Le nom administratif du camp était « Konzentrationslager Lublin » (camp de concentration de Lublin), mais sa localisation au sud-est du centre-ville nommé Majdan Tatarski ou Majdan tatar (Majdanek, « le petit Majdan »), lui a donné son nom actuel. Le camp est divisé en six quartiers couvrant 273 hectares en 1942.
Lieu
Contrairement à de nombreux camps nazis, Majdanek n'était pas enfoncé dans une forêt éloignée, caché à la vue par des barrières naturelles, ni entouré par une zone tampon dite « de sécurité » mais placé tout près de la ville. Il fut établi en suivant les ordres de Heinrich Himmler, à la suite de sa visite à Lublin en de la même année.
Détenus
En , il est transformé en camp de concentration et placé sous la direction de la SS. À cette époque 18 000 Juifs du ghetto de Varsovie y sont transférés en après la liquidation du ghetto. Ils travaillent dans le cadre des industries de l'Est mais sont déportés à l'automne suivant[2]. Le camp fournit une main-d’œuvre d'esclaves pour l'usine de munitions et la fabrique d'armesSteyr-Daimler-Puch. Au plus fort de son activité, il accueille 50 000 prisonniers.
Chambres à gaz et crématoires
Dans les premiers mois de 1942, des plans furent établis pour agrandir et quintupler sa capacité. Au cours de l'année 1942, des chambres à gaz et des fours crématoires furent construits ; les chambres à gaz ont fonctionné à partir de - jusqu'à l'automne 1943. C'était un bâtiment en dur avec trois salles en béton munies de portes d'acier étanches ; les SS utilisaient aussi bien le monoxyde de carbone sous forme de bouteilles que le Zyklon B ; selon les archives, près de 7 700 kilos de Zyklon ont été utilisés dans ce but. Le chef des chambres à gaz et des crématoriums, le SS-HauptscharführerErich Muhsfeldt, déclare :
« Les convois qui arrivaient étaient toujours soumis à une sélection ; [...] les inaptes au travail étaient toujours asphyxiés dans la chambre à gaz[3]. »
Le médecin polonais des détenus envoie une note secrète :
« Tous les jours on met à mort les faibles, les cachectiques et les inaptes au travail ; du bloc du Revier (infirmerie), j'ai pu observer la marche de ces malheureux vers les chambres à gaz ; hier, plusieurs dizaines d’officiers soviétiques ont été gazés[4]. »
Un résistant français affecté au Sonderkommando des fours crématoires raconte avec une indifférence glaçante comme il a dû dix mois durant enfourner des corps qui certains jours gémissaient et remuaient, et le regard silencieux du cadavre vivant qui le fixe.[réf. nécessaire]
Autres méthodes
Il existe aussi d'autres manières d'assassiner les déportés : fusillades, piqûres de phénol ou d'évipan(en)[2]. Le , dans le cadre de l’Aktion Erntefest, des milliers de Juifs sont fusillés dans des fosses situées derrière les fours crématoires pendant que les haut-parleurs diffusent des valses de Strauss pour couvrir le bruit[5].
Fermeture
Le camp fut fermé le et les prisonniers transférés principalement vers le camp d'Auschwitz. De nombreux documents furent alors détruits et des bâtiments incendiés. Mais lors de l'arrivée de l'Armée rouge (le ), la chambre à gaz ainsi que de nombreux baraquements étaient préservés[réf. nécessaire].
Primo Levi écrit dans Si c'est un homme : « Les Allemands ont liquidé le camp de Lublin : une mitrailleuse aux quatre coins et les baraques incendiées ; le monde civil ne le saura jamais »[6].
D'après les registres, environ 150 000 personnes sont passées par ce camp venant de plus de 50 pays. Selon les travaux de Tomasz Kranz, directeur du musée national de Majdanek, 78 000 personnes y ont été assassinées dont 59 000 Juifs[7].
Après la guerre, la Pologne interne dans le camp des milliers de membres de la minorité germanophone, qu'elle prévoit d'expulser vers l'Allemagne[8]
Table de dissection pour les « expérimentations » sur les détenus
Barrières de sécurité.
Chaussures de prisonniers.
Vue en hiver.
Mirador du camp.
Mausolée du camp.
Mausolée du camp.
Crématorium du camp.
Notes et références
↑Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », , 638 p. (ISBN978-2-03-583781-3), p. 333
Claude Proche, Les problèmes sanitaires soulevés par le rapatriement des ressortissants français après la libération du territoire polonais : la mission sanitaire de rapatriement en Pologne, Paris, Bibliothèque de médecine et odontologie, , 60 p. (thèse de médecine).
Philippe Maynial, Madeleine Pauliac : l'insoumise, Paris, XO, , 282 p. (ISBN978-2-84563-886-0).