La vie du chanteur populaire Claude François, de sa jeunesse à Ismaïlia en Égypte, jusqu'à sa mort accidentelle dans son appartement parisien survenue le .
Fiche technique
Titre français : Cloclo
Titre québécois : Cloclo : La fabuleuse histoire de Claude François[1]
Le projet d'un film sur Claude François prend forme en 2002, quand Antoine de Caunes propose à Claude François junior et son frère Marc l'idée de faire un film biographique sur leur père. Ces derniers, intéressés, désirant connaître l'interprète qui l'incarnerait, l'animateur de Nulle part ailleurs suggère alors un acteur belge qu'il avait déjà en tête : Jérémie Renier. Ce que Claude François junior et son frère Marc approuvent : « Il m’a parlé d’un jeune acteur belge qui était en train de monter, et dont la ressemblance avec mon père était troublante. Je ne connaissais pas Jérémie Renier. J’ai vu un de ses films et j’ai tout de suite été convaincu[9] ».
L'année suivante, Claude François junior, producteur de Flèche Productions, et son frère Marc, producteur de 24 C Prod Ed, reçoivent le scénario de Yann Moix, intitulé Podium avec Benoît Poelvoorde dans le rôle d'un sosie du chanteur. Ils se sont alors dit : « qu’un film sur la vie de notre père pouvait encore attendre, alors que ce projet-là, il ne fallait pas le laisser passer [9] ». Le projet est donc stoppé[10].
Sept ans après Podium
Le réalisateur Florent-Emilio Siri croise souvent les producteurs de LGM Productions, Cyril Colbeau-Justin et Jean-Baptiste Dupont, qui lui proposent des films et en discutent au fil des années jusqu'au jour où ils parlent du projet sur la biographie de Claude François en l'invitant à regarder un documentaire sur ce chanteur[11]. Pour le cinéaste, « ce qu’il y a d’important pour un réalisateur, c’est d’avoir quelque chose à dire de personnel dans les films et d’avoir une manière à soi de dire les choses. [Il a] donc essayé, dans un premier temps, de [se] rappeler les souvenirs qu'[il] avait de Claude François »[4].
Grâce aux témoignages de proches du chanteur[12] et par l'intermédiaire d'une émission documentaire de Mireille Dumas que les producteurs lui montrent[13], Florent-Emilio Siri découvre beaucoup d'éléments qu'il ignorait sur le chanteur, et souhaite révéler sur grand écran sa « maniaquerie obsessionnelle ou la mise en scène de son malaise lors d'un concert à Marseille en 1970[14] ». Cette déclaration du réalisateur fait peur aux coproducteurs de Flèche Productions, Claude François junior et Marc François, mais ceux-ci, en fin de compte, acceptent cette vision du film, lors des discussions avec l'acteur Jérémie Renier[10].
Florent-Emilio Siri travaille sur le scénario pendant un an et demi, qui est coécrit avec Julien Rappeneau répondant à l'appel des deux producteurs de LGM Productions[4], et qui relate la vie du chanteur, de son enfance en Égypte jusqu'à sa mort tragique. « Mon idée, en tant que réalisateur, c'était de me mettre dans la peau de Claude François, qui vivait sur un rythme effréné ». Ensemble, ils développent les écritures grâce au soutien de Fabien Lecœuvre, le biographe du "chanteur à minettes"[4].
Attribution des rôles
Fin , Jérémie Renier est officiellement choisi pour incarner Claude François[15], comme le souhaitait Florent-Emilio Siri parce que c'est « un acteur incroyable qui peut tout jouer et en plus c’est un énorme bosseur[16] ». Jérémie Rénier avait reçu une autre proposition pour ce rôle pour un projet non abouti une dizaine d'années auparavant[11]. Comme il connaissait mal la personnalité de Claude François avant de tourner le film, il a été surpris, au fil de ses recherches, de découvrir « un personnage fascinant »[11]. Avant de commencer le tournage, l'acteur a demandé quelques longs jours pour se préparer à rentrer dans la peau du personnage : « J'avais beaucoup de choses à apprendre. Je ne savais ni chanter ni danser ni jouer de la batterie, j'ai donc dû apprendre tout cela. J'ai aussi travaillé mon souffle en faisant beaucoup de séances d'abdos. En tout, j'ai suivi quatre mois de préparation intense, tous les jours. C'était dur, mais j'y ai pris beaucoup de plaisir également. Claude François faisait lui-même beaucoup de sport, il avait une vie très saine, il buvait rarement, ne fumait pas. Il fallait vraiment que je me conforme à tout cela[14] ». Il a donc travaillé pendant six mois le chant, la danse, les abdominaux et le souffle : il pouvait chanter en dansant deux heures en permanence, auprès d'un coach qui lui avait conseillé « des séries montant crescendo jusqu'à 1 200 abdos par jour »[17]. Chaque matin, avant les prises de vues, il doit passer deux heures au maquillage[18].
Sur le conseil de Jérémie Renier[16], le réalisateur a embauché son acteur récurrent Benoît Magimel, au début , pour interpréter Paul Lederman[19], l'imprésario du chanteur. Pour les besoins de son rôle, il a dû prendre quelques kilos et apprendre à s'exprimer avec les gestes et l'accent juif marocain, en ajoutant une perruque bouclée, un faux nez et un faux ventre[14].
Juste après sa prestation dans le film Le Moine de Dominik Moll, Joséphine Japy incarne France Gall, la petite-amie du chanteur dont la rupture inspira à ce dernier la célèbre chanson Comme d'habitude : « Ce fut une révélation. (…) C'est en effet une responsabilité particulière. J'ai essayé de retranscrire ces moments-là de sa vie le mieux possible en évitant de reprendre les clichés[20] ».
Alors que LGM Productions recherchait, en , « Enfant musicien de huit ans, blond, yeux bleus, petit et menu, ayant le sens du rythme et de la danse, musicien : violon (et percussions). Débrouillard et énergique. Une vraie personnalité » pour quatre jours de tournage[21], l'équipe du casting téléphone sur-le-champ aux parents d'un jeune élève du conservatoire de Tourcoing âgé de onze ans après avoir reçu leur mail en : il s'appelle Tom Dufour, correspondant parfaitement au profil de Claude François étant enfant, est officiellement engagé en [22].
Quant aux Clodettes, la chorégrapheMia Frye, elle-même avec son mari Michel Ressiga[25] dirige les danseuses pour le besoin du film, et interprète l'une d'entre elles[9], aux côtés de jeunes nouvelles actrices Sophie Del Rosso et Marydanzaact.
À partir du 3 juin, douze jours durant, l'équipe se retrouve à Dannemois pour les prises de vues au Moulin de Dannemois, l'ancienne résidence secondaire du chanteur. Le jardin et la piscine sont recomposés à l'américaine[30]. Au dernier jour, Michel Drucker, ami proche du chanteur, assiste au tournage. Ému aux larmes en voyant Jérémie Renier maquillé en Claude François, il déclare : « J’ai l’impression de le voir là. Devant moi[18] ».
À vrai dire, Florent-Emilio Siri considère le montage comme un vrai scénario ou un storyboard visuel : « J’écris le film quatre fois. J’écris le scénario, après je storyboarde entièrement le film, après je re-travaille au tournage. Ce storyboard je ne le respecte pas toujours mais c’est une base solide car j’ai déjà imaginé la chose visuellement et m’appuyer dessus et après il y a le montage, c’est l’étape où c’est le film qui décide du rythme. Souvent dans les scénarios, on écrit les débuts et les fins de scènes, parfois au montage tu te rends compte que t’as pas besoin du début et qu’il faut aller directement dans la scène, c’est une question de rythme[34] ».
Le compositeur Alexandre Desplat s'est associé à nouveau avec le réalisateur pour la cinquième fois afin de superviser la musique du film[35] alors qu'il venait tout juste achever les enregistrements pour Extrêmement fort et incroyablement près (Extremely Loud and Incredibly Close, 2011) de Stephen Daldry[5].
Le songbookCloclo, publié aux Éditions Capte Note - Planète Partitions, regroupe les partitions de la bande originale du film ainsi que des tubes de Claude François.
Promotion
La première photo officielle du film est dévoilée, en , par StudioCanal[38], avant que Le Parisien ne publie d'autres photos du tournage, en juin[39].
La production belge Nexus Factory révèle la première affiche du film sur son site[40] qui montre Claude François en pleine répétition d'un concert pendant l'été 1976, au-dessous on peut lire l'accroche suivante : « Destin d'un chanteur populaire ».
Le sur France 2, l'émission C'est au programme diffuse les premières images en exclusivité, ainsi que la présentation de l'affiche officielle du film montrant Jérémie Renier en « chanteur populaire » de profil perdu dans la lueur de l'obscurité[41]. Au mois de , la bande-annonce officielle est diffusée sur les sites web de cinéma où l'on voit défiler la jeunesse, les amours, la carrière, la gloire et la descente aux enfers du chanteur[42].
Accueil
Sortie
Le est marqué par un soudain retour à la douceur dans toute la France, ce jour-là, les terrasses sont pleines, ce qui n'empêchera pas le film de totaliser plus d'un million d'entrées la première semaine. Cloclo fait partie des quinze films français les plus attendus sur les écrans en 2012[43]. Il est sorti le en Belgique[44], en France et en Suisse romande[6] même si, à l'occasion de cette sortie, les avant-premières s'offrent dans six villes dont Strasbourg est la première à projeter le [45] avec la présence de Jérémie Renier et le réalisateur Florent-Emilio Siri à l'UGC Ciné Cité Strasbourg[46].
La distribution canadienne Les Films Séville diffusera le film le sous le titre Cloclo : La fabuleuse histoire de Claude François dans les salles au Québec[1].
La sortie du film en DVD et en Blu-Ray a eu lieu le sous la distribution de TF1 Vidéo.
Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, le film récolte 83 % d'opinions favorables pour six critiques[48].
En France, le site Allociné propose une note moyenne de 3,6⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 25 titres de presse[49].
Dans un entretien à l'Agence France-Presse, le publié par Le Nouvel Observateur, Josette François, la sœur du chanteur et très proche de son frère, declare qu'elle a abandonné toute collaboration au projet en raison de ses désaccords avec ses neveux Claude junior et Marc, avec lesquels elle a « définitivement coupé les ponts »[50].
Avant la sortie officielle, France-Soir considère que « Cloclo va "emballer" les Français »[51]. Pour Le Parisien, Jérémie Renier« incarne un Claude François plus vrai que nature. Cloclo ressuscité ! Clo-clone ! »[52]. Dans la critique du webzine Excessif, c'est « une histoire passionnante, écrite, réalisée et interprétée avec talent »[53]. Le Monde voit plutôt « le résultat est à la fois décevant et, plus encore, déconcertant. (…) Reste, évidemment, l'aspect cosmétique du film. Jérémie Renier campe un "Cloclo" à s'y méprendre (…). À la différence de son modèle, et sans doute faute d'avoir percé ce mystère, Cloclo met en scène un "mal-aimé" qui ne parvient pas à se faire aimer »[54].
Pour Libération, le réalisateur « a l'air de se foutre de Claude François comme de sa première communion. S'il vibre deux minutes en recréant l'ambiance surchauffée d'un live d'Otis Redding, il traite tout le reste sous la forme d'une sitcom détraquée avec, en guise de gags récurrents, un acteur (Jérémie Renier) qui n’est en définitive pas plus crédible (ou pas moins drôle) que Benoît Poelvoorde dans Podium, de Yann Moix, sur un chanteur minable qui se prenait pour Claude François[55] ».
Le premier jour de sa sortie officielle à quatorze heures, Cloclo a recueilli 3 066 entrées pour 27 copies distribuées dans les salles parisiennes[58] et, à ce jour selon les chiffres du CBO Box-office, plus de 110 000 spectateurs dans toute la France[59],[60]. En pleine treizième édition du Printemps du cinéma ayant eu lieu entre le 18 et 20 mars, 670 401 spectateurs ont vu ce film dans 905 salles en cinq jours, se trouvant derrière le film comique Projet X de Nima Nourizadeh avec 439 974 entrées dans 248 salles[61]. Son démarrage est simultanément réussi et confus en comparaison de La Môme d'Olivier Dahan qui, en cinq jours, avait su séduire les 1 211 374 spectateurs en 2007[62].
Suivant CBO Box-office pour la semaine du 14 au , le film en troisième démarrage de l'année compte 1 006 479 entrées dans 905 salles et s'approprie sa première place, détrônant Les Infidèles avec 2 047 319 entrées en trois semaines[63],[64]. En Suisse romande, il dénombre 6 655 entrées en une semaine[65]. La semaine suivante, du 21 au , évincé par l'arrivée de Hunger Games de Gary Ross en première place avec 509 426 entrées, Cloclo se trouve au troisième rang avec 338 417 entrées (soit un cumul de 1 344 896 entrées), devant Projet X[66].
Du 17 au 22 avril a lieu le second Festival Rendez-vous avec le nouveau cinéma français (Rendez-vous, appuntamento con il nuovo cinema francese) à Rome, précisément dans quatre coins de la capitale de l'Italie (Il Cinema Fiamma, la Casa del Cinema, la Villa Medici et le centre Saint Louis), où projettent quarante longs-métrages français dont Cloclo étant présenté par Monica Scattini, Vladimir Consigny et Giovanni Fiore Coltellaci au Cinema Fiamma[68].
La Ferrari 250 GTE de Claude François est immatriculée “8391 BE 75”. Or la série “BE 75” (département de la Seine, englobant Paris) a été attribuée dans le premier trimestre de l’année 1952, année où Claude François, né en 1939, avait 13 ans et était encore écolier en Égypte. D’autre part les toutes premières Ferrari 250 GTE ne sont apparues qu’en 1960, soit huit ans après l’attribution de la série “BE 75”. Ces erreurs chronologiques concernent également plusieurs autres voitures utilisées dans le film[70].
Erreurs sur les faits
Les scénaristes ont pris quelques libertés avec la réalité lors des scènes montrant Claude François, au milieu des spectateurs, assister au premier show de Otis Redding en septembre 1966 à Londres, et avoir subitement l’irrésistible envie de s’entourer lui-même de danseuses pour ses propres concerts.
Les faits réels montrent que, depuis l’été 1966, Claude François se produit déjà sur scène avec deux danseuses, Solange et Siska Fitoussi, sur certaines chansons[71]. L’idée des Clodettes est donc déjà bien avancée[72].
Et c’est dans sa chambre d’hôtel, en regardant à la télévision Otis Redding que Claude François a l’idée d’ajouter deux danseuses noires aux deux danseuses blanches existantes[73],[74].
↑Olivier Delavault, Claude François l’intelligence populaire en chansons, éditions du Rocher, (ISBN978-2-268-108513), janvier 2023, p. 147, interview de Solange Fitoussi : « C’est moi la première à qui Claude a proposé de danser avec lui. La seconde fut ma sœur Siska. (…) Durant le mois d’août nous avons dansé toutes les deux sur quelques chansons. Ce furent les premiers essais. Et comme il a vu que ça marchait on a continué. »
↑Olivier Delavault, Claude François l’intelligence populaire en chansons, éditions du Rocher, (ISBN978-2-268-108513), janvier 2023, p. 144 : « Au cours d’une séance de dessin, comme Michel Bourdais pense qu’un exemple réel serait plus efficace pour comprendre l’ensemble des pas de danse, il demande à l’idole pourquoi il ne ferait pas monter sur scène des danseuses. »
↑Interview de Claude François, 19 mars 1976, Europe 1 : « Dans une émission de télévision en Angleterre, il y avait Otis Redding qui vraiment débutait. C’étaient les balbutiements d’Otis Redding, et il avait derrière lui quatre danseuses noires, des jamaïcaines qui faisaient un petit ballet derrière lui. Je les ai trouvées vraiment fantastiques et j’ai voulu en récupérer un maximum. J’en ai récupéré deux à l’origine. »
↑Olivier Delavault, Claude François l’intelligence populaire en chansons, éditions du Rocher, (ISBN978-2-268-108513), janvier 2023, p. 148, interview de Michel Bourdais : « Claude François est à Londres et dans sa chambre d’hôtel il regarde à la télévision Ready Steady Go ! (…) Otis Redding apparaît pour la première fois sur les écrans britanniques. (…) Au cours de ce show, trois danseuses jamaïcaines évoluent sur certaines des chansons. Les producteurs de l'émission les ont engagées exceptionnellement pour la circonstance. Claude, scotché par la prestation des danseuses, contacte immédiatement les producteurs afin de proposer à ces jeunes femmes de danser avec lui dans ses prochains spectacles. C’est ainsi qu’il passe contrat avec Pat Ker Milicent et Cynthia Rodes. »