Lors de son lancement, la classe Bogatyr est considérée comme une réussite, mais elle est dépassée lorsque la Première Guerre mondiale débute[2]. Les croiseurs protégés de la classe possèdent trois cheminées et disposent d'un gaillard d'avant et d'une poupe relativement courts. Les canons de 152 mm sont disposés de la manière suivante : une tourelle double à l'avant, une autre à l'arrière et huit casemate simples réparties de chaque côté du navire. Les canons de 75 mm sont quant à eux répartis sur le pont supérieur. Le blindage du pont varie de 1,3 pouce (33 mm) à 3,3 pouces (84 mm) au niveau au-dessus de la salle machine. Les tourelles bénéficient d'un blindage de 3,5 pouces (89 mm) à 5 pouces (127 mm) (1 pouce (25 mm) au niveau du toit) et les casemates d'une couche allant de 0,75 pouce (19 mm) à 3,25 pouces (83 mm) selon les endroits. De manière générale, les croiseurs de la classe Bogatyr sont mieux protégés que leurs prédécesseurs[1].
Le Bogatyr et l'Oleg rejoignent la flotte de la Baltique dès leur mise en service. Lorsque les tensions avec l'empire du Japon se font sentir, les deux navires sont transférés en Extrême-Orient et basés à Vladivostok. Ils participent alors à la guerre russo-japonaise : le Bogatyr passe celle-ci en réparations à Vladivostok après s'être échoué dans la baie de l'Amour[1], alors que l'Oleg participe à la bataille de Tsushima. Celui-ci réussit à échapper après la défaite, et rejoint les Philippines où il est interné par la marine américaine le ; il est rendu à la Russie à la fin de la guerre[2]. Les deux navires réintègrent alors la flotte de la Baltique et participent à la Première Guerre mondiale au sein de la première brigade de croiseurs. En 1916 ils sont réarmés et se voient installer des dispositifs de mouillage de mines. En août 1917 les deux navires rejoignent le camp des bolcheviques, et l'Oleg participe activement à la révolution d'Octobre, rejoignant la toute jeune marine soviétique en 1919. Il est finalement coulé le par le patrouilleurbritanniqueCMB-4. Le Bogatyr quant à lui est vendu pour démolition en 1922[3].
L'Otchakov entre en service le à Sébastopol alors qu'il n'est pas entièrement terminé. Trois jours plus tard, une mutinerie éclate à son bord ainsi que sur 6 autres navires. Le croiseur est alors pilonné par l'artillerie des cuirassés restés fidèles aux autorités, et la mutinerie est réprimée. Afin de passer à autre chose, le navire est renommé Kagoul le , et le navire jusqu'alors nommé ainsi est renommé Pamiat Merkouria[3]. Les deux sister-ships rejoignent alors la flotte de la mer Noire[1]. Entre 1913 et 1916 les deux croiseurs reçoivent différentes modifications au niveau de l'armement. Le , après la révolution de Février, le Kagoul retrouve son nom d'Otchakov. Dès avril, les deux navires arborent les couleurs de la marine de la jeune République populaire ukrainienne avant d'être capturés par les Allemands à Sébastopol. En novembre 1918 ils sont rendus aux Alliés et rejoignent la flotte de l'Armée blanche. L'Otchakov et est alors renommé Général Kornilov[3]. Interné par les Français à Bizerte le , il est rendu aux Soviétiques en 1924 avant d'être finalement démoli en 1933[2]. Le Pamiat Merkouria est quant à lui recapturé par les Soviétiques en novembre 1920, renommé Komintern et mis en service dans la marine soviétique le . Complètement remis à neuf en 1932, il est expérimenté comme transport d'hydravions de 1936 à 1937. Converti en navire-école en 1939, il participe à la défense de Sébastopol en 1942 avant d'être endommagé par des bombardiersallemands à Novorossiïsk puis à Poti. il est alors retiré du service, désarmé, et coulé comme brise-lames dans l'estuaire de la Khobi(en). Il est finalement renfloué en 1958 afin d'être démoli[4].