Il suit les cours de l'École des beaux-arts de Paris et expose ses tableaux au Salon parisien de 1843 à 1864[1]. Il y obtient en 1850 une médaille de 3e classe. Il présente quelques gravures : Vue de la cité (1859), La Porte royale de la cathédrale de Chartres (1861). En 1847 il obtient la commande de copies du Portrait de Louis-Philippe d'après Franz Xaver Winterhalter.
Ses tableaux et ses gravures se trouvent essentiellement dans deux musées :
Musée d'art et d'histoire de Provence à Grasse qui conserve un fonds important de son œuvre picturale : Vue des remparts d'Antibes, Le quartier des moulins à Grasse, Portrait du général Comte Gazan de la Peyrière, Étude pour la mort de saint Paul, La mort de saint Paul, Étude de tête de moine, Léda et le cygne, La mort de Coronis, mère d'esculape etc.
Musée Ingres à Montauban qui possède plusieurs gravures ou estampes : Cathédrale de Chartres, porche méridional[2], Cathédrale de Chartes, façade occidentale, porte latérale[3], Portail de l'église Saint-Trophime d'Arles etc.
Esprit curieux, Charles Nègre est attiré par la photographie naissante. Au début, il pense que cette technique peut l’aider à réaliser ses tableaux. Lorsqu'il découvre la photographie en 1844, il écrit dans son Mémoire sur l'héliogravure« Je fus frappé d'étonnement à la vue de ces merveilles et, entrevoyant l'avenir réservé à cet art nouveau, je pris la résolution d'y consacrer mon temps et mes forces »[5]. Toutefois, il en découvre vite les autres possibilités et va pratiquer la photographie comme un art à part entière qui assure sa réputation à Paris. Il est sans conteste l'un des artistes les plus doués de cette génération de pionniers de la photographie.
Il met au point son propre procédé de gravure héliographique avec passage dans un bain d'or pour produire des œuvres qui « réunissent la finesse et la précision de la photographie à la fermeté et à la profondeur des teintes de la gravure ».
Une épreuve sur papier salé de septembre ou novembre 1851 de ses Ramoneurs en marche[6] illustre cette démarche. Probablement réalisée comme étude pour un tableau, cette série de photographies est considérée comme une étape importante de l’histoire de la photographie car représentant un des tout premiers essais de rendu du mouvement.
En 1851, contrarié de ne pas faire partie de la commande de l’État qu’on nommera plus tard la Mission héliographique, Charles Nègre décide de sa propre initiative de photographier le littoral du Sud-Est de la France. Il est ainsi le premier photographe à avoir parcouru les Alpes-Maritimes juste après la création du département. Il exécute également une première série de clichés de bâtiments, ruines et paysages du Midi de la France en 1852[7], puis reçoit une série de commandes de l'État français : en 1854 pour la cathédrale de Chartres, en 1858 pour des reproductions d’œuvres d’art du Louvre, et pour les nouveaux bâtiments intérieurs de l’asile impérial de Vincennes. En 1865, il est engagé par le duc de Luynes pour produire en héliogravure les planches du Voyage d’exploration à la mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain, qui est publié de 1871 à 1876 par Arthur Bertrand[5]. Ses travaux paraîtront sous forme d'albums aux éditions d'art d'Adolphe Goupil après 1853.
En 1863, sa santé vacillante le ramène dans sa région natale. Il se retire à Nice[9]. Il obtient un poste de professeur au Lycée Impérial de Nice et ouvre un atelier, 3 rue Chauvain[10].
Jusqu'à sa mort, il réalise, dans un souci de documentation systématique, une grande série de photographies de Saint-Raphaël à Menton. C'est dans les scènes de genre empruntées au quotidien de la rue qu'il excelle.
Mort dans l’oubli dans sa ville natale, Charles Nègre ne sera redécouvert qu’en 1936, à la faveur de grandes expositions photographiques organisées à Paris et à New York.
Son petit-neveu, Joseph Nègre s’efforcera toute sa vie de promouvoir l'œuvre de son grand oncle. En 1991, il publie son livre La Riviera de Charles Nègre, reproduisant plusieurs clichés de la Côte d'Azur et de son arrière-pays.
Collections
En mars 2022, un ensemble de photographies de Charles Nègre est vendu aux enchères à Paris par Sotheby's lors de la vente des collection d'André Jammes[12].
↑André Alauzen et Laurent Noet, Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Marseille, Jeanne Laffitte, (1re éd. 1986), 473 p. (ISBN978-2-86276-441-2), p. 334
Grégory Couderc, Cindy Levinspuhl et Olivier Quiquempois, Charles Nègre : un artiste protéiforme. Les fonds de la ville de Grasse (catalogue d'exposition), Dijon, Éditions Faton, , 62 p. (ISBN978-2-87844-292-2).
Françoise Heilbrun et Philippe Néagu, Charles Nègre : photographe 1820-1880 (catalogue d'exposition), Paris, Réunion des musées nationaux, coll. « Les dossiers d'Orsay » (no 2), , 379 p. (ISBN2-71180-164-0).
Alain Lefeuvre, Nice 1863-1900 : de Charles Nègre à Jean Giletta, Nice, Théâtre de la photographie et de l'image, , 96 p. (ISBN2-903574-49-9).
Joseph Nègre, La Riviera de Charles Nègre, préface de Louis Nucéra, Aix-en-Provence, Édisud, 1991 (ISBN2-85744-536-9)
Jean-Paul Potron, « Charles Nègre et les Alpes-Maritimes, regards d'un pionnier de la photographie sur sa terre natale », dans Nice historique, 2010, no 4, p. 335-377 (Lire en ligne).
Alain Sabatier et Christian Zerry, Charles Nègre : la révolution photographique, Nice, Éditions Campanile, , 231 p. (ISBN978-2-36993-065-5).
Articles connexes
Autres photographes français du milieu du XIXe siècle