Elle comprend un seul genre, Dicranocephalus, auquel parfois est ajouté Psotilnus Stål, 1860, que Moulet a synonymisé avec le précédent[8],[5]. Aucun fossile n'est connu.
Elle est classée dans les Coreoidea, souvent considérée comme un intermédiaire entre ceux-ci et les Lygaeoidea, au sein des Pentatomomorpha.
Dicranocephalus
Le genre Dicranocephalus a été décrit par l'entomologiste allemand Carl Wilhelm Hahn en 1826[13]. Le nombre d'espèces varie de 16 à 30 selon les études. En particulier, Moulet a synonymisé plusieurs espèces, considérant les critères (coloration des pattes et des antennes, pilosité des pattes, paramères) comme des variations de formes plutôt que d'espèces[8],[5].
Espèces douteuses: D. alticolus (Zheng, 1981) et D. ganziensis Ren, 1990, synonymisée par Tshernova avec D. femoralis. Moulet les a synonymisées, y compris D. femoralis, avec D. agilis.
↑Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 517, tome 2 pp. 211 et 252
↑ abc et d(en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC1125224106, lire en ligne), p. 551-552
↑ abcd et ePierre Moulet, « Révision des Stenocephalidae (Hemiptera, Heteroptera) », Bulletin de la Société linnéenne de Provence, vol. 72, , p. 95-115 (lire en ligne [PDF])
↑Dominique Pluot-Sigwalt et Jerzy A. Lis, « Presence of uradenia in male adults of the genus Dismegistus (Hemiptera: Heteroptera: Parastrachiidae) », Acta Entomologica Musei Nationalis Pragae, vol. 58, no 1, , p. 187–193 (DOI10.2478/aemnp-2018-0016, lire en ligne, consulté le )
↑ abc et dPierre Moulet, Hémiptères Coreoidea, Pyrrhocoridae, et Stenocephalidae Euro-Méditerranéens, Paris, Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles,
↑Balasaheb V. Sarode, Nikhil U. Joshi, Swapnil S. Boyane et Subodh S. Gaikwad, « Illustrated description and notes on biology of Dicranocephalus lateralis (Signoret) (Coreoidea: Stenocephalidae) from Maharashtra State, India », Journal of Threatened Taxa, vol. 9, no 10, , p. 10792 (ISSN0974-7907 et 0974-7893, DOI10.11609/jott.3451.9.10.10792-10803, lire en ligne, consulté le )
↑Dallas, W.S. 1852: List of the specimens of hemipterous insects in the collection of the British Museum. Part II. Taylor & Francis, London. 369-592 pp. pls XII-XV.
↑(en) G. G. E. Scudder, « The Systematic Position of Dicranocephalus Hahn 1826 and Its Allies (Hemiptera: Heteroptera). », Proceedings of the Royal Entomological Society of London. Series A, General Entomology, vol. 32, nos 10-12, , p. 147–158 (DOI10.1111/j.1365-3032.1957.tb00363.x, lire en ligne, consulté le )
↑Hahn. 1826. Icones ad monographium Cimicum pl. 24
↑Berthold. 1827. Latreille's natürliche Familien des Thierreiches aus dem Franzöischen met Ammerkungen und Zusätzen 417
↑Latreille. 1829. In de Bory Saint-Vincent [Ed.]. Dictionnaire Classique d'Histoire Naturelle 15:633