Les bénédictins, installés dans des abbayes au centre du Vivarais, dès le IXe siècle et jusqu'au XIIe siècle, commencèrent à greffer des châtaigniers constituant les premières châtaigneraies exploitées[6]. Mais ce ne fut qu'après la guerre de Cent Ans que la culture des châtaigniers progressa vers la partie méridionale du Vivarais, au sud d'Aubenas, au cours du XVe siècle. À la même époque, la châtaigneraie se développa vers le nord du Vivarais mais de manière plus lente. L'essor de cette culture perdura jusqu'au XIXe siècle, où le châtaignier fut surnommé « l'arbre à pain », car ses rendements étaient plus importants que ceux des céréales[6].
Les agriculteurs du département jugèrent qu'il était important et nécessaire pour préserver la source de leur revenu en mettant en place une préservation l'appellation d'origine « châtaigne de l'Ardèche ». Par le biais de leur syndicat, ils déposèrent en auprès de l'INAO un dossier pour faire reconnaître la spécificité de leur production brute et transformée. L'institut national donna son accord de principe lors d'une session le pour la châtaigne fraîche. Deux ans plus tard, le , un complément de dossier fut avalisé pour les châtaignes sèches, les brises de châtaignes, la farine de châtaignes, les châtaignes entières écalées et la purée de châtaignes[7]. Des experts furent envoyés sur le terrain, dès le pour juger du bien-fondé historique de la délimitation territoriale exposée dans le dossier et le , l’INAO put valider le cahier des charges remis par le syndicat des agriculteurs ardéchois. Les décrets relatifs à la protection de l’appellation parurent au Journal officiel le [7]. Actuellement, la châtaigneraie continue à recouvrir les pentes orientales du Massif central où « ses fruits développent des qualités gustatives qui jouissent d'une notoriété établie »[7].
Les agriculteurs-producteurs cultivent cinq grandes variétés :
– la sardonne, dont les qualités furent vantées par Olivier de Serres. Elle semble avoir permis, par croisement, de sélectionner les meilleures variétés actuelles ;
– la bouche rouge, qui ne produit qu'une amande unique, mais cette variété est plus productive et surtout plus résistante ;
– la comballe, qui fut identifiée à la ferme des Combeaux de Saint-Pierreville et qui jouit d'une grande réputation ;
– l'aguyane, nommée ainsi pour sa forme pointue, est spécifique à la partie méridionale de l'Ardèche ;
– la merle, variété précoce et rustique, mais moins douce que la Comballe, fait partie du terroir des combes fraîches du Haut-Vivarais[6].
Communes productrices
Le droit d'utilisation de l'appellation « Châtaigne d'Ardèche » dans un cadre commercial s'étend sur le territoire de 127 localités, dont 118 communes de l'Ardèche, 2 de la Drôme et 7 du Gard[9].
Ardèche
L’appellation d'origine contrôlée «Châtaigne d'Ardèche» s’étend sur les communes suivantes :
La production issue de l'aire de l'AOC implique au total plus de 1 000 exploitations agricoles. Ces dernières ont une importance économique certaine tant sur les emplois que sur les revenus des ménages (20 à 60 % selon les secteurs)[10].
De plus, les agriculteurs, dans le cadre de ce label officiel, apportent la garantie du respect d'un cahier des charges très strict et se soumettent à des contrôles leur permettant de garantir la qualité sanitaire et gustative de leur production. Ils se sont notamment imposés de ne pas utiliser de produits de synthèse, ce qui fait de la culture des châtaigniers (castanéiculture pour l'administration) « un mode de culture naturelle, respectueux de l'environnement »[10].