En , la ville impériale libre de Strasbourg est convoitée par le royaume de France entre autres pour des raisons stratégiques : surveillance du Rhin et de la Basse-Alsace (après la perte de la place-forte de Philippsburg en ). La reddition de la ville se fait le et, dès le , Vauban et Louvois étudient la ville et ses fortifications[2] ; Vauban rédige alors un rapport manuscrit intitulé « Situation de Strasbourg, ses défauts et ses avantages. Et les propriétés générales et particulières de la fortification, après l’exécution de son projet achevé »[2],[3].
Le chantier commence donc rapidement et plus de trois mille hommes sont employés pour bâtir cette citadelle, tandis qu’un millier travaillaient à la forteresse de Kehl de l’autre côté du Rhin[3]. Pour le chantier fut creusé le canal de la Bruche[3].
La première ligne s'inscrit dans un pentagone régulier, elle comporte cinq courtines et cinq bastions (68, 70, 72, 74, 76).
Les bastions sont à orillons selon le modèle typique du premier système de Vauban. Les deux bastions côté ville (70 et 72) sont surmontés d'un cavalier. Chaque courtine est également protégée par une tenaille à flancs.
La citadelle de Strasbourg avait deux portes principales et une porte annexe. Une des portes principales était orientée vers la ville tandis que l’autre s’ouvrait à l’est vers le Rhin (il s’agit de la porte autour de laquelle s’est organisé le parc de la Citadelle).
Le bastion Est sur le front de Kehl (76) est protégé par un ouvrage à cornes simple doté de deux demi-bastions à orillons (55 et 56) sur le même modèle que ceux de la ligne principale et une demi-lune devant la courtine de l'ouvrage.
La ligne extérieure consiste en un glacis englobant la citadelle et l'ouvrage à cornes. Des traverses composées d'un parapet et d'une banquette sont disposées en travers des chemins couverts aux saillants et rentrants pour protéger les défenseurs du tir en enfilade et constituer un retranchement.
Le front est (vers Kehl) est renforcé par la présence de trois lunettes (49, 50, 51) englobées par un second glacis[a] et une redoute placée en avant (48).
L'esplanade et la liaison avec l'enceinte urbaine
La citadelle est séparée de la ville par une esplanade obligeant l'ennemi qui aurait pris la ville ou les habitants en cas de révolte à attaquer à découvert comme sur les fronts côté campagne. Elle est néanmoins reliée à la ville par deux murs dits de communication. Ces murs constituent le prolongement d'une des faces des deux bastions de communication (face droite du bastion 77 et face gauche du bastion 78). Ces murs sont remparés sur une partie de leur longueur côté ville et constitué d'un simple mur de faible hauteur en maçonnerie pour le reste côté citadelle, la citadelle n'étant pas intégrée dans l'enceinte urbaine, les parties des deux murs de communication côté citadelle sont volontairement laissées faibles par Vauban pour être facilement démolies et ne pas constituer un avantage pour l'ennemi en cas d'attaque depuis la ville.
Lors de la guerre de 1870, Strasbourg fut assiégée. De nombreux tirs de l’alliance germanique lors des bombardements d’août et septembre 1870 visèrent la citadelle, qui fut partiellement détruite.
Dans le cadre de l’urbanisation de la ville, des vestiges de la citadelle furent détruits, ceci dès 1896[5].
La Porte, le mur d'escarpe de la courtine et des bastions 27 et 28, et le fossé jusqu'à la crête du chemin couvert sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 27 avril 1922 tandis que les bastions 27 et 28 et la demi-lune sont classés par arrêté du 14 octobre 1932[1].
Depuis les années 1960, le parc est aménagé en jardin public[6],[7] autour des vestiges de fortifications.
↑ a et b« Vauban à Strasbourg » [archive du ], sur archives.strasbourg.fr, archives municipales de Strasbourg (consulté le ) : « Le 3 octobre 1681, trois jours après la capitulation de Strasbourg, Vauban inspecte une partie de la place et les environs avec Louvois. Peu de temps est alloué à Vauban pour dresser le projet des nouvelles défenses de Strasbourg qui devait être proposé au roi dont l’arrivée en Alsace était prévue pour le 14. Effectivement, le maréchal présente son étude au souverain le jour retenu. De fait, le dossier sur les nouvelles fortifications composé de plans, d’une instruction générale et d’un mémoire, est terminé le 9 octobre 1981. Recopié pour être présenté au roi, le projet de Vauban est intitulé « Scituation de Strasbourg, ses deffauts et avantages. Et les propriétés généralles et particulières de la fortification, après l’exécution de son projet achevé ». »
↑ ab et c« Vauban en Alsace » [archive du ], sur ec-widensolen.ac-strasbourg.fr (consulté le ) : « Des travaux entrepris par 3.000 hommes de la citadelle, plus 1.000 pour la fortification de Kehl. »
↑Louis Susane, Histoire de l'ancienne infanterie française, tome 4, 1851, page 19.