La collection d'objets ethnographiques de l'université de Strasbourg réunit quelque 350 pièces d'origine principalement ouest-africaine et malgache, acquises depuis les années 1960. Leur vocation pédagogique est inscrite dans les clauses de leur cession initiale stipulant que « les objets et maquettes cédés devront être présentés au public à l’Institut d’Ethnologie dépendant de la Faculté des Lettres à Strasbourg »[1]. Une salle leur est dédiée en 1966, mais, depuis 1991, ces objets n'ont plus de lieu d'exposition permanent et depuis 2008 ils sont conservés à la Maison Interuniversitaire des Sciences de l'Homme - Alsace (MISHA) et présentés au public lors d'expositions temporaires réalisées par les étudiants : en effet les objets sont aujourd'hui moins utilisés dans l’enseignement ethnologique proprement dit que dans le cadre de formations à la muséologie[2].
Historique
Collection Lebaudy-Griaule
La double dénomination de ce fonds est liée aux circonstances de sa collecte[3]. En 1938-1939 l'ethnologue Marcel Griaule mène une nouvelle expédition en Afrique, la Mission Niger-Lac Iro. Comme elle est financée par Jean Lebaudy, issu d'une famille fortunée d'industriels du sucre, elle prend le nom de Mission Lebaudy-Griaule. L'équipe se rend en pays dogon – où Germaine Dieterlen séjourne longuement –, au sud du Tchad et en pays sara. De nombreux objets rituels sont collectés (cagoules, masques), mais également des artefacts liés à la vie quotidienne, tels que des serrures ou des poulies de métier à tisser. Au retour cette collection privée est d'abord exposée dans le château-musée de l'industriel à Cabrerets (Lot). Lorsque celui-ci vend sa propriété en 1963, il décide de confier – sous condition – les objets au département d'Ethnologie de l'université de Strasbourg, alors dirigé par Dominique Zahan, disciple de Griaule. Les objets sont conservés au Palais universitaire, sans être exposés[4].
L'année suivante une première exposition intitulée L'Art africain est organisée dans une banque strasbourgeoise et le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, nommé docteur honoris causa[5] de l'université de Strasbourg, inaugure l'exposition à cette occasion le [6]. Un lieu – la salle Lebaudy-Griaule – dédié à la présentation permanente de cette collection est inauguré à son tour le . Le professeur Zahan est particulièrement intéressé par la nature de cette collection qui coïncide avec l'orientation symboliste qu'il souhaite donner à son enseignement.
En 1968 le professeur Zahan est nommé à la Sorbonne et les nouvelles orientations théoriques de la discipline l'éloignent désormais de l'approche ethnographique[8]. La collection connaît dès lors une certaine éclipse jusqu'en 1996, date de la première expertise des pièces.
En 1991 un ingénieur agronome, Pierre Malzy, sensibilisé par un enseignant du département d'Ethnologie, fait don d'un ensemble de 242 objets, essentiellement techniques, récoltés au cours de ses séjours en Afrique entre 1930 et 1950[4].
La même année les vitrines de présentation de la collection sont démontées à la suite d'un réaménagement du département : c'est la fin de l'exposition permanente[4].
Années 2000
L'expertise des pièces réalisée en 1996 a conduit à une revalorisation significative de leur estimation. La collection acquiert le statut de collection publique et bénéficie d'un soutien financier dans le cadre du contrat quadriennal 2001-2004 de l’université, ce qui permet de procéder à son inventaire, de photographier l'ensemble des pièces, de numériser ces données, puis de les mettre en ligne.
En 2003 Roger Somé est nommé directeur de la collection. En il fait un don d’objets en provenance du Burkina Faso[4].
Le les trois universités strasbourgeoises fusionnent et la collection ethnographique intègre le réseau des musées et collections de la nouvelle Université de Strasbourg[4].
Principales expositions temporaires
Les expositions sont organisées dans des lieux différents et réalisées depuis quelques années par les étudiants de l'Institut d'Ethnologie, notamment ceux de Masters professionnels tels que « Muséologie : Patrimoines immatériels et collections » et « Épistémologie et médiation scientifique »[9].
↑Roger Somé et Sébastien Soubiran, Des corps-décors : regards croisés d'Afrique : catalogue d'exposition, Musée historique de la Ville de Strasbourg, 30 avril-29 mai 2011, Université de Strasbourg, 2011, 90 p. (ISBN9782354100353) ; article critique d'Odile Goerg, « Intemporelle Afrique au Musée historique de Strasbourg », Africultures, 25 mai 2011 [2]