Dès les années 1930, on assiste au développement de mouvements nationalistes revendiquant l'indépendance de leur pays ; ils se renforcent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de la conférence de Genève qui, en 1954, met fin à la guerre d'Indochine, les nouvelles puissances asiatiques veulent accélérer le processus d'indépendance.
En 1955, une trentaine de pays asiatiques et africains ont acquis leur indépendance. Le monde est alors dans un contexte de guerre froide opposant le camp soviétique au bloc occidental. Conscients de leur force, ces pays nouvellement indépendants décident alors de tout mettre en œuvre pour aider les autres colonies à acquérir elles aussi leur indépendance. L'Asie a été le premier continent à voir se multiplier de nouveaux États ayant accédé à leur souveraineté aux dépens des puissances coloniales occidentales, ce qui explique la localisation de la conférence à Bandung. Les grands acteurs de cette rencontre sont l'Indien Nehru, l'Égyptien Gamal Abdel Nasser, et le Chinois Zhou Enlai.
Conférence de Bandung
« Une Conférence des Nations afro-asiatiques convoquée par les gouvernements de Birmanie, de Ceylan, de l'Inde, d'Indonésie et du Pakistan s'est réunie à Bandung du 18 au 24 avril 1955 »[1].
Quelques mois plus tard, en décembre 1954, les cinq de Colombo se retrouvent à Bogor, localité proche de la capitale indonésienne Jakarta, pour décider des derniers préparatifs de la conférence, et, notamment, pour établir la liste des pays à inviter à prendre part à la création d'une zone de paix fondée sur les principes de la coexistence pacifique. 25 pays, dont la Chine et le Nord Viêt Nam communistes, sont invités, et, parmi eux, seule la Fédération d'Afrique centrale décline l'invitation.
Vu le pluralisme des langues et des pays, la langue choisie pour les travaux, et la résolution finale, est l'anglais. Les dirigeants et les délégations s'expriment le plus souvent dans les langues nationales, mais déjà certains dirigeants comme Nasser ou Soekarno s'expriment en anglais. Les documents sont traduits et des interprètes sont présents.
Les personnalités participantes
Plus de 2000 personnalités sont présentes, et 400 journalistes[2]. Parmi les noms, les plus célèbres, on peut retenir ceux de :
Hocine Aït Ahmed, représente le FLN algérien, mais n'a pas été invité comme participant officiellement (il est associé à la délégation "invitée" des trois pays du Maghreb)[3].
La conférence condamne la colonisation et l'impérialisme en général, et en particulier l'apartheid en Afrique du Sud. Les pays signataires appellent les pays encore colonisés à lutter pour leur indépendance, tout en privilégiant la solution pacifique et la négociation au conflit armé. Le gouvernement français (Faure II) est notamment pressé de trouver une solution aux problèmes de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Ils rappellent également la volonté de ne pas appartenir à l'un ou l'autre des deux blocs en pleine guerre froide opposant les États-Unis et le bloc soviétique. En outre, la conférence déclare appuyer les droits du « peuple arabe de Palestine ».
Bien que l'historiographie aie considéré pendant longtemps Bandung comme la base du tiers-mondisme, cette hypothèse est fausse. En effet, le terme de « tiers monde » a été conçu en 1952 par Alfred Sauvy pour désigner les pays "sous-développés" marginalisés. Il dénonçait la vision bipolaire du monde en rappelant qu'un "tiers" (troisième) monde existait. Or, cette conférence s'est terminée avec diverses visions du monde, qui ne pouvaient être résumées par un positionnement commun de tous contre les deux blocs de la guerre froide[6].
Conséquences
La conférence contribue à l'accélération du processus de décolonisation et à l'émergence d'un nouveau groupe de pays qui forment le « tiers monde » entre le bloc communiste et le bloc occidental. Dans la continuité, la conférence de Belgrade réunit certains de ces pays en 1961 et pose les bases du mouvement des non-alignés. Cependant, la conférence a mis en lumière les divisions existantes entre les pays plutôt proches d'un des deux blocs ou préférant le non-alignement. Le « non-alignement » est la position de certains États qui refusent de se ranger dans l'un ou l'autre des deux blocs, celui de l'Ouest ou celui de l'Est.
1956 : Malek Bennabi, L'Afro-asiatisme : Conclusions sur la conférence de Bandoeng, Le Caire, Imprimerie Misr, coll. « Études sélectionnées » (no 2), , 350 p. (OCLC491044338)
Hugo Ruiz Diaz et Mireille Mendès-France, L’actualité de Bandung : quelles alternatives à l’ordre mondial libéral ? : XXe siècle : 1955-2005, Web, cadtm, (lire en ligne). Consulté le jeudi 16 avril 2009.
Film du musée de la Conférence afro-asiatique, Bandung, Indonésie [lire en ligne].
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :