Charles est le fils d'Albert Lieby, batelier, et de Cécilia Loos, il naît alors que la péniche familial est à quai à Mittersheim[1].
Il entame une scolarité primaire allemande, jusqu'en 1918, puis française dans diverses écoles d'Alsace. En 1924, à 16 ans, il devient à son tour batelier[2].
En , il épouse Hélène Huisa, d'origine autrichienne[1].
En , il est contacté, avec son beau-frère Emile Wendling, par le résistant Arthur Bossler pour faire passer des prisonniers de guerre (PG) évadés en Suisse. Les deux bateliers s'engage ainsi dans l'aide à l'évasion, leurs péniches transportent les évadés jusqu'à Bâle en Suisse[2].
En , Emile Wendling demande à Charles Lieby de transmettre des documents à la propriétaire d'un négoce de Bâle, madame Schneider, contact du réseau de Lucien Jacob. Parmi ces documents se trouve une liste des agents allemands infiltrés en zone libre fournie par Georgette Schenk qui travaille au service 8 des laissez-passer[2].
A Bâle, Charles Lieby rencontre un agent britannique nommé Frenken qui lui demande de transporter un sac de revues intitulées Neptune, La France libre et Le Courrier de l'air[1],[3].
Les 26 et , le groupe comparait, pour espionnage, devant le 4ème Sénat du Reichskriegsgericht, présidé par le juge Biron. Charles Lieby, comme les trois autres bateliers, est condamné à la peine de mort pour « intelligence avec l'ennemi et haute trahison »[4], ainsi qu'au paiement de 800 Reichsmarks et 40 Francs suisses devant servir à récompenser le ou les dénonciateurs. Le , le recours en grâce est rejeté[1],[2],[3].
Il est incinéré le . Le , l'urne est déposée au cimetière Sainte-Gertrude[2],[3]. Elle est rapatriée en France le et déposée au cimetière Nord de Strasbourg en [1].
Après-guerre
Après sa mort, Charles Lieby est victime de deux erreurs :
Son urne est déposé au cimetière dans le secteur réservé aux étrangers alors que les Alsaciens sont considérés par les nazis comme Allemands. L'erreur est corrigée, en par la commission française de recensement des tombes[1].
Au moment de l'attribution de sa médaille militaire, le , le décret précise : « Magnifique patriote, membre de la Résistance intérieure française. Déporté le 29 octobre 1942 dans un camp de concentration, est mort pour la France le 27 septembre 1943 ». Charles Lieby n'a jamais été envoyé en camp de concentration[1],[2],[3].
Reconnaissance
Le , Charles Lieby est cité à l'ordre du corps d'armée[2]:
« Fervent patriote, a fait partie d'une importante filière de rapatriements de prisonniers évadés. S'est occupé particulièrement de leur passage de la frontière suisse sur son bateau.
Arrêté le 29 octobre 1942, a été condamné à mort par le Reichskriegsgericht de Berlin pour haute trahison et exécuté le 27 octobre 1943 à Halle-sur-Saale.
Par son patriotisme, son intelligence et son dévouement de tous les instants, a bien servi la cause de la Résistance. »
Distinctions
Il est reconnu « mort en déportation »[5] et « déporté résistant »[6].
↑Pour les nazis, les Alsaciens sont considérés comme étant Allemands. Leur région est annexée de fait au début de la guerre et les résistants alsaciens sont considérés comme des traitres.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
Léon Strauss et Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Charles Lieby », dans Eric Le Normand, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN978-2-915742-32-9).
Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillés ou déportés: Résistants et héros inconnus 1939-1945, Le Cherche midi, (ISBN9782749120676, lire en ligne), « Lieby Charles ».