Immatriculée sous la dénomination de Centre Social des Femmes du Centre-Ville de Montréal (C.S.F.C.V.M.)[1],[3],[6],[9], l'organisation sera largement connue sous le nom de la Coop-Femmes, puis sous le nom de la Coop-Lesbienne[5],[3],[10],[8]. Ses portes ouvrent en février 1977 au 3617 boulevard St-Laurent à Montréal[11],[12],[13],[14].
Mission
L'idée de fonder la Coop-Femmes serait venue d'un groupe de lesbiennes montréalaises présentes à la troisième National Lesbian Conference tenue en 1976 à Ottawa[2],[13],[14]qui désiraient créer un lieu de rassemblement pour les lesbiennes féministes francophones en dehors des bars[1],[11],[13],[15].
Le nom de la Coop-Femmes fut choisi comme un compromis entre le désir de s'identifier comme lesbienne féministe et la minimisation des risques de potentielles attaques lesbophobes[8],[13]. Bien que l'organisation portait le nom de « coopérative », en raison de son modèle de fonctionnement initial, basé sur des cotisations mensuelles de membres[10], elle n'en fut jamais une sur le plan légal[3].
L'organisation avait pour but de soutenir financièrement les initiatives lesbiennes par prêts et par dons, à l'image d'une banque[6],[16],[17],[3],[18]. Étaient éligibles au financement les initiatives provenant de lesbiennes, indépendantes de tout groupe hétéro, homosexuel (mâle) ou mixte[19]. Parmi les initiatives soutenues, on peut penser à Vidé-Elle, à la Chorale Lesbienne, aux revues Treize,L'Évidente Lesbienne, Ça s'attrape!!, Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui et à la tenue de certaines éditions des Journées d'Inter-Actions Lesbiennes (devenues les Journées de visibilité lesbienne[20]).
Elle avait aussi pour mission de gérer les fonds provenant d'autres groupes de lesbiennes et d'augmenter son capital par divers moyens comme la tenue d'ateliers, de spectacles bénéfices, de débats politiques, de danses, d'expositions, de visionnements de films et de soupers communautaires[9],[21],[12],[22],[23],[18].
Les profits de certaines éditions des Journées d'Inter-Actions Lesbiennes (devenues les Journées de visibilité lesbienne) servaient à renflouer les fonds communs de l'organisation[24],[25],[16]. Les actifs annuels de la Coop-Femmes se situaient dans les 10 000$ au début des années 1990[26].
Idéologie politique
La Coop-Femmes était investie par un nombre important de lesbiennes féministes, puis l'émergence du lesbianisme radical au Québec, au début des années 1980[27], engagea une remise en question idéologique et une dissidence politique entre certaines de ses membres[4],[8],[28],[29],[30].
Concrètement, la charte de la Coop-Femmes stipulait le caractère francophone et féministe de l'organisation, tout comme sa vocation culturelle, alors que les militantes soutenant le lesbianisme radical revendiquaient plutôt la nécessité de penser le lesbianisme et sa dimension politique en dehors du mouvement féministe[8],[13].
La Coop-Femmes ferme son local en novembre 1979, mais poursuit tout de même sa mission de financer les initiatives lesbiennes jusqu'aux années 1990[4],[31],[1].
Références
↑ abc et d« La «Coop»! », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 8, no 2, , p. 79-81
↑ a et bDominique Bourque, « Entrevue avec Gin et Louise », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, nos 26-27, , p. 249-262
↑ abcd et e« De la ruelle .... Coop Lesbienne », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 4, no 3, , p. 71-74
↑ abc et dLouise Turcotte, Sortir de l’ombre. Histoires des communautés lesbienne et gaie de Montréal, Montréal, VLB Éditeur, , 409 p. (ISBN9782890056770), « Itinéraire d’un courant politique : Le lesbianisme radical au Québec »
↑ a et bJosée Belleau, « Les lesbiennes hors la loi », Treize, vol. 6, no 1, , p. 23-25
↑ ab et cSylvie Audouin, Andrée Lapierre, Céline Lessard et Danielle Tessier, « La COOP lesbienne rêve d'être une fondation! », Treize, vol. 10, no 2, , p. 15
↑Archives gaies du Québec, «Les lesbiennes s'organisent », 2019. [lire en ligne]
↑ abcd et eManon Tremblay et Julie Podmore, « Depuis toujours intersectionnels : relecture des mouvements lesbiens à Montréal, de 1970 aux années 2000. », Recherches féministes, vol. 28, no 2, , p. 111-112 (DOIhttps://doi.org/10.7202/1034177ar)
↑ a et bAndrée Lapierre, « Une vieillesse à notre gout? Des lesbiennes en or? Chérie réveille-toi, y'a quelque chose qui arrive. », Treize, vol. 9, no 3, , p. 20-21
↑ a et bLouise Bonnier, « Culture lesbienne et choix économiques », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 4, no 2, , p. 55-66
↑ a et bLine Chamberland, « Conférences lesbiennes à Montréal, 1974-1975 », Treize, vol. 12, no 2, , p. 2-3
↑ a et bDiane Heffernan, « Quelques dates importantes dans l'hystoire des lesbiennes à Montréal », Treize, no 62, , p. 21-23
↑ abcd et eJulie Vaillancourt, Archives lesbiennes : d'hier à aujourd'hui, t. I, Montréal, Éditions saphiques du RLQ, , 672 p. (ISBN978-2-9820765-2-5), « La création de la Coop-Femmes », p. 134-143
↑ a et bViolette Brodeur, Suzanne G. Chartrand, Louise Corriveau et Béatrice Valay, Le mouvement des femmes au Québec : étude des groupes montréalais et nationaux., Montréal, , 77 p. (ISBN2-920111-00-0, lire en ligne), p. 50-51
↑La collective de la revue, « Éditorial », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 1, no 1, , p. 2
↑ a et b« La Coop Lesbienne », Treize, vol. 2, no 1, , p. 26
↑« Services offerts à la collectivité lesbienne », Treize, vol. 4, no 1, , p. 32
↑ a et bJohanne Coulombe, « C.S.F.C.V.M », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 3, no 4, , p. 40-41
↑« Coop lesbienne - services », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 4, no 2, , p. 67-68
↑« Coop lesbienne - Bilan financier », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 4, no 2, , p. 69-70
↑Sylvie Audouin, « Livre à la page - Correspondances », Treize, vol. 10, no 2, , p. 32
↑Sylvie Audouin, « Correspondances - Livres à la page », Treize, vol. 11, no 2, , p. 29
↑Danielle Chagnon, « La Coop Lesbienne », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 4, no 4, , p. 92-94
↑Anne-Marie Fournier, Violette Bélanger, Katherine Zmetana, Odette Filion, Francine Laberge, Lorraine Gagné, Ginette Lessard, Lise Lauzier, Flérienne Riverin, « Un petit mot de remerciement — le petit bilan d'une grande journée », Ça s'attrape!!, vol. 2, no 9, , p. 4
↑Danièle Tessier, « Soirée-bilan des Journées d'interaction lesbiennes : On recommande de modifier la charte de l'association des Biennes du Québec », Treize, vol. 6, no 5, , p. 7-8
↑« Actuelles - Ateliers sur le vieillissement - La Coop Lesbienne », Treize, vol. 9, no 1, , p. 28-30
↑Danielle Charest, Dyane Chouinard, Johanne Coulombe, Sylvie Desbiens, Francine Mayer, Pascale Noizet et Louise Turcotte, « Atelier - Les politiques du lesbianisme », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 4, no 3, , p. 7-17
↑Louise Turcotte, « Pourquoi ce dossier? », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 1, no 1, , p. 18
↑Louise Turcotte, « Pourquoi je participe à la revue », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, vol. 1, no 0, , p. 16-17
↑ a et b« Un parcours, celui de Danielle Charest », Amazones d'hier Lesbiennes d'aujourd'hui, nos 26-27, , p. 213-215
↑Gilles Garneau, « 1979, une année bien remplie », Le Berdache, no 7, , p. 42