Actuellement, le pourcentage du box-office du cinéma espagnol se maintient depuis quelques années entre 10% et 20%, ce qui se traduit par un sentiment de crise qui s'étend ces derniers temps.
Histoire
Le cinéma muet (1896-1930)
La première exposition cinématographique en Espagne aura lieu à Madrid en 1896 à l'hôtel Russia de la rue San Jerónimo[1]. Les premiers lieux improvisés en salles de cinéma à l'aube du siècle dernier étaient d'anciens cafés ou cafés-théâtres reconvertis pour la projection de films. Même dans l'après-guerre, les locaux les plus variés étaient utilisés, sous les bâtiments, les garages et même les casernes[1].
Fructuós Gelabert est connu comme le père du cinéma espagnol. Il a réalisé de nombreux films documentaires et a tourné à partir de 1897 les premières fictions espagnoles. Autre réalisateur pionnier, Segundo de Chomón a contribué, à l'instar de Georges Méliès en France, à développer les trucages cinématographiques dans des films fantastiques comme La Maison ensorcelée ou Hôtel électrique. En 1914, Barcelone est le centre de l'industrie cinématographique d'Espagne, accueillant plusieurs sociétés de productions (dont la Barcinografo).
Dès les années 1910 et 1920, et durant toute la période franquiste, le folklore local, le caractère espagnol sont prédominants dans la production cinématographique, jusqu'à en être exagérés dans les « espagnolades ». On trouve ainsi :
des drames historiques comme Vida de Cristóbal Colón y su descubrimiento de América (1917) du Français Gérard Bourgeois
des adaptations folkloriques comme Los misterios de Barcelona (1916) de Alberto Marro
des adaptations d’œuvres théâtrales comme Don Juan Tenorio de Ricardo Baños
des opérettes espagnoles
En 1928, Ernesto Giménez Caballero y Luis Beluga fonde le premier cinéclub à Madrid. La capitale devient dès lors le premier centre industriel cinématographique. Cette même année est placée sous le signe du premier film sonore du ciné espagnol avec la réalisation de El misterio de la Puerta del Sol de Francisco Elías Riquelme. L'année 1930 est marquée par le drame rural (genre fécond dans la production espagnole à venir) avec La aldea maldita réalisé par Florián Rey qui a connu un réel succès à Paris.
En 1931, l'arrivée de productions sonores étrangères fait plonger l'industrie du cinéma espagnol, qui se réduit à uniquement quatre titres.
L'année suivante, Manuel Casanova fonde la Compañía Industrial Film Española S.A.(CIFESA) (Compagnie Industrielle du Film Espagnol), la production la plus importante de droite. Six films ont été tournés dont la première œuvre documentaire de Luis BuñuelTerre sans pain (Las Hurdes).
17 films ont été tournés en 1937 et 21 en 1934 dont le premier succès du cinéma sonore espagnol La hermana San Sulpicio (1934) de Florián Rey, même si Mallorca de Maria Forteza, court-métrage de 8 minutes, serait antérieur au film de Florián Rey et ainsi, le premier film sonore espagnol[2].
La production de films ne cesse d'augmenter jusqu'à 24 œuvres en 1935. Pendant ces années de productions, les réalisateurs qui sont parvenus à obtenir l'approbation du public populaire, comme Benito Perojo à qui on doit El negro que tenía el alma blanca (1934) et La verbena de la Paloma (1935), le principal succès du cinéma espagnol à cette période, contribuent au développement de l'industrie du cinéma espagnol.
Cela aurait pu être le début de la consolidation de l'industrie cinématographique espagnole, cependant le début de la guerre civile interrompt ce progrès.
Pendant la guerre et le franquisme
Lors de cette période de guerre apparaît un nouveau genre cinématographique : le cinéma de propagande. En effet, avec l'arrivée de Francisco Franco au pouvoir, les cinéastes de cette époque se retrouvent dans une impasse et n'ont que trois possibilités : cesser toute production, faire des films correspondant aux demandes franquistes de l'époque ou l'auto-censure. La plupart choisissent l'auto-censure mais certains décident de se conformer aux exigences de Franco, tel que José Luis Sáenz de Heredia (qui n'a d'ailleurs jamais cessé de produire des films de ce genre) grâce à qui le film Raza voit le jour. Ce film de 1942, écrit par Franco sous un pseudonyme, est l'image de ce qu'est un bon citoyen espagnol selon le Caudillo, d'un bon peuple espagnol et donc, d'une bonne force militaire espagnole. Il véhicule également une image d'une Espagne très catholique, d'où le fait que cette époque soit qualifié par le terme de "national-catholicisme". Un autre film est ensuite produit par ces deux mêmes : Espíritu de una raza.
Le destape est une forme de cinéma érotique espagnol apparu progressivement à partir de la suppression officielle de la censure après la mort de Francisco Franco en novembre 1975. Le genre était à l'époque très prolifique : rien qu'en 1976, près de cinquante des films produits appartenaient à ce genre.
Pedro Almodóvar reste le plus célèbre cinéaste espagnol en activité, chacun de ses films constituant un évènement pour le cinéma mondial : après l'énorme succès de Parle avec elle en 2002, qui lui vaut un second Oscar, il tourne le film choral féminin Volver en 2006, le thriller La piel que habito en 2011, ou encore les drames d'inspiration autobiographique La Mauvaise Éducation en 2004 et Douleur et Gloire en 2019.
↑ a et b(es) « Apuntes para la historia de los cines de Laviana y Aller », La Nueva España, (lire en ligne, consulté le )
↑(es) « La filmoteca rescata durante el coronavirus la primera pelicule sonora dirigida por une española », El Pais, (lire en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
(es) Luis Enriquez Ruiz, El cine mudo español en sus películas, Ediciones Mensajero, 2004. (ISBN8427125712)
(es) Palmira González López et Joaquín T. Cánovas Belchi, Catalogo del cine español. Películas de ficción, tome 2 (1921-1930), La Filmoteca Española, 1993. (ISBN84-86877-12-1)
(es)Ángel Luis Hueso, Catalogo del cine español. Películas de ficción, tome 4 (1941-1950), Ediciones Cátedra et La Filmoteca Española, 1998. (ISBN84-376-1690-5)
(es) Luis Gasca, Un siglo de cine español. Un catálogo completo de toda la producción cinematográfica de nuestro país, Éditorial Planeta, 1998. (ISBN84-08-02309-8)
(es) Pascual Cebollada et Luis Rubio Gil, Enciclopedia del cine español : Cronología, Ediciones del Serbal, 1996. (ISBN84-7628-165-X) (2 volumes)
(es) José Luis Borau, Diccionario del cine español, Alianza Éditorial, 1999. (ISBN84-206-5257-1)
(es) José Luis López, Diccionario de películas españolas, Ediciones JC, 2000. (ISBN84-89564-22-1)
(es) María Luisa Martínez Barnuevo, El cine de animación en España (1908-2001), Fancy Ediciones, 2003. (ISBN8495455269)
(fr) Emmanuel Larraz, Le Cinéma espagnol des origines à nos jours, Paris, Cerf, 7e Art, 1986. 341p.
(fr) Erwann Lameignère, Le Jeune cinéma espagnol des années 90 à nos jours, Séguier, 2003, 204 p.
(fr) Jean-Claude Seguin, Histoire du cinéma espagnol, Paris, Armand Colin, Collection 128 Cinéma, 2005, 128 p. (ISBN2-200-34213-6)
(fr) Jocelyne Aubé-Bourligueux, Gérard Cornu, Pilar Martínez-Vasseur, Antoine Resano, Cinéma, écriture et histoire dans Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodóvar, Voix Off 1, CRINI, Université de Nantes, 1997, 151 p. (ISBN2-86939-118-8)
(fr) Jocelyne Aubé-Bourligueux, Gérard Cornu, Emmanuel Larraz, Pilar Martínez-Vasseur, Le sexe, le rire et la mort. Essai sur Le Bourreau de Luis García Berlanga, Voix Off 2, CRINI, Université de Nantes, 1999, 145 p. (ISBN2-86939-145-5)
(fr) Jocelyne Aubé-Bourligueux et Gérard Cornu, La mémoire et l'œuvre. Deux essais sur ¡Ay Carmela! de Carlos Saura, Voix Off 3, CRINI, Université de Nantes, 2001, 99 p. (ISBN2-86939-167-6)
Coord. Dolores Thion, Le cinéma espagnol des années 90, Voix Off 4, CRINI, Université de Nantes, 2003, 156 p. (ISBN2-86939-193-5)
Coord. Dolores Thion, Chronique d'un desamor : le cinéma espagnol entre deux siècles, Voix Off 6, CRINI, Université de Nantes, 2004, 253 p. (ISBN2-86939-210-9)
Coord. Dolores Thion, Temps, mémoire et représentation. L'avant scène du cinéma espagnol, Voix Off 7, CRINI, Université de Nantes, 2005, 141 p. (ISBN2-9521752-4-1)