Conflit au Kordofan du Sud

Conflit au Kordofan du Sud
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de la région du Kordofan du Sud et du Nil Bleu au Soudan.
Informations générales
Date -
(9 ans, 3 mois et 10 jours)
Lieu Kordofan du Sud, Soudan
Casus belli Prise du contrôle d'Abyei par les forces nordistes en mai 2011.
Issue Accord de paix
Belligérants
Drapeau du Soudan Soudan Front révolutionnaire du Soudan

Soutiens :

Notes

Plus de 96 000 déplacés selon l'ONU
(au 7 juin 2011)[2].
Plus de 80 000 déplacés selon le Soudan du Sud
(au 27 mai 2011)[3].
Plus de 100 000 déplacés (au 14 avril 2012)[4]

Coordonnées 11° 07′ 48″ nord, 29° 52′ 48″ est

Enfants dans le camp de réfugiés de Yida, dans les Monts Nouba, jouant sur la carcasse d'un Antonov An-26, type d'avion qui allait bombarder leurs villages pendant le conflit au Kordofan du Sud. Décembre 2013.

Le conflit au Kordofan du Sud est un conflit armé qui a eu lieu entre le et le [5],[6]. Il oppose le Soudan et des factions proches du Soudan du Sud, pour le contrôle de l'Abiyé, région riche en pétrole. Il fait suite au référendum sur l'indépendance du Soudan du Sud, qui s'est déroulé du 9 au 15 janvier et qui prévoyait la scission du pays le .

Contexte historique

Des tensions existent depuis au moins 1956 entre le Soudan du Sud, une population minoritairement chrétienne et plutôt animiste, et le reste du pays, une population à majorité musulmane. Deux guerres se sont déjà produites entre 1955 et 1972 au cours de la Première Guerre civile soudanaise et entre 1983 et 2002 au cours de la Seconde Guerre civile soudanaise, ce qui débouche sur la mission des Nations unies au Soudan en 2005.

Ces tensions ont une origine politique, avec une législation s'appuyant plus ou moins sur le droit musulman mise en place par Khartoum et que refusent les populations du Sud, ainsi qu'économique avec l'exploitation pétrolière dans le Sud du pays qui ne profiterait selon elles pas aux populations locales.

Un référendum sur son indépendance est organisé dans la semaine du 9 au . Il est validé avec un pourcentage de 98,83 % des voix. Toutefois, certains points n'ont pas été évoqués dans le référendum : c'est le cas du tracé exact de la frontière, notamment dans la région d'Abyei, ainsi que du partage des ressources pétrolières et leurs revenus.

Chronologie des événements

Mai 2011

Le , l'armée nordiste s'empare de la région d'Abyei, grâce à l'emploi de chars d'assaut, ce qui force les rebelles de l'APLS (Armée populaire de libération du Soudan) à battre en retraite[7]. L'aviation nordiste bombarde également plusieurs villages dans la région, dont Todach et Tagalei[7]. Le Nord justifie ses actes en accusant l'APLS d'avoir attaqué un convoi de troupes nordistes et de soldats de maintien de paix de l'ONU le 19 mai, ce que cette dernière dément[7].

Le , Khartoum annonce la prise de la région d'Abyei et annonce sa volonté de la nettoyer des « groupes armés du Sud », selon le ministre d'État Amin Hassan Omar[8]. Le Conseil de sécurité des Nations unies appelle par ailleurs le Nord à retirer ses troupes de cette région contestée, ce que Khartoum refuse[9]. Des milliers de civils fuient les combats et des cas de pillages et d'incendies sont rapportés dans la région selon l'ONU[7],[10].

Le , le Soudan du Sud réagit en accusant le Nord de provoquer une nouvelle guerre civile[11]. Le lendemain, le président soudanais Omar el-Béchir affirme dans un discours à Khartoum que « l'Abyei appartient au Nord-Soudan. »[11].

Le , le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, propose une nouvelle force de maintien de la paix au Soudan, forte de 7 000 hommes[12] alors que dans la même journée 4 hélicoptères de l'ONU ont été la cible de tirs dans la région d'Abyei, probablement par les forces nordistes[7]. Le lendemain, Salva Kiir Mayardit affirme qu'il n'y aura pas de nouvelle guerre pour le contrôle de cette région contestée[13].

Le , l'armée nord-soudanaise annonce la fin de ses opérations militaires dans la région[14]. Le , les deux camps acceptent d'établir une zone démilitarisée selon l'Union africaine, et l'Éthiopie se dit prête à envoyer des troupes de maintien de la paix si nécessaire et selon le souhait des deux camps[15],[16].

Juin 2011

Le , les combats reprennent, cette fois-ci dans la région des monts Nuba, localisée également dans le Kordofan du Sud, faisant plusieurs tués, notamment dans le village de Umm Dorain, provoquant la fuite de la population civile[17]. Le , le Soudan du Sud appelle à un cessez-le-feu[18] et accuse par ailleurs le Nord d'avoir bombardé un village dans l'État d'Unité le [19]. L'APLS se dit également prête à faire face à une offensive terrestre du Nord[19].

Le président du Soudan du Sud Salva Kiir Mayardit en 2007.

Le , Khartoum accepte des pourparlers de paix avec le Sud concernant la région d'Abyei[20] alors qu'aucun cessez-le-feu n'est toujours prévu et que les combats font toujours rage, notamment dans le Kordofan du Sud[21].

Le , Khartoum, par la voix du président Omar el-Béchir, accepte de retirer ses troupes de la région contestée avant le 9 juillet, date prévue de l'indépendance du Soudan du Sud[22]. Le lendemain, l'APLS accuse le Soudan d'avoir mené un nouveau bombardement sur son territoire par l'emploi de MiG-23 et d'Antonov[23]. Les deux camps acceptent par ailleurs dans la même journée une zone démilitarisée dans l'Abyei et l'envoi de soldats éthiopiens de maintien de la paix sous l'égide de l'Union africaine[24].

Le , des miliciens sudistes locaux attaquent et tuent 7 policiers soudanais ainsi que 22 civils près de la région d'Abyei selon un porte-parole de l'APLS[25]. Le président des États-Unis, Barack Obama, appelle par ailleurs les deux camps à un cessez-le-feu, soulignant « qu'il n'y a pas de solution militaire » et accusant le Nord d'avoir provoqué le conflit[26].

Le , alors que les combats s'intensifient, Khartoum envoie des renforts au Kordofan du Sud, dont de nombreux véhicules blindés[27]. Par ailleurs, l'armée soudanaise attaque également au Darfour les rebelles de l'Armée de libération du Soudan (ALS), provoquant la mort de 27 personnes dont 19 civils selon un porte-parole de la rébellion[28].

Le , les deux camps acceptent de démilitariser la zone contestée de l'Abyei et l'envoi de soldats éthiopiens de maintien de paix sous l'égide de l'ONU, mettant ainsi fin au conflit[29].

Septembre-décembre 2011

En septembre, les combats continuent, malgré la signature du cessez-le-feu[30]. Le , 2 Antonov An-26 de l'armée de l'air soudanaise bombardent un camp dans l'État d'Unité, faisant 12 morts et blessés. Le gouvernement nordiste a dénié avoir effectué ce raid[31]. Le , les deux Soudan s'affrontent à Jau, un village du Kordofan du Sud, contesté près de la frontière commune des deux États[32].

Janvier-février 2012

Le , les rebelles du Front révolutionnaire soudanais (FRS) affirment avoir tué jusqu'à 130 soldats soudanais dans une attaque contre une garnison de l'armée soudanaise près du lac Obyad, situé à la frontière avec le Soudan du Sud[33].

Mars-avril 2012

Hélicoptères, Antonov AN-26, MiG-29 et d'autres aéronefs à la base aérienne de El Obeid, à partir de laquelle l'armée de l'air soudanaise effectuerait ses raids.

Le , le Soudan du Sud accuse le Nord d'avoir bombardé deux puits de pétrole, ce que Khartoum a officiellement nié. L'incident a soulevé des craintes qu'une véritable guerre pourrait éclater[34].

Le , les Nord-Soudanais bombardent l'État d'Unité au Soudan du Sud et déploient des troupes à la frontière. Les Sud-Soudanais ont contre-attaqué et se sont emparés des champs pétrolifères de Heglig fournissant la moitié de sa production pétrolière du Nord, alors que Salva Kiir, président du Soudan du Sud, a averti du déclenchement d'une guerre à la suite de l'escalade de violence[35].

Le , de nouveaux combats signalés près de la frontière entre l'armée soudanaise et les rebelles pro-sud-soudanais[36].

Le , des avions nord-soudanais bombardent le village frontalier de Heglig, capturé par les Sud-Soudanais une semaine auparavant[37].

Le , le Soudan du Sud déclare s'être complètement retiré de la zone de Heglig dont les installations ont été sérieusement endommagées par les combats. Le commandant de l'armée soudanaise, Kamal Marouf, déclare que les pertes du Sud s’élèvent à 1 200 hommes tués[38].

Dans la nuit du 23 au , de nouveaux bombardements aériens jusqu’à 25 km au sud de la frontière font 16 morts et 34 blessés[39],[40].

Août 2020

Le , un accord de paix est signé entre le gouvernement soudanais et le Front révolutionnaire soudanais[5],[6]. Cependant, cet accord n'est pas signé par deux mouvements du Front révolutionnaire soudanais : l'Armée de libération du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan - Nord[5],[6].

Réactions internationales

  • Drapeau des États-Unis États-Unis : la secrétaire d'État Hillary Clinton a appelé le Soudan à retirer ses troupes de la région d'Abyei et dit soutenir la proposition de l'Éthiopie[41]. Le 15 juin, le président Barack Obama appelle par ailleurs les deux camps à un cessez-le-feu, soulignant « qu'il n'y a pas de solution militaire » et en accusant le Nord d'avoir provoqué le conflit[26].
  • Drapeau de l'Éthiopie Éthiopie : le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Dina Mufti, a annoncé que l'Éthiopie était prête à envoyer des troupes de maintien de la paix dans la région si nécessaire et sur demande des deux camps[16].
  • Drapeau du Soudan du Sud Soudan du Sud : le président Salva Kiir Mayardit déclare en qu'il n'y aura pas de nouvelle guerre concernant la région d'Abyei et qu'elle n'empêchera pas l'indépendance du pays[15].

Annexes

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Ethiopia Is Arming South Kordofan Rebels says Ethiopian Officer, Durame, avril 2012.
  2. (en) « South Sudan death toll tops 1,500 - UN », Reuters, 7 juin 2011.
  3. (en) « S.Sudan says 80,000 flee after north takes Abyei », Reuters, 27 mai 2011.
  4. (en) « Bombs hit disputed Sudanese oil town, official says », The Washington Post, 14 avril 2012.
  5. a b et c « Soudan. L’accord de paix doit répondre à la quête de dignité et de justice de la population », sur Amnesty International, (consulté le ).
  6. a b et c « Soudan: accord de paix historique formalisé entre gouvernement et rebelles », sur La Croix, (consulté le ).
  7. a b c d et e (en) « North Sudan takes control key town in Abyei », Reuters, 21 mai 2011.
  8. (en) « North Sudan says its forces seize disputed Abyei », Reuters, 22 mai 2011.
  9. (en) « North Sudan defies U.N., vows to stay in Abyei », Reuters, 23 mai 2011.
  10. (en) « "Horrific" reports of looting, burning in Abyei -U.S. », Reuters, 24 mai 2011.
  11. a et b (en) « Sudan's Bashir says Abyei belongs to north », Reuters, 24 mai 2011.
  12. (en) « UN proposes new peacekeeping force for south Sudan », Reuters, 25 mai 2011.
  13. (en) « S.Sudan says there will be no war over Abyei », Reuters, 26 mai 2011.
  14. (en) « North Sudan says Abyei military operations halted », Reuters, 28 mai 2011.
  15. a et b (en) « North, South Sudan agree demilitarized zone -AU », Reuters, 31 mai 2011.
  16. a et b (en) « Ethiopia to send troops to Sudan's Abyei if asked », Reuters, 31 mai 2011.
  17. (en) « Clashes reported in Sudan flashpoint state », Reuters, 5 juin 2011.
  18. (en) « South Sudan party calls for S. Kordofan ceasefire », Reuters, 8 juin 2011.
  19. a et b (en) « Sudan accuses north of air attack, clashes flare », Reuters, 11 juin 2011.
  20. (en) « North, south Sudan leaders to hold Abyei talks », Reuters, 11 juin 2011.
  21. (en) « Violence roils Sudan oil state, leaders to hold talks », Reuters, 11 juin 2011.
  22. (en) « Sudan's Bashir agrees to Abyei withdrawal-diplomats », Reuters, 12 juin 2011.
  23. (en) « South Sudan says northern aircraft bomb its territory », Reuters, 13 juin 2011.
  24. (en) « North, south Sudan agree to Ethiopia peacekeepers -AU », Reuters, 13 juin 2011.
  25. (en) « South Sudan rebel militia raid kills 29, army says », Reuters, 14 juin 2011.
  26. a et b (en) « Obama calls for ceasefire in Sudan », Reuters, 15 juin 2011.
  27. (en) « Monitor says north army masses in Sudan oil state », Reuters, 19 juin 2011.
  28. (en) « Darfur rebels say Sudan army attacks their positions », Reuters, 19 juin 2011.
  29. (en) « North and South Sudan agree to demilitarize Abyei », Sudan Tribune, 20 juin 2011.
  30. (fr) « Soudan : les habitants du Nil Bleu vivent dans la peur des raids aériens », SlateAfrique, 11 octobre 2011.
  31. (en) « Sudan 'bombs refugees' in South Sudan's Unity state », BBC News, 11 novembre 2011.
  32. (en) « New clashes in South Kordofan leave 19 dead, rebels say », Sudan Tribune, 13 décembre 2011.
  33. (en) « Sudan rebels say behind attack on Sudanese army », Reuters, 28 février 2012.
  34. (en) « South Sudan Accuses North of Bombing Oil Wells », Voice of America, 1er mars 2012.
  35. (en) « Sudan and South Sudan in fierce oil border clashes », BBC News, 27 mars 2012.
  36. (en) « Fighting rages near key Sudan border village », Modern Ghana, 30 mars 2012.
  37. (en) « Sudan bombs disputed oil town, South Sudan says », Reuters, 15 avril 2012.
  38. « Soudans: Quelque 1.200 soldats sud-soudanais tués à Heglig, selon Khartoum », sur 20 minutes, (consulté le ).
  39. Hannah McNeish, « Nouveaux bombardements au Soudan du Sud, son président accuse Khartoum d'avoir « déclaré la guerre » », sur TV5, (consulté le ).
  40. « Soudan du Sud : les bombes de Khartoum ont fait 16 morts », sur Le Parisien, (consulté le ).
  41. (en) « Clinton urges Africa to drop Gaddafi, embrace rebels », Reuters, 13 juin 2011.

Liens externes