La baronnie de Vitré est un ancien territoire breton dont la capitale était située à Vitré. C'était l'une des neuf anciennes baronnies de Bretagne et était d'ailleurs considérée comme étant la plus puissante et la plus prospère.
Histoire
Les origines
Selon la "Chronique de Vitré" de Pierre Le Baud, un grand fidèle du duc Geoffroi Ier de Bretagne, Riwallon, aurait tué le seigneur anonyme du Kemenet-Héboé qui avait insulté le duc lors d'un parlement qui s'était tenu à Auray. Afin d'échapper à la vengeance des proches de sa victime il se réfugie à Rennes[1] où il devient tellement proche du duc que celui-ci lui confie, en 1008, un grand fief limitrophe du Maine et de l'Anjou comprenant la petite ville de Marcillé et le futur emplacement de celle de Vitré. Riwallon construisit le premier château de Vitré, bâti en bois, sur l'actuel emplacement de l'église Sainte-Croix.
Sous la Famille de Vitré
Le petit-fils de Riwallon, Robert Ier, considéré comme étant le "premier vrai baron de Vitré", décida d'abandonner le château primitif en bois pour commencer à en bâtir un autre, sur le promontoire rocheux opposé, en pierre. À côté, il bâtit une église dédiée à saint Pierre et donna aux moines de Marmoutiers l'ancien château de Riwallon pour y fonder un prieuré sous le vocable de Sainte-Croix[2]. Autour de ces deux édifices quelques habitations vont voir le jour : le faubourg du Bourg-aux-Moines, autour de l'église Sainte-Croix, et le "Vieil-Bourg", qui deviendra la ville close au XIIIe siècle. C'est donc bien sous le règne de Robert Ier que la ville de Vitré va naître et va devenir la capitale de la nouvelle baronnie.
Les deux églises ont aujourd'hui disparues : l'église Saint-Pierre est à l'origine de l'actuelle église Notre-Dame (une poterne située en face de celle-ci porte encore aujourd'hui le nom de "poterne Saint-Pierre"[3]) et l'église Sainte-Croix fut reconstruite à de nombreuses reprises (l'actuelle date du XVIIIe siècle).
Par la suite, la baronnie de Vitré s'agrandit de plus en plus jusqu'à comprendre près de 80 paroisses. Mais les barons de Vitré occupèrent d'autres seigneuries : Riwallon, par exemple, fut vicomte de Rennes (d'où son surnom le Vicaire, le Vicomte) et aussi seigneur d'Acigné (qu'il offrit à son fils Renaud de Vitré) et de Marcillé (qu'il offrit à son fils Robert de Vitré d'où le Robert de Marcillé-Robert), Robert II fut comte de Mortain...
Certains barons furent de fervents protecteurs de la Bretagne, et donc de la baronnie, contre les envahisseurs anglais : on peut citer Robert Ier et André II.
La baronnie de Vitré avait une économie parmi les plus florissantes du Duché de Bretagne. C'était une cité d'environ huit mille âmes, vers 1500.
Son apogée se situe au XVIe siècle lorsque les confréries des Marchands d’Outre-Mer, installés à Vitré, vendirent leurs toiles de chanvre et leur canevas dans toute l’Europe (et notamment avec la Hanse). Ce marché se faisait via le port de Saint-Malo qui commerçait avec les comptoirs d’Amérique du Sud. Cela explique les maisons, les grands hôtels particuliers et les éléments Renaissance ponctuant la ville close (Hôtel Ringues de la Troussannais ou encore, l’absidiole du château). Cela montre bien la richesse de ces « marchands » associés en confréries. D’ailleurs, le premier homme à avoir fait le tour du monde par voie terrestre est un vitréen nommé Pierre-Olivier Malherbe. Cela montre bien l’ouverture de la ville sur le monde.
Géographie
Arthur de La Borderie dit, que la baronnie "était une des plus grandes seigneuries de notre province, la plus étendue assurément de toute la Haute-Bretagne. Au nord elle montait jusqu'au Couesnon, à une lieue environ de la ville de Fougères ; au sud elle descendait jusques et y compris la paroisse de Villepot, à quatre lieues de Châteaubriant, soit une quinzaine de lieues de longueur. Sa plus grande largeur de l'est à l'ouest était de la frontière bretonne auprès du Pertre, à la paroisse d'Acigné, soit neuf à dix lieues ; mais ailleurs son territoire était moins large et s'étrécissait surtout beaucoup vers le sud, pressé entre la baronnie de La Guerche d'une part, et d'autre part les seigneuries de Brie, du Teil et de Piré. Malgré cela elle s'étendait dans plus de quatre-vingts paroisses, et dans ce nombre il y en avait au moins soixante-dix relevant du baron de Vitré, en proche ou en arrière-fief, pour la totalité ou la très grande généralité de leur territoire"[4]. La seigneurie suivait le haut cours de la Vilaine.
La châtellenie de Chevré "se distinguait des autres par un trait assez caractéristique ; elle représentait le territoire originairement couvert par l'ancienne forêt de Chevré, l'un des quartiers de cette immense forêt rennaise, célèbre dans notre histoire et dont le duc de Bretagne, en créant la baronnie de Vitré, avait détaché une part pour décorer le nouveau fief. De là la composition de cette châtellenie formée de pièces répandues assez irrégulièrement dans une douzaine de paroisses qui par le reste de leur territoire relevaient de la châtellenie de Vitré"[4]. Elle comptait 10 paroisses :
Daniel Pichot, Valérie Lagier et Gwenolé Allain, Vitré. Histoire et patrimoine d'une ville., Vitré, Ville de vitré, , 295 p. (ISBN2-84833-173-9), p. 82-93