Le plan-relief est un mode de représentation géographique en relief sous forme de maquette à l'échelle. Il fut d'abord un outil militaire utilisé pour visualiser des projets d'aménagements ou des campagnes concernant des sites fortifiés.
Le tourneur sur bois Jakob Sandtner(de) (fl. 1561-1579) réalisa les plans-relief de plusieurs villes de Bavière.
En France, une collection de plans-reliefs des places fortes a été constituée en 1668 à l'initiative de Louvois ministre de la guerre de Louis XIV, le roi ne sortant plus beaucoup de son cabinet de travail à la fin de son règne. À l'échelle unique du 1/600 (ce qui correspond à l'échelle de 1 pied pour 100 toises) depuis 1680, elles constituent un témoignage de l'état de ces villes ou forteresses à cette époque. Selon l'inventaire dressé par Vauban en 1697, la collection, installée au palais des Tuileries, comportait 144 plans-reliefs. Des ingénieurs topographes réalisaient un relevé minutieux du terrain, des bâtiments (relevés au nombre de fenêtres près) puis ces données étaient livrées à des modeleurs, menuisiers (les plateaux sont en bois de chêne décoré avec de la soie, les maisons en tilleul), décorateurs qui mettaient plusieurs années à fabriquer et mettre à jour ces plans[2].
Ses successeurs contribuèrent à étendre la collection par nécessité opérationnelle jusqu'en 1870 où la puissance de l'artillerie nouvelle (apparition du canon rayé tirant jusqu'à 6 km) et la naissance des cartes d'état-major mettaient en cause leur utilité, mais aussi parce que ces plans ont toujours constitué des objets de prestige, comme l'attestent les plans-reliefs de Brest (1811) et de Cherbourg (1811-1813) à la taille monumentale due aux progrès de l'artillerie qui impliquait de faire figurer les forts et batteries éloignés. Tombés en désuétude, certains furent détruits mais la collection fut classée Monument historique le [3].
Affaire des plans-reliefs
En 1983, Pierre Mauroy, alors Premier ministre, souhaite accueillir à Lille la maquette de la ville entreposée dans les combles des Invalides depuis 1777. Jack Lang, ministre de la culture, propose que l'ensemble de la collection soit transférée à Lille au titre de la décentralisation, 40 plans-reliefs sur 100 concernant des villes du Nord, de Belgique et des Pays-Bas[4]. Dans une lettre d', le comité de décentralisation autorise le transfert des maquettes. Le déménagement commence en et, le , les premières maquettes arrivent à l'Hospice général de Lille[5]. Le transfert soulève alors une vive polémique attisée par le contexte de campagne électorale des législatives de 1986 et, dès le changement de majorité, son principe est remis en cause par le nouveau gouvernement[6]. Le conflit se dénoue par une convention conclue le entre l'État et la ville de Lille, qui règle le contentieux de la manière suivante : « La collection demeure propriété de l’État. Cependant l’État met en dépôt au musée des beaux-arts de Lille dix-neuf maquettes représentant des places fortes de la frontière française du Nord-Est, de Belgique et des Pays-Bas », l'essentiel de la collection devant être réinstallé à l'hôtel des Invalides, dans un musée des Plans-reliefs agrandi[7]. Ce sont finalement seize plans-reliefs qui sont concédés à Lille, les autres étant rapatriés à Paris.
Conservation
Il subsiste aujourd'hui en France une centaine de ces plans-reliefs conservés, pour la plupart, au Musée des Plans-reliefs aux Invalides
Le plan-relief original de Bitche (Moselle), achevé aux Invalides en 1794 et classé Monument historique en 1983, est présenté au public dans la chapelle restaurée de la Citadelle de Bitche[12] dans la Moselle. Un autre plan-relief de Bitche fut réalisé au milieu du XIXe siècle, il est aujourd'hui entreposé au Invalides.
Une réplique du plan-relief de Metz (Moselle) est abrité dans les locaux du service urbanisme de la ville[13].
Le Plan Lavastre, plan-relief du centre-ville de Marseille, réalisé entre 1848 et 1850 à l'échelle 1/200e, par Jean-Baptiste Fortuné Lavastre (1815-1869), documente outre l'urbanisme pré-haussmannien, les journées insurrectionnelles des 22 et à Marseille, soit avant les émeutes de Paris.
Fortifications (Copie du Plan relief de Maastricht)
Paysage périphérique à la ville de Maastricht
Vue générale de Maastricht
Les plans-reliefs en bronze de Bordeaux
En 2009, la ville de Bordeaux inaugure plusieurs plans-reliefs en bronze qu'elle a commandées au sculpteur girondin François Didier[15]. Conçus en étroite collaboration avec le GIPHP (Groupement pour l’Insertion des Personnes Handicapées Physiques) et l’UNADEV (Union Nationale des Aveugles et déficients Visuels), ces plans-relief permettent aux visiteurs de découvrir d’un simple coup d’œil (pour les voyants) et par le toucher (pour les déficients visuels) l’architecture et la situation des principaux monuments présents sur trois places de Bordeaux : place de la Comédie, place du Palais et place Jean Moulin[16]. Les sculptures en bronze, pesant chacune 300kg, ont été réalisées à la Fonderie des Cyclopes, fonderie d'art mérignacaise.
En 2020, un quatrième plan-relief est installé au pied de la Cité du vin, dans le quartier de Bacalan[17].
Documentaire
2018 : Le retour des plans-reliefs de Valéry Gaillard.
Notes et références
↑Sylvain Kahn, « La France mise en relief : le choix des cartes », émission Planète Terre sur France Culture, 25 janvier 2012
↑Max Polonovski, directeur des musées des Plans-Reliefs, « Un trésor fragile : les plans-reliefs de Louis XIV à Napoléon III », émission Au cœur de l'histoire, 2 février 2012
↑« Le plan-relief », in Les Collections du musée historique de la ville de Strasbourg : de la ville libre à la ville révolutionnaire, Strasbourg, musées de la ville de Strasbourg, 2008, p. 150-189 (ISBN2-35125-053-2)
↑« Culture / musées de la cour d’or. Le plan-relief de Metz quitte la chapelle des Petits-Carmes », Le Républicain lorrain, (lire en ligne, consulté le ).
Honoré Bernard, Philippe Bragard, Nicolas Faucherre (et al.), Plans en relief : villes fortes des anciens Pays-Bas français au XVIIIe s., Musée des beaux-arts de Lille, 1989, 158 p. (ISBN2-902092-09-1) (catalogue de l'exposition qui s'est tenue au Musée des beaux-arts de Lille du à )
Caisse nationale des monuments historiques et des sites, « Les plans-reliefs », numéro spécial de Monuments historiques, no 148, , 115 p.
René Faille, Le plan relief de Cambrai, Les Amis du Cambrésis, 1975-1990, 2 fasc., 1. Fortifications et bâtiments militaires (7 p.) ; 2. Monuments civils et religieux (19 p.)
Nicolas Faucherre, Guillaume Monsaingeon et Antoine de Roux, Les plans en relief des places du roy, Centre des monuments nationaux, Biro Éditeur, 2007, 159 p. (ISBN978-2-85822-936-9)
Nicolas Faucherre, Note sur Louvois et les plans en relief. In: Histoire, économie et société, 1996, 15e année, no 1. Louvois. p. 123-124. DOIhttps://doi.org/10.3406/hes.1996.1858
J. Favier, « Un plan en relief de la ville de Nancy, à Notre-Dame de Lorette, en 1658 », in Journal de la Société d'archéologie lorraine, 1889
Christiane Lesage, « À propos du plan en relief de Lille : carton de sol, sa copie et le plan dit de 1745 », in Bulletin de la commission historique du département du Nord, tome 48, 1994-1995, p. 61-75
Pâris (vice-amiral), Notice du plan en relief du Canal Maritime de Suez : exposé dans le Musée de marine, C. de Mourgues Frères, Paris, 1882, 124 p.
« Le plan-relief », in Les Collections du musée historique de la ville de Strasbourg : de la ville libre à la ville révolutionnaire, Strasbourg, musées de la ville de Strasbourg, 2008, p. 150-189 (ISBN2-35125-053-2)
Antoine de Roux, Perpignan à la fin du XVIIe siècle : le plan en relief de 1686, Caisse nationale des monuments et des sites, Mission d'aménagement du Musée des plans-refiefs, 1990, 64 p.
Manuel Royo, Rome et l'architecte : conception et esthétique du plan-relief de Paul Bigot, Centre d'études et de recherche sur l'antiquité et les mythes, Université de Caen Basse-Normandie, Presses universitaires de Caen, 2006, 227 p. (ISBN2-84133-239-X)
Louis Trénard, « Le plan en relief de Lille, expression d'un patrimoine urbain », in Revue du Nord (Villeneuve d'Ascq), 1992, tome LXXIV, no 295,