Marie-Pierre Pruvot, diteBambi, née le aux Issers (Algérie), est une meneuse de revue et écrivaine française. Femme trans, elle fait carrière dans le spectacle dans les années 1950 et 1960. Elle reprend ensuite ses études et devient professeure de lettres modernes en 1974 avant de se consacrer à l'écriture d'autofiction, notamment sous le nom de Marie-Pier Ysser.
Bambi vit alors dans un environnement féminin, lit beaucoup, coud et brode. Elle fait l'expérience d'une dysphorie de genre notamment du fait de son prénom masculin (« Je détestais mon prénom car c'était un prénom masculin. »)[2].
Adolescente, elle est mise en pension chez son oncle et sa tante qui tiennent un café de la banlieue d’Alger. Là, elle découvre le Casino de la corniche et y voit jouer Coccinelle, artiste transgenre de cabaret, ce qui l'inspire à « vivre comme une femme »[2].
Meneuse de revue à Paris
Bambi s'embarque pour Paris, alors qu'elle n'a pas encore 18 ans[3] (à cette époque l'âge de la majorité est 21 ans). Elle se produit au cabaret Madame Arthur sous le nom de scène « Bambi »[2].
Vivant publiquement sous une identité féminine, elle devient meneuse de revue chez Madame Arthur. Puis, elle est embauchée au Carrousel de Paris, un club plus select situé près de Montparnasse, où elle reste 20 ans[4]. Elle commence alors à se faire connaître d'un plus large public, tout en appréciant de pouvoir vivre en femme[2].
En 1955 elle choisit le pseudonyme de scène « Bambi », qu'elle conservera toujours. Coccinelle lui propose de venir vivre avec elle. Elles ne peuvent cependant vivre leur féminité, en scène comme le reste du temps « que par le truchement de l’habit : la métamorphose n'est guère achevée, il faut aller plus loin, changer de sexe, changer d’état civil. Nouvel obstacle : l’opération est interdite en France. On est en 1958, et c'est peut-être au Maroc que se trouve la solution ». Coccinelle embarque ainsi pour Casablanca pour y faire une opération de réattribution sexuelle. Bambi craint pour sa part que l'opération ne la prive « des plaisirs de la vie ». Mais deux ans plus tard, en 1961, après plusieurs années de transition, elle décide à son tour d'effectuer son opération chirurgicale de réattribution sexuelle[2]. Elle a plus de difficulté à changer d’état civil, car ses documents d'état civil sont conservés en Algérie où le changement de sexe est très mal vu et où elle craint que sa famille ne fasse échouer ses demandes de papiers administratifs[2].
En 1962, Bambi est accueillie par le public du cabaret lesbien Elle et Lui. Bambi rencontre là Ute Wahl, dont elle tombe amoureuse[2].
Retraitée, Bambi se consacre à l'écriture[1]. Elle rédige son premier roman J'inventais ma vie aux éditions Osmondes en 2003, une fiction inspirée de sa propre expérience sous le nom d'emprunt de Marie-Pier Ysser[4]. En 2007, elle publie chez Bonobo son autobiographie Marie parce que c'est joli et révèle son identité et son parcours romanesque.
En 2012, Bambi signe aux Éditions Ex Aequo. L'essai France, ce serait aussi un beau nom est publié dans la foulée. À partir des articles du journal Le Monde, de l'époque du général de Gaulle jusqu'à nos jours, elle s'emploie à expliquer de quelle manière l'aura de la langue française a perdu de son rayonnement sur la scène internationale[réf. souhaitée]. Bambi décide de ré-éditer l'ouvrage J'inventais ma vie chez Ex-Aequo et en rédige une suite qui se décline en plusieurs tomes[5]. Ainsi en 2013, Madame Arthur et Le Carrousel sont publiés. Les ouvrages La Chanson du bac et Le Gay Cimetière viennent clore cette saga en 5 tomes.
Le public de lecteurs enjoint à Marie-Pierre Pruvot de narrer quelques anecdotes de coulisses[réf. nécessaire]. Elle s’exécute et publie la nouvelle Frissons au Carrousel. Pour clore l'année 2013, Marie-Pierre propose Comme autant de ronds dans l'eau..., co-écrit avec Galia Salimo. Le roman plonge le lecteur dans les méandres de manipulations familiales[réf. souhaitée].
Un film documentaire de Sébastien Lifshitz, intitulé Bambi, lui est consacré. Entre témoignage contemporain et images d'archives, elle y retrace son histoire et fait même un retour en Algérie. Le film sort en salles en juin 2013. Lors de la Berlinale 2013, il reçoit un Teddy Award du meilleur film documentaire. Au début de l'année 2014, il est nommé à la cérémonie des César dans la catégorie des films de court métrage.
En 2015, elle participe à l'émission C'est mon choix sur le thème « Qui sera élue Miss Trans C'est mon choix ? »[6].
Décorations
Le , Marie-Pierre Pruvot est élevée au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite par Roselyne Bachelot qui salue en elle « une femme d’exception, une combattante »[7][réf. obsolète]. Marie-Pierre Pruvot dédie cet honneur républicain « à toutes celles et ceux dont le combat pour une vie normale perdure »[réf. souhaitée]. Elle ajoute : « Il y a encore en France aujourd'hui trop de gens tenus à la marge et qui n’aspirent qu’à vivre librement, normalement, sans scandale, à pouvoir voyager sans entraves, à se faire soigner à l’hôpital sans humiliation, toutes choses qui leur sont souvent inaccessibles. C’est à eux maintenant que je dédie cette décoration qui m’honore tant »[8].
Elle reçoit en 2024 le prix d'honneur du magazine têtu· "pour toute une vie inspirante"[9].
Publications
J'inventais ma vie, sous le nom de Marie-Pier Ysser, éditions Osmondes, 2003. Ce livre est édité en 2013 aux éditions Ex-Æquo sous le vrai nom de l'auteur : Marie-Pierre Pruvot (tome 1).
Marie parce que c'est joli, éditions Bonobo (autobiographie), 2007.
France, ce serait aussi un beau nom, éditions Ex Æquo, 2012.
J'inventais ma vie, tome 2 : Madame Arthur, éditions Ex Æquo, 2013.
J'inventais ma vie, tome 3 :Le Carrousel , éditions Ex Æquo, 2013.
Frissons au Carrousel, nouvelles, éditions Ex Æquo, 2013.
Comme autant de ronds dans l'eau..., co-écrit avec Galia Salimo, éditions Ex Æquo, 2013.
J'inventais ma vie, tome 4 :La Chanson du bac, éditions Ex Æquo, 2014.
J'inventais ma vie, tome 5 :Le Gai Cimetière, éditions Ex Æquo, 2014.