L'édifice est situé à environ 95 m d'altitude, à 15 km au sud-ouest d'Orléans, 5,5 km à l'est de Meung-sur-Loire et 132 km au sud de Paris ; il est encadré par les routes départementales 18 (rue Louis XI), 951 (rue du maréchal Foch), la rue du cloître et les passages Dunois et Cachon.
L'origine de l'église proviendrait de la découverte d'une statue de la Sainte-Vierge sur le site, à laquelle sont attribuées des vertus miraculeuses à l'origine d'un pèlerinage. Afin d'accueillir les pèlerins, Philippe IV le Bel décide d'y faire bâtir une collégiale vers 1300[7].
L'église est détruite en 1428 durant la Guerre de Cent Ans par les troupes anglaises, seul le clocher carré subsiste côté nord. Durant une bataille contre les Anglais, à Dieppe, Louis XI, alors dauphin de France, fait le vœu de rebâtir une église à Cléry s'il triomphe ; le projet sera mis en œuvre en 1443 par le roi de France Charles VII et Jean de Dunois qui fondèrent la nouvelle église[8].
La reconstruction du nouvel édifice par Louis XI, à la suite de sa victoire de Dieppe en 1443, s'étala de 1449 à 1485 et est réalisée sous la direction de Pierre Chauvin et Pierre Le Page. À cette occasion, le roi fait don de la Sainte Épine et d'une relique de saint André[9] ; en 1483, la chapelle Saint-Jean est construite par l'architecte Simon Duval[10] pour Jean de Dunois et sa famille qui y sont inhumés. Au XVIe siècle, deux chapelles sont ajoutées : vers 1515, Gilles de Pontbriant, doyen du chapitre de Cléry et son frère, François de Pontbriant, architecte œuvrant alors sur le chantier voisin du château de Chambord font édifier la chapelle Saint-Jacques sur la route du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle ; une chapelle hexagonale signée Jean des Roches[11],[12].
On peut suivre le devenir de Notre-Dame de Cléry au travers des lettres patentes émises par Louis XI au cours de son règne (1461–1483) : depuis Tours, en octobre 1461 : « Lettres patentes qui confirment les exemptions, les droits, les obligations etc. des habitants de la ville de Clairy »[13] ; depuis Tours, en décembre 1461 : « Affranchissement de plusieurs impôts en faveur de la ville de Cléry »[14] ; le , depuis Le Mans, l'église collégiale devient également chapelle royale : « Affranchissement général d'impôts et diverses autres concessions pour l'église de Notre-Dame de Cléry »[3],[12] ; depuis Meung-sur-Loire, le : « Don fait par le Roi au Chapitre de l'église collégiale de Cléry de quatre mille livres tournois de revenu pour ajouter à la solennité du service divin »[2] ; depuis Plessis-du-Parc-lèz-Tours, en février 1478, « Lettres relatives à l'assignation de quatre mille livres de rente, faite au chapitre de Notre-Dame de Cléry, sur les Terres et Seigneureries y désignées »[15] ; en janvier 1479, depuis Les Forges-lèz-Chinon, deux lettres sont émises, « Création de dignités dans le chapitre de Notre-Dame de Cléry »[16] et « Exemption des droits de sceau pour le doyen, le chapitre, les vicaires et habitués de l'église Notre-Dame de Cléry »[17] ; une en février 1479, depuis Les Forges-lèz-Chinon : « Ratification, avec déclaration, pour un don de quatre mille livres tournois de revenu fait à l'église Notre-Dame de Cléry »[18] et une en mars 1479 depuis Tours : « Lettres concernant les dons faits à l'église Notre-Dame de Cléry »[19]. En novembre 1479, depuis Plessis-du-Parc-lèz-Tours, « Don de sel à l'église de Cléry »[20].
Finalement, le roi octroie la baronnie de Cléry à l'église collégiale Notre-Dame de Cléry, par ses lettres patentes. Le parlement de Paris les enregistre le [21].
Lettre de Louis XI datée le 24 juin 1480 et expédiée au parlement de Paris
:
De par le roy.
Noz amez et feaulx, nous avons par noz lettres pattentes, signees de nostre main, et pour les causes dedans contenues, donne, aumosne, cede, transporte, delaisse, admorty et dedye a noz chiers et bien amez les doien et chapitre de l'eglise collegial Nostre Dame de Clery et a leurs successeurs en ladicte eglise les baronnie, chastellenie, terre et seigneurie dudit Clery et leursdictes appartenences, avec le don de la finance qui nous peut estre deue a cause dudit admortissement, ainsi que pourrez veoir plus a plain par nosdictes lettres[22]. Et, pour ce que nous avons a nostre devoition, veu et entention faiz lesdiz dons, aumosnes et transports, et aussi que ladicte seigneurie n'est de nostre ancinen dommaine, aincoys a este par nous puis naguieres acquise, nous vous mandons, commandons et expressement enjoingnons, que, toutes excusations cessans, vous faictes publier et enteriner en nostre court de parlement nosdictes lettres de don et transport, et du contenu en icelles faictes et souffrez lesdiz doyen et chappitre et leurs successeurs joyr et user plainement et paisiblement, sans y faire aucune difficulte ; car tel est nostre plaisir. Donne a La Motte d'Egry, le XXIIIIe jour de juing (1480). LOYS. DE MARLE.
A noz amez et feaulx les gens et conseilliers de nostre court de parlement a Paris.
Le , Louis XI, et Charlotte de Savoie, son épouse, vers décembre 1483, sont inhumés dans la basilique. Un tombeau (à l'origine mausolée en bronze et statue du roi en cuivre doré émaillé représenté en chasseur priant) est alors réalisé par l'orfèvre Conrad de Cologne et le canonnier Laurent Wrine, moulé d'après une sculpture de Colin d'Amiens[24].
Époque moderne
Le , durant les guerres de Religion, le tombeau du roi et la statue de la Vierge sont détruits par les protestants à la suite de la prise de la ville d'Orléans par les armées du général et prince de Condé Louis Ier de Bourbon-Condé. Le plomb des cercueils est découpé en lanières pour être fondu.
En 1622, Louis XIII fait construire une nouvelle sépulture en marbre plus modeste qui sera à son tour détruite à la Révolution française (seuls la statue moderne du roi et les quatre anges seront préservés par Alexandre Lenoir à Paris dans son Musée des monuments français), ainsi qu'une nouvelle statue de la Vierge en marbre blanc signée Michel Bourdin d'Orléans, peintre et architecte à Paris.
Époque contemporaine
Au XIXe siècle, l'architecte François-Narcisse Pagot et le sculpteur Romagnési reconstituent un nouveau mausolée après que le préfet Maxime de Choiseul d'Aillecourt a rapatrié les sculptures du Musée des monuments français en 1818. Le monument est démonté en 1868 puis replacé en 1896 sur un monument dessiné par Alexandre Lenoir et adapté par le sculpteur Libersac, monument qui figure aujourd'hui dans la nef de l'église[26].
Seuls la base d'un crâne scié[27] et une mâchoire[28], attribués à Charlotte de Savoie, une voûte crânienne sciée, une mâchoire et un fragment de la partie nasale attribués à Louis XI, demeurent à Cléry, dans le caveau de la crypte de la basilique dont l'emplacement est retrouvé en 1889 par l'abbé Saget[29], alors curé de Cléry, le reste des ossements ayant disparu en 1792 après le passage des révolutionnaires[30],[12].
En 1891, la chapelle Saint-Jean est restaurée grâce au mécénat de la marquise de Poterat[8]. La chapelle royale devient une basilique sous le pontificat du pape Léon XIII, le [8].
En 2002, les réseaux d'électricité, de gaz et de télécommunication situés dans le voisinage de la basilique ont été enfouis et l'édifice a bénéficié d'un nouvel éclairage de ses façades[32]. La même année, des travaux archéologiques sur le contenu des tombeaux de la basilique sont réalisés par le Dr Gorbenko, scientifique ukrainien. Leur publication suscitera de violentes polémiques[33].
De mars à décembre 2009, 690 000 € apportés par le ministère de la Relance dans le cadre de la mise en œuvre du plan de relance permettent de restaurer les décors sculptés de la façade sud des chapelles[34].
En 2018 le recteur de la Basilique Notre-Dame de Cléry, Olivier de Scitivaux, est démis de ses fonctions par l'évêque Jacques Blaquart après des accusations de pédophilie[35]. En 2021, après avoir reconnu les agressions devant un juge canonique[36], Olivier de Scitivaux est exclu de l'état clérical par décision de la Congrégation pour la doctrine de la foi[37]. Reconnu coupable de viols et d'agressions sexuelles, Olivier de Scitivaux est condamné, en mai 2024, à 17 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté de 10 ans[38].
La basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André appartient à la province ecclésiastique de Tours, au diocèse d'Orléans dans la zone pastorale d'Orléans et au doyenné de Cléry-Sologne[47]. La messe est célébrée dans la basilique chaque dimanche matin et le pèlerinage se déroule chaque 8 septembre (fête de la Nativité de Marie) et le dimanche suivant[48].
↑Patrice Georges-Zimmermann, Les sépultures prestigieuses de l'église Notre-Dame de Cléry-Saint-André (Loiret) : étude pluridisciplinaire du caveau de Louis XI, Éditions L'Harmattan, , p. 36.
↑Lucie Gaugain, « Nicole et Simon Duval : deux promoteurs de l'architecture flamboyante entre Seine et Loire dans la seconde moitié du XVe siècle », Bulletin monumental, t. 179, no 3, , p. 253-276.
↑Guillaume Blanchard, Compilation chronologique contenant un recueil en abrégé des ordonnances, édits, déclarations et lettres patentes des Rois de France qui concernent la Justice, la Police et les Finances avec la date de leur enregistrement dans les greffes des compagnies supérieures depuis l'année 987 jusqu'à présent, t. 1, Paris, Chez la veuve Moreau, , 1219 p. (lire en ligne), p. 178.
↑En date dudit lieu de la Motte d'Égry, juin 1480 (Archives nationales, X1A 8607, fol.230).
↑Publiée par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VIII, p.222-223, Librairie Renouard, Paris 1903 (Archives nationales, X1A 9318, fol.80).
↑Paul Murray Kendall, Louis XI, Fayard, 1974, [lire en ligne], p. 435.
↑abbé Oroux, Histoire ecclésiastique de la cour de France, où l'on trouve tout ce qui concerne l'histoire de la Chapelle, et des principaux officiers ecclésiastiques de nos rois, , 758 p. (lire en ligne), p. 196.
↑Fervent admirateur de Louis XI, le curé écrit un ouvrage en 1913 sur ses recherches historiques mais est probablement à l'origine de fraude en ayant rajouté des pièces osseuses.Patrice Georges-Zimmermann, Les sépultures prestigieuses de l'église Notre-Dame de Cléry-Saint-André (Loiret) : étude pluridisciplinaire du caveau de Louis XI, Éditions L'Harmattan, , p. 62.
Louis Jarry, Notre-dame de Cléry : histoire religieuse et politique de la ville de Cléry et de sa collégiale, P. Pigelet, , 275 p.
Lucien Millet, Notre-Dame de Cléry : par Lucien Millet, curé doyen de Notre-Dame de Cléry, Letouzey et Ané, coll. « Grands pèlerinages de France », , 160 p.
Marie Melchior Marc de L'Hermite, Un pèlerinage à Notre-Dame de Cléry, Beaugency, Renou, , 120 p. (lire en ligne).
Comte de Pastoret, Ordonnances des Rois de France de la 3e Race, recueillies par ordre chronologique : contenant les ordonnances rendues depuis le commencement du règne de Louis XI jusqu'au mois de juin 1463, vol. 15, Paris, De l'imprimerie impériale, , 891 p. (lire en ligne), p. 166.
Marquis de Pastoret, Ordonnances des Rois de France de la 3e Race, recueillies par ordre chronologique : contenant les ordonnances rendues depuis le mois de juillet 1467 jusqu'au mois de mars 1473, vol. 17, Paris, De l'imprimerie royale, , 798 p. (lire en ligne), p. 48, 455.
Marquis de Pastoret, Ordonnances des Rois de France de la 3e Race, recueillies par ordre chronologique : contenant les ordonnances rendues depuis le mois d'avril 1474 jusqu'au mois de mars 1481, vol. 18, Paris, De l'imprimerie royale, , 897 p. (lire en ligne), p. 438-455.
Patrice Georges-Zimmermann, Les sépultures prestigieuses de l'église Notre-Dame de Cléry-Saint-André (Loiret) : étude pluridisciplinaire du caveau de Louis XI, Paris, Éditions L'Harmattan, , 386 p. (ISBN978-2-343-06867-1, lire en ligne).