À quelques exceptions près, les bégonias sont facilement reconnaissables à leurs feuilles asymétriques et aux fragiles fleurs à minuscule cœur jaune, parfois très dissemblables sur un même pied, selon qu'elles sont mâles ou femelles, puisque ce sont des plantes monoïques strictes. Les autres caractères apparaissent au contraire très variables d'une espèce à l'autre, tant par la forme ou la couleur du feuillage et des fleurs, que par le port ou la hauteur, qui s'échelonne de quelques centimètres à 3 ou 4 m. À ces espèces botaniques, il faut ajouter presque autant d'hybrides et de multiples cultivarshorticoles.
Les bégonias sont principalement originaires des régions tropicales chaudes et humides d'Amérique du Sud, d'Amérique centrale et d'Asie du Sud-Est, mais on trouve également des bégonias sauvages qui poussent en Afrique tropicale ou encore en Chine du sud. Quelques espèces se sont néanmoins adaptées à des zones plus froides ou sèches en développant des organes souterrains, qui survivent à la mauvaise saison en stockant des réserves tandis que le feuillage disparait. C'est le cas notamment des bégonias tubéreux qui résistent à plus de 3 000 m dans la cordillière des Andes. Enfin, l'exceptionnellement rustique B. grandis se trouve jusqu'à 3 000 m dans l'Himalaya.
Il convient de bien différencier les bégonias botaniques des bégonias horticoles. Les premiers sont des espèces ou hybrides d'origine naturelle, regroupés au sein de ce grand genre en plus de soixante-dix sections. Au XXIe siècle, de nouvelles espèces sont encore décrites régulièrement. Elles sont découvertes soit au gré des collectes faites lors d'expéditions de terrain qui rapportent de nouveaux spécimens types, soit à la faveur des progrès de la botanique permettant de mieux différencier les anciennes récoltes. Les bégonias horticoles, quant-à eux, sont des plantes qui ont été cultivées, d'abord en Asie pour leurs propriétés médicinales, puis par les occidentaux qui les importent et commercialisent les premières variétés ornementales au milieu du XIXe siècle. Elles ont été depuis lors croisées entre elles, presque à l'infini, pour obtenir d'innombrables cultivars, patiemment sélectionnés afin de répondre mieux encore aux exigences des collectionneurs et des fleuristes, du point de vue esthétique ou de la résistance aux agressions environnementales ou aux maladies.
Comme la classification scientifique des bégonias n'est pas aisée, les amateurs distinguent, pour plus de facilité, sept ou huit grands groupes de bégonias, basés sur leur morphologie : les bégonias semperflorens, à floraison continue ; les tubéreux ; les rhizomateux, dont les bégonias rex au feuillage très coloré ; les bambusiformes qui ont une tige semblable à du bambou ; les arbustifs ; les bégonias à tiges épaisses et enfin les rampants ou grimpants.
Décrits et nommés à la fin du XVIIe siècle, les bégonias font d'abord le bonheur des collectionneurs du XIXe siècle, tant ils sont aisés à multiplier et à hybrider, avant de devenir rapidement populaires pour leur floraison spectaculaire ou leurs feuillages décoratifs. On en cultive aussi bien dans les jardins que dans les intérieurs.
Dans leur pays d'origine, ces plantes ont aussi un usage médicinal traditionnel, principalement pour la présence d'oxalates et de cucurbitacine dans leur composition. Le goût acidulé du feuillage de nombreuses espèces est aussi apprécié pour relever les plats, comme on le ferait avec de l'oseille.
Les plantes de ce genre sont dans l'ensemble facilement reconnaissables pour un œil averti à leurs feuilles asymétriques, à quelques exceptions près, et l'aspect des fragiles fleurs, différentes selon qu'elles sont mâles ou femelles, caractéristiques de plantes monoïques. En revanche, il s'avère beaucoup plus compliqué de différencier les espèces entre elles, tant elles présentent de variabilité à la faveur des hybridations spontanées. En parallèle des classifications scientifiques botaniques, les horticulteurs préfèrent classer ces plantes selon leurs caractéristiques formelles qui, le plus souvent, conditionnent aussi leur mode de culture.
Dès 1903, l'horticulteur lillois Adolphe van den Heede distingue quatre grands groupes de bégonias : tubéreux, herbacés, buissonnants, et sans tiges ou rhizomateux[2].
Par la suite on a tenté de regrouper plus précisément ces plantes, selon leurs organes souterrains (fibreux, rhizomateux, bulbeux ou tubéreux), leur port (arbustif, bambusiforme, grimpant, retombant...), leurs organes aériens (tiges épaisses, feuillage...) ou encore leur lignée (Semperflorens-cultorum, Rex-cultorum, Eliator, Lorraine...).
En règle générale, les horticulteurs européens qui font pousser principalement des cultivars à grandes fleurs distinguent cinq groupes principaux : les bégonias Eliator, Lorraine, Semperflorens-cultorum, tubéreux et à feuillage.
Les nord-américains qui cultivent une plus grande diversité d'espèces à floraison modeste, pour des raisons climatiques, distinguent quant à eux huit groupes, dont les B. rex qui sont également rhizomateux : Semperflorens-cultorum, tubéreux, rhizomateux, Rex-cultorum, bambusiformes, arbustifs, à tiges épaisses et enfin rampants ou grimpants[2],[3].
Les collectionneurs français répertorient à peu près les mêmes grands types de bégonias que leurs homologues britanniques ou américains, distinguant parfois un neuvième ensemble, pour les espèces épiphytes : bégonias semperflorens, tubéreux et semi-tubéreux, rhizomateux, rex, bambusiformes, arbustifs et buissonnants, à caudex, rampants et grimpants, épiphytes[4].
La floraison s'échelonne toute l'année (semper signifie « toujours », en latin), avec toutefois une plus grande profusion en été. Les fleurs simples ou doubles, ont des nuances de rouge, rose ou blanc[5]. Ce sont des plantes à massifs, très populaires en horticulture, qui forment un groupe important d'hybrides et cultivars, obtenu au départ par hybridation entre deux espèces naines à port compact : Begonia cucullata et Begonia subvillosa.
Bien qu'ils soient naturellement vivaces, les bégonias « semperflorens » sont aussi appelés « bégonias annuels » car, ne supportant guère le gel, ces plantes sont le plus souvent reproduites chaque année à partir de semis. Pourtant, dans les régions où un tel froid n'est pas à craindre, les bégonias semperflorens forment des buissons vivaces[5]. Quelques cultivars plus résistants peuvent même supporter une courte période de gel en dessous de -10 °C (zone de rusticité 7)[6].
Ce sont des bégonias à racines fibreuses dont le feuillage est brillant, comme ciré, sans poils, d'un vert vif plus ou moins teinté de brun rouge, parfois très foncé, tandis que l'espèce Begonia subvillosa donne des feuilles recouvertes d'une feutrage blanc ou brun. Quelques cultivars peuvent aussi se panacher de blanc[5].
Par hybridations successives, cette lignée c'est agrandie encore par la suite. Notamment avec le populaire Begonia × hybrida 'Dragon Wings', dont la marque est déposée en 1997. Issu du croisement avec un bégonia à port de bambou d'Argentine, identifié par la suite comme étant Begonia descoleana, ce cultivar est beaucoup plus érigé, il possède des feuilles d'aspect ciré, mais plus allongées, et une abondante floraison, mais stérile[7].
Bégonias tubéreux
Les bégonias tubéreux sont vivaces et possèdent des organes de réserve qui prennent la forme de tubercules semi-succulents, de forme aplatie, ou parfois plutôt de bulbes. Ceci assure l'alimentation de la plante en eau et en nutriments durant la mauvaise saison. En effet, les plantes de ce groupe perdent leur partie aérienne à l'automne et connaissent une période de dormance jusqu'au printemps suivant[8]. Cette période de repos, au frais et à l’ombre, est nécessaire. Elles apprécient souvent un air humide, sans excès, mais pas l'eau stagnante dans le sol qui doit être suffisamment drainant pour éviter la pourriture[9],[10],[11].
Les bégonias tubéreux se distinguent également par une floraison souvent spectaculaire, et bien que certaines plantes restent discrètes, d'autres émettent un parfum ou arborent des fleurs de la taille d'une assiette, parfois doubles ou bien frisées, et de toutes couleurs, y compris en dégradés, sauf du bleu. Les tiges peuvent avoir un port retombant ou bien rigide et il arrive que le feuillage, le plus souvent ordinaire, soit également décoratif[8], voire atypique comme chez Begonia bogneri dont l'aspect filiforme évoque une graminée[12].
Quelques espèces sont des microtubéreux, comme Begonia elachista Moonlight & Tebbitt sp. nov., décrite en 2017 et qui ne dépasse pas 5 cm de haut, soit la plus petite espèce de bégonia connue jusqu'alors[13].
Parfois les plantes ne développent pas un véritable tubercule, mais un renflement à la base de la tige nommé caudex, évoquant une sorte de bonzaï naturel. On les appelle des bégonias semi-tubéreux. Ceux-ci portent de petites feuilles et fleurs, parfois de couleur rose[8].
Ainsi on distingue dans le groupe des bégonias tubéreux :
Ils sont le plus souvent utilisés comme plantes décoratives, mais certains ont des fleurs au goût citronné qui peuvent agrémenter les desserts et des feuilles consommées comme légume.
Ils sont caractérisés par un réseau racinaire qui forme des rhizomes, sortes de tiges souterraines d'où émergent les feuilles. Le port général des plantes de ce groupe est donc plutôt compact et bas. Les réserves contenues dans les rhizomes leur permettent de supporter ponctuellement des déficits pluviométriques ou des baisses de température. De plus, ils recherchent les situations ombragées et résistent bien aux attaques d'insectes ou aux maladies[16].
Les dimensions sont extrêmement variables d'une espèce à l'autre. Certaines sont des miniatures tandis que d'autres étendent leurs rhizomes sur de vastes surfaces ou développent de larges feuilles. Le feuillage peut présenter des formes et découpes très diverses, du cercle à l'étoile, arborant des coloris, une pilosité, des motifs ou des textures variables à l'infini[17].
La plupart de ces bégonias fleurissent au printemps, parfois même à profusion en formant des bouquets floraux qui émergent du feuillage sur de hautes tiges, tandis que d'autres produisent des fleurs toute l'année[17]. Ils se reproduisent également par boutures de feuilles ou propagation de rhizomes[16].
Les horticulteurs ont encore multiplié le nombre des variétés rhizomateuses en créant une quantité de cultivars et hybrides. Ce sont pourtant souvent des plantes difficiles à conserver car sensibles aux brusques changements environnementaux. Les bégonias à feuillage ornemental n'apprécient généralement pas une forte lumière et requièrent un taux d'humidité ambiante élevé, tout en redoutant les excès d'eau au niveau des racines. La culture en terrarium leur convient souvent, même si d'autres résistent bien dehors dans les régions aux hivers doux, avec une humidité moyenne. Ces exigences sont toutefois compensées par une floraison ou un feuillage parfois spectaculaires[18].
Les bégonias « rex », « roi » en latin, sont des bégonias rhizomateux dont les larges feuilles sont colorées et pubescentes, c'est-à-dire couvertes de poils fins et mous. À l'origine de ce groupe, il y a une espèce indienne découverte en Assam, Begonia rex de la section Platycentrum, dont le feuillage vert foncé est marqué de bandes gris-argent. Cultivée avec succès à partir des années 1850, cette espèce a été progressivement croisée avec d'autres bégonias rhizomateux. Cet ensemble d'hybrides et de cultivars a en effet des exigences particulières et forme un groupe un peu à part : Begonia ×rex-cultorum[3],[19],[20].
Assez discrète, la floraison des bégonias rex retient moins l'attention que leur feuillage très décoratif, qui présente des variantes de texture et de couleur combinées à l'infini par les horticulteurs. C'est d'ailleurs la principale raison de leur popularité auprès des collectionneurs depuis les premiers succès tels que B. 'Abel Carriere' (1878) and B. 'Louise Closson' (1889)[19],[20].
Leur culture est plus délicate que celle de la plupart des rhizomateux. Pour développer un large feuillage bien coloré, ils ont besoin d'une bonne luminosité, mais sans soleil direct, d'une bonne humidité ambiante, d'une température et d'une fertilisation plus importantes, dans un substrat bien drainé car ils sont sensibles aux moisissures et les arrosages doivent donc être espacés, puis réduits et même supprimés en hiver, quand la végétation est au repos. Le semis d'hybrides donne des plantules très variées. Ils se reproduisent également par boutures de feuilles ou propagation de rhizomes[20].
Bégonias bambusiformes
Comme l'indique leur nom, les tiges aux nœuds renflés des bégonias bambusiformes (ou bambousiformes) évoquent le chaume des bambous, de grandes graminées, bien que les bégonias en soient botaniquement très éloignés. Ces tiges se bouturent généralement très bien et sont le meilleur moyen de propagation de ces plantes[21],[22],[23].
De développement très variable, certaines espèces peuvent atteindre plus de 4,5 m de hauteur, avec des feuilles de plus de 35cm si le climat leur permet de rester dehors, mais elles supportent généralement bien la taille. Plusieurs possèdent un feuillage découpé, orné de pointillés argentés, ou même entièrement argenté, et une floraison abondantes en grappes tombantes, blanches ou plus vivement colorées de rose, orange ou rouge, qui se renouvellent durant une grande partie de l'année, et parfois sans discontinuer. Les fleurs femelles peuvent émettre un parfum qui se fait plus fort dans la matinée[21],[22],[23].
Par ailleurs, ce sont majoritairement des plantes moins délicates à cultiver que les bégonias tubéreux ou rhizomateux, à condition d'avoir de la lumière en abondance et de rester dans une zone tempérée. Ceci explique le grand nombre de cultivars. Deux horticulteurs notamment, Irene Nuss et Belva Kusler, sont à l'origine de nombreuses variétés populaires comme B. 'Irene Nuss' et B. 'Sophie Cecile'[21],[22],[23].
Les bégonias arbustifs ou buissonnants, c'est-à-dire dont la tige évoque celle d'un arbuste, se différencient des bégonias bambous par leurs tiges ramifiées dès la base, moins ligneuses et rigides, sans ces nœuds renflés typiques du bambou[24]. Au contraire, les tiges sont flexibles et dévient en zigzag à partir des nœuds.
Les nombreuses espèces de ce groupe ont un développement variable, allant d'une vingtaine de centimètres pour Begonia foliosa à près de 2 mètres cinquante de hauteur pour Begonia luxurians. Beaucoup ont un feuillage décoratif, parfois même velouté, de dimensions, couleurs et formes très variables, ronde ou découpée. Certaines espèces développent une floraison saisonnière remarquable à des périodes variables[24]. Les plantes à petites feuilles ont des fleurs roses ou rouges et peuvent fleurir toute l'année et quelques espèces comme Begonia obscura ont des fleurs poilues[25]. D'autres enfin présentent des particularités morphologiques étranges, comme les énations du Begonia hispida var. cucullifera[26].
Ces plantes apprécient l'humidité et nécessitent généralement une bonne luminosité pour fleurir, surtout celles dont le feuillage n'est pas velu, mais sans excès. Les tiges étant souvent légèrement succulentes, elles n'ont besoin que d'un apport d'eau parcimonieux et supportent bien d'être taillées et bouturées[24],[25].
Ce sont des bégonias aux formes variées et faciles à cultiver, appréciés des amateurs[25].
Les bégonias à tiges épaisses, à tige forte ou à caudex, forment un groupe moins nombreux[27].
Ce sont des bégonias dont les tiges sont plus épaisses que celles des autres bégonias, sans être très ligneuses comme celles des arbustifs. La plupart ont un grand développement, y compris du système racinaire, et certaines espèces peuvent atteindre la hauteur d'une maison si elles bénéficient d'un bon ensoleillement, sans excès. En revanche elles se contentent en moyenne d'un taux d'humidité plus bas que d'autres groupes, entre 40 et 50%[27].
Leurs tiges épaisses se dénudent généralement dans le bas et se ramifient peu. Elles se renouvellement directement de la base et concentrent le feuillage au sommet des pousses. Ces bégonias fleurissent rarement, ou seulement par périodes, mais ils se propagent facilement par boutures de tiges[27].
Dans l'ensemble ils sont moins attractifs pour les horticulteurs, notamment en raison de l'espace nécessaire à leur développement et à leurs forts besoins en luminosité, mais il y a des espèces plus petites ou dont le feuillage peut être très original et présenter un réel intérêt décoratif[27].
Les plantes de ce groupe ne sont pas très nombreuses, environ 35 espèces. C'est en 1775 que fut répertoriée en Guyane la première de la sorte, Begonia glabra[28],[29].
Les bégonias rampants et grimpants sont des plantes de type liane, qui poussent comme la vigne, le plus souvent avec de nombreuses ramifications, de petites feuilles et une floraison blanche ou rose, en grappe, dont la profusion et la saison sont variables. Ils grimpent parfois jusqu'à 2,50 m, s'appuyant sur les arbres ou s'accrochant à d'autres supports avec leurs racines, puis retombent en tiges souples aux longs entre-nœuds[30],[29],[31].
Ces plantes nécessitent une bonne luminosité, sans excès, pour fleurir et se développer, ainsi qu'une température de 15 à 22 °C avec 40 et 60% d'humidité. Un sol trop humide ne leur convient pas et elles préfèrent une terre acide dont le pH est compris entre 5 et 6,5. Elles supportent la taille et se reproduisent facilement par bouturage, mais aussi par semis[30],[29].
Le genre Begonia est divisé en plus de 70 sections selon une étude de 2018[37]. Ce rang taxonomique est utilisé pour organiser les genres les plus importants. En effet, au sein des Angiospermes, le genre Begonia figure dans les dix premiers en nombre d'espèces. Parmi les sections plus peuplées citons Platycentrum, Pritzelia, Diploclinium et surtout Petermannia. Trois sections concernent des épiphytes : les plantes brésiliennes de la section Trachelocarpus (C. Müller) A. DC., et les bégonias africains des sections Squamibegonia Warb. ou Tetraphila A. DC.[38].
Liste de sections
Cette liste n'est peut-être pas exhaustive car de nouvelles espèces sont encore régulièrement découvertes ou synonymisées.
B. sect. Coelocentrum Irmsch. - lectotype : Begonia porteri H. Lév. & Vaniot[40],
B. sect. Cristasemen
B. sect. Cyathocnemis
B. sect. Diploclinium (Lindl.) A. DC. - lectotype : Begonia grandis Dryand[40]. En 2013, une grande partie des espèces est transférée dans la section Baryandra[41].
D'une part les bégonias s'hybrident naturellement avec facilité, d'autre part ils sont cultivés et croisés depuis plusieurs siècles en Europe, par conséquent il est difficile de les identifier les uns des autres uniquement sur des critères morphologiques. Il faut s'appuyer également sur la période de floraison, la distribution géographique, mais aussi sur les analyses d'ADN, le comportement des chromosomes à la méiose, la colorabilité du pollen ou encore l'hybridation expérimentale. Les recherches ont démontré par exemple que Begonia buimontana, une espèce considérée comme endémique des reliefs à Taïwan, est en fait un hybride naturel de B. palmata et B. taiwaniana[45].
Parfois ce sont les variations chromosomiques qui sont bien plus significatives que les caractéristiques des fleurs ou des fruits, conduisant à distinguer des espèces très similaires à l'œil nu. Ainsi, le nombre d'espèces décrites n'est pas fini, alors même que de nombreux bégonias sont en danger de disparition dans leur habitat naturel[45].
Horticulture
Histoire
Aires d'origine
Vers 1400, il est déjà fait mention de cultures à usage médicinal de Begonia grandis en Chine, son pays d'origine, puis au Japon à partir de 1641, notamment pour ses propriétés astringentes[2].
Aires d'importation
Quelques bégonias ont été découverts dès le milieu du XVIIe siècle par des voyageurs botanistes, notamment au Mexique et à la Jamaïque, donc bien avant que Charles Plumier ne les décrive et ne leur donne un nom en 1690, et qu'ils soient intégrés en 1753 par Carl von Linné dans sa classification classique. Il faut cependant attendre la fin du XVIIIe siècle pour que des pieds sauvages soient importés par les horticulteurs occidentaux, puis le milieu du XIXe siècle pour l'obtention des premières variétés horticoles commercialisées, plantes de bordures ou d'appartement, avec une préférence significative pour celles dont les fleurs forment de gros pompons de couleur blanche, rouge ou jaune, mis en valeur par un feuillage large et sombre[46].
En 1820, introduction du Begonia semperflorens (synonyme de Begonia cucullata Willd.) dans les jardins[46].
Vers 1830, l'invention de la caisse de Ward, une sorte de mini serre, permet aux plants des climats tropicaux de mieux supporter les longs transports maritimes. Dès lors les importations vers l'Europe s'accélèrent. Là on les acclimate à la culture avant de les expédier, à leur tour, dès que possible, aux pépiniéristes d'Amérique du Nord[2] :
En 1856 le Begonia rex est rapporté d'Assam. Ses hybrides à grandes feuilles décoratives font rapidement fureur auprès de collectionneurs[46]. Ils vont former progressivement le groupe des Begonia ×rex-cultorum.
À partir de 1864, ce sont plusieurs espèces de bégonias tubéreux des Andes, très recherchés pour leurs grandes fleurs, qui sont importées, hybridées et sélectionnées pour former à la longue le groupe des Begonia ×tuberhybrida-cultorum[46]. C'est aux recherches inlassables de Richard Pearce que nous devons l'importation de Begonia boliviensis, Begonia veitchii et Begonia pearcei, nommé ainsi en hommage à cet aventurier qui mourut d'une fièvre tropicale en Amérique de Sud au service des pépinières Veitch & Sons et William Bull[2].
En 1879, c'est le Begonia schmidtiana qui est rapporté, considéré par la suite comme synonyme de Begonia subvillosa. Il est hybridé avec B. semperflorens, pour former le groupe des bégonias à massifs annuels, Begonia ×semperflorens-cultorum[46].
En 1880, le Begonia socotrana est découvert au Yémen et rapporté en Angleterre. Cette espèce bulbeuse est l'espèce souche des bégonias à floraison hivernale de fleuristes. Croisé avec Begonia dregei, il est à l'origine de la lignée des Begonia ×cheimantha, dont deux variétés connaîtront un important succès : 'Gloire de Lorraine', créée en 1891 par Victor Lemoine (1823-1911), et 'Gloire de Sceaux'. Croisé avec les tuberhybrida des Andes, il est à l'origine de la lignée des Begonia ×hiemalis, initiée par les pépinières Veitch à partir de 1885[46].
Au XIXe siècle, Nancy, est un grand centre du bégonia. Comme Victor Lemoine, François Félix Crousse (1840-1925) y est horticulteur de 1863 à 1904. C'est à l'époque le spécialiste mondial du bégonia. Il créa plusieurs centaines de variétés, surtout des tubéreux, dans ses serres situées à l'emplacement de l'actuelle rue des Bégonias[48].
En 1902 la collection complète de bégonias à fleurs doubles de Crousse est rachetée par l'horticulteur francilien Arthur Billard (1862-1932), spécialiste en matière de sélections, qui développe alors au Vésinet une exploitation horticole importante. Ce dernier crée de nouvelles variétés lauréates des plus prestigieux concours, notamment le grand prix à l'exposition universelle de 1900[49].
À partir des années 1920, à cause de la Première Guerre mondiale, le marché s'inverse et les nouvelles espèces vont directement enrichir les pépinières d'Amérique du Nord qui les exportent ensuite en Europe[2].
En 1932 est fondée l'American Begonia Society(en) qui met en place les échanges de graines, plus faciles à expédier que des plants déjà cultivés[2].
2016 est l'« année du bégonia » : il fait partie des quatre plantes désignées chaque année par le National Garden Bureau (NGB), une organisation à but non lucratif américaine qui fait la promotion des plantes cultivées[50].
Maintenance et multiplication
Si la plupart des bégonias apprécient une atmosphère chaude et humide, nombreux sont ceux qui prospèrent même à l'extérieur dans des zones plus fraîches, à condition d'être mis à l'abri en cas de froid excessif. Dans ces zones, il est même possible d'avoir des bégonias en fleur tout au long de l'année quand on dispose d'une véranda ou d'une serre chauffée[45].
Bien que souvent un peu délicates à acclimater au départ[18], la popularité de ces plantes s'explique aussi par la facilité avec laquelle elles se multiplient. La propagation est faite soit par semis de graines, soit par séparation de bulbilles ou de bulbes et division des tubercules ou des rhizomes, mais aussi, et surtout, par bouturage de tiges ou même de simples morceaux de feuilles plaquées au sol, qui s'enracinent à la faveur de l'humidité ambiante avant de donner naissance à de jeunes pousses chez de nombreuses espèces tropicales[45].
Les bégonias ornementaux importés dans des milieux propices peuvent localement devenir invasifs.
C'est notamment le cas à La Réunion où un hybride de Begonia rex colonise les sous bois en se propageant principalement par boutures naturelles de rhizomes et de feuilles[51]. Une autre espèce originaire d'Asie, évadée des jardins, le Begonia diadème, est un couvre-sol rhizomateux envahissant certains sous-bois réunionnais, au détriment de la végétation locale[52]. Tandis que le Begonia cucullata var. spatulata ou « cœur de Jésus » se propage par semis spontanés et stolons, colonisant les espaces naturels de cette île, tout comme à Hawaï, en Afrique du Sud ou encore, entre autres, en Nouvelle-Zélande[53].
Conservation
Les bégonias étant principalement des plantes tropicales, de nombreuses espèces sont menacées par la déforestation avant même d'avoir été décrites. Au XXIe siècle, les botanistes accentuent donc leurs efforts pour collecter de nouveaux spécimens qui pourront être conservés et multipliés dans les collections nationales.
plus au sud de la Charente-Maritime, M. Jacky Duruisseau, un passionné, a constitué une collection agréée de bégonias botaniques et notamment une collection nationale de bégonias d'Afrique et de Madagascar,
En Asie, le jardin botanique de Bali notamment abrite l'une des plus grandes collections au monde de bégonias[58]. À Taïwan, en 2018, l'Academia Sinica de Taipei cultive environ 600 espèces, dont 85% récoltées en Asie et le Cecilia Koo Botanic Conservation Center (KBCC), fondé en 2007, abrite une collection de 562 espèces (72% d'Asie, 22% des Amériques et 6% d'Afrique) et 756 cultivars[44].
De leur côté, les amateurs de bégonias botaniques privilégient les échanges de boutures et de graines afin de ne pas contribuer à la raréfaction des plantes sauvages en prélevant des pieds dans leur milieu naturel.
Usage
Ornemental
Les bégonias sont cultivés principalement comme plantes ornementales.
Les horticulteurs européens, australiens et néozélandais ont montré traditionnellement un engouement presque exclusif pour la floraison spectaculaire des hybrides de bégonias tubéreux, originaires de Andes et supportant mal en revanche le climat de l'Amérique du Nord, globalement trop chaud pour eux. En revanche, aux États-Unis et au Canada, les collectionneurs qui peuvent se procurer aisément des plantes d'Amérique centrale disposent plus facilement d'un large choix d'espèces et d'hybrides à acclimater[2].
Médicinal
Plusieurs espèces font partie de la pharmacopée traditionnelle, toutefois, leurs composés pouvant s'avérer toxiques, ce sont des remèdes délicats à utiliser. Leur richesse en oxalates limite la consommation, car une trop grande quantité peut contrarier l'assimilation du calcium ou autres minéraux et en inhibant des enzymes. En excès, l'usage des racines et des tubercules peut ainsi provoquer une anémie. Begonia grandis est connu en Asie dès le début du XVe siècle pour ses propriétés astringentes, de même que d'autres espèces découvertes par la suite, utilisées pour nettoyer les plaies, apaiser les enflures et traiter diverses maladies. Un fascicule chinois datant de 1765, préconise Begonia fimbristipula pour traiter des problèmes disgestifs. Begonia gracilis est utilisé comme vomitif ou purgatif. Notons aussi la présence de cucurbitacine, très amère, mais qui a prouvé des propriétés antitumorales, et également de la rutine, utilisée en cas de troubles de la circulation sanguine[2],[60],[61].
Alimentaire
De nombreuses espèces ont un goût acidulé. Elles ont à peu près le même usage que l'Oseille (Rumex acetosa), une plante également riche en oxalates[62].
En gastronomie, on utilise essentiellement Begonia gracilis et Begonia semperflorens, sachant que les bégonias de couleur sombre ont plus de goût que ceux qui sont de teinte claire[61]. On utilise des bégonias comme accompagnement, dans des sauces ou en salade, pour relever les plats de viande ou de poisson[2].
Les feuilles de beaucoup d'espèces sont consommées de par le monde, notamment comme légumes cuits dont la saveur acidulée se marie bien avec le poisson ou la crevette. Les bégonias bambous, dotés de larges feuilles sans pilosité, sont faciles à trouver. Les feuilles doivent être cuites, bouillies ou en mélange avec le plat[62],[63]. D'autres espèces comme Begonia fimbristipula sont consommées en tisane[62].
Amérique : au Mexique pas moins de dix huit espèces de bégonias font l'objet de cueillette et sont employées comme Quelite[65], comme Begonia plebeja dont ce sont les tiges et les pétioles qui sont consommés[66]. Au Brésil on utilise B. cucullata, B. bidentata[67], etc. Au Paraguay les feuilles de B. cucullata sont mangées frites ou en soupe.
Les tiges, malgré leur toxicité potentielle, sont recherchées pour leur goût à la fois sucré et acide par les enfants du nord du Mexique, comme les petits Chinois, qui mastiquent respectivement des tiges de B. gracilis ou de Begonia grandis ssp. evensiana[60]. Les Mexicains en font aussi du fourrage pour les animaux[61].
La sève de B. gracilis sert au Mexique à faire cailler le lait pour obtenir du fromage[60].
Bégonias dans la culture populaire
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Au XIXe siècle, Les horticulteurs de Nancy sont très proches des artistes de l'École de Nancy, qui contribuent à accroitre la popularité de ces fleurs en les intégrant à leurs œuvres, à l'exemple d'Émile Gallé qui en fait un décor de verrerie[48].
Au début de la seconde moitié du 20e siècle, l'architecte paysagiste belge Etienne Stautemas(nl) commence à créer des tapis de fleurs à base de bégonias tubéreux à grandes fleurs, dont son pays est le principal producteur depuis 1860. Par la suite l'artiste en conçoit de plus en plus grands, un peu partout dans le monde. Le plus important fait 1 800 m2. Il est mis en place en une huitaine d'heures par plus d'une centaine de bénévoles sur la Grand-Place de Bruxelles, tous les deux ans depuis 1971, le week-end du 15 août. Les fleurs sont si tassées qu'elles ne peuvent pas s'envoler et restent fraîches durant quatre jours, en créant un micro-climat au ras du sol[69],[70].
À Rochefort, la ville de Michel Bégon qui a donné son nom au bégonia, Le Bégonia d'Or est un atelier d'art qui perpétue la broderie au fil d'or, notamment le cannetille, un fil d'or en spirale[74].
↑ abcdefghi et j(en) Mark C. Tebbitt, Begonias: Cultivation, Identification, and Natural History en collaboration avec le Brooklyn Botanic Garden, Timber Press, 2005. (ISBN0881927333), (ISBN9780881927337).
↑Josette Albouy et Jean-Claude Devergne, Maladies à virus des plantes ornementales. Collection Du labo au terrain, Editions Quae, 1998. ISSN 1150-3564. (ISBN2738007635 et 9782738007636). Chapitre Bégonia, page 194.
↑(en) Sattler R et Maier U, « Development of the epiphyllous appendages of Begonia hispida var. cucullifera: implications for comparative morphology. », Canadian Journal of Botany, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(en) Peter W. Moonlight, Wisnu H. Ardi, Luzmila Arroyo Padilla, Kuo-Fang Chung, Daniel Fuller, Deden Girmansyah et Ruth Hollands, « Dividing and conquering the fastest-growing genus: Towards a natural sectional classification of the mega-diverse genus Begonia (Begoniaceae) », Taxon, vol. 67, no 2, , p. 267–323 (ISSN0040-0262, DOI10.12705/672.3).
↑Emile Mouchon, Bégonia dans le Dictionnaire de bromatologie végétale exotique: comprenant en outre de nombreux articles consacrés aux plantes indigènes dont on ignore ou néglige généralement les propriétés alimentaires, si utilement applicables aux besoins journaliers des classes pauvres, Éditeur J.-B. Baillière, 1847.
Charles Chevalier, Les bégonias, monographie, multiplication et culture, édité à Liège en 1938.
(en) Mark C. Tebbitt, Begonias: Cultivation, Identification, and Natural History en collaboration avec le Brooklyn Botanic Garden, Timber Press, 2005. (ISBN0881927333), (ISBN9780881927337).
Génétique :
(en) A. Dewitte, A.D. Twyford, D.C. Thomas, C.A. Kidner and J. Van Huylenbroeck (2011). The Origin of Diversity in Begonia: Genome Dynamism, Population Processes and Phylogenetic Patterns, dans The Dynamical Processes of Biodiversity - Case Studies of Evolution and Spatial Distribution, PhD. Oscar Grillo (Ed.), (ISBN978-953-307-772-7), InTechA. Lire en ligne.
Deretrachys Deretrachys juvencus Klasifikasi ilmiah Kerajaan: Animalia Filum: Arthropoda Kelas: Insecta Ordo: Coleoptera Famili: Cerambycidae Genus: Deretrachys Deretrachys adalah genus kumbang tanduk panjang yang tergolong famili Cerambycidae. Genus ini juga merupakan bagian dari ordo Coleoptera, kelas Insecta, filum Arthropoda, dan kingdom Animalia. Larva kumbang dalam genus ini biasanya mengebor ke dalam kayu dan dapat menyebabkan kerusakan pada batang kayu hidup atau kayu yang telah dite...
У этого термина существуют и другие значения, см. Клиновидные кости (стопа). Клиновидная кость Каталоги MeSHMeSHGray?FMATA98 Медиафайлы на Викискладе Клинови́дная кость (основна́я кость) (лат. os sphenoidale) — непарная кость, образующая центральный отдел основания черепа. Состо...
Akko עַכּוֹعكّاPemerintahan • JenisKota • Kepala DaerahShimon LankryLuas • Total13.533 dunams (13,533 km2 or 5,225 sq mi)Populasi (2007) • Total46.000 • Kepadatan3,4/km2 (8,8/sq mi) Pemandangan Kota Akko Akko (Ibrani: עַכּוֹ, Akko; Arab: عكّاcode: ar is deprecated , ʻAkkā; Inggris: Acrecode: en is deprecated ) adalah sebuah kota di wilayah Galilea Barat di Distrik Utara, I...
1816 Louisiana gubernatorial election ← 1812 July 3, 1816 1820 → Nominee Jacques Villeré Joshua Lewis Party Democratic-Republican Democratic-Republican Electoral vote 43 3 Popular vote 2,314 2,145 Percentage 51.9% 48.1% Governor before election William C. C. Claiborne Democratic-Republican Elected Governor Jacques Villeré Democratic-Republican Elections in Louisiana Federal government Presidential elections 1812 1816 1820 1824 1828 1832 1836 1840 1844...
Ettore De Michele Ettore De Michele intervistato nel 1990. Nazionalità Italia Altezza 170 cm Peso 76 kg Calcio Ruolo Allenatore (ex portiere) Termine carriera 1918 - giocatore 19?? - allenatore Carriera Squadre di club1 1908-1918 SC Lecce4 (1, -14)[1] Carriera da allenatore 1908-19?? SC Lecce 1 I due numeri indicano le presenze e le reti segnate, per le sole partite di campionato.Il simbolo → indica un trasferimento in prestito. Modifica dati su Wikidata...
Fort on an island in Maharashtra, India SuvarnadurgPart of Harnai port of Ratnagiri DistrictHarnai, India Entrance to Suvarnadurg fortSuvarnadurgCoordinates17°49′01″N 73°05′06″E / 17.817°N 73.085°E / 17.817; 73.085TypeFortSite informationControlled byGovernment of MaharashtraOpen tothe publicYesConditionRuinsSite historyBuiltSeventeenth centuryBuilt byAdil Shahi dynasty[1]Battles/warsMarathas, Angrias and BritishEventsBattles for...
Vila Kekaisaran ShugakuinVila Kekaisaran Shugaku-in (修学院離宮code: ja is deprecated , Shugaku-in Rikyū)Kolam Taman AtasJenisTaman JepangLokasiKyoto, JepangKoordinat35°03′13″N 135°48′06″E / 35.0537°N 135.80174°E / 35.0537; 135.80174Koordinat: 35°03′13″N 135°48′06″E / 35.0537°N 135.80174°E / 35.0537; 135.80174Dibuat1655 Kolam Taman Atas Vila Kekaisaran Shugaku-in (修学院離宮code: ja is deprecated , Shugaku-in R...
内華達州 美國联邦州State of Nevada 州旗州徽綽號:產銀之州、起戰之州地图中高亮部分为内華達州坐标:35°N-42°N, 114°W-120°W国家 美國建州前內華達领地加入聯邦1864年10月31日(第36个加入联邦)首府卡森城最大城市拉斯维加斯政府 • 州长(英语:List of Governors of {{{Name}}}]]) • 副州长(英语:List of lieutenant governors of {{{Name}}}]])喬·隆巴爾多(R斯塔...
أثار اغتيال الرئيس الأمريكي جون كينيدي في 22 نوفمبر عام 1963، وما تلاه من قتل جاك روبي، وهو مالك نادٍ ليلي، للمشتبه به الرئيسي لي هارفي أوزوالد، العديد من نظريات المؤامرة.[1][2][3] تزعم بعض هذه المؤامرات تورط وكالة المخابرات المركزية الأمريكية، والمافيا، ونائب الرئ...
American businesswoman (born 1969) Adena FriedmanFriedman in 2018BornAdena Robinson Testa1969 (age 54–55)Baltimore, Maryland, United StatesOther namesAdena Robinson TateEducationWilliams College (BA)Vanderbilt University (MBA)OccupationCEO of Nasdaq, Inc.Spouse Michael Friedman (m. 1993)Children2Parent(s)Adena W. Testa Michael D. Testa Adena T. Friedman (born Adena Robinson Testa; 1969) is an American businesswoman. She currently serves as the Pr...
Grand Prix F1 Portugal 1996 merupakan balapan Formula 1 pada 22 September 1996 di Estoril.[1] Lomba Pos No Pembalap Tim Lap Waktu/Tersingkir Grid Poin 1 6 Jacques Villeneuve Williams-Reanult 70 1:40'22.915 2 10 2 5 Damon Hill Williams-Reanult 70 +19.966 1 6 3 1 Michael Schumacher Ferrari 70 +53.765 4 4 4 3 Jean Alesi Benetton-Renault 70 +55.109 3 3 5 2 Eddie Irvine Ferrari 70 +1'27.389 6 2 6 4 Gerhard Berger Benetton-Renault 70 +1'33.141 5 1 7 15 Heinz-Harald Frentzen Sauber-Ford 69 +...
ГородШарлевиль-Мезьерфр. Charleville-Mézières Флаг Герб 49°46′20″ с. ш. 4°43′11″ в. д.HGЯO Страна Франция Регион Гранд-Эст Департамент Арденны История и география Основан 1606 Площадь 31,44 км² Высота центра 148 м Часовой пояс UTC+1:00, летом UTC+2:00 Население Население ▲46 398 �...
فاليريو أجنولي معلومات شخصية الميلاد 6 يناير 1985 (العمر 39 سنة)ألاتري الطول 1.69 م (5.5 قدم) الجنسية إيطاليا الوزن 68 كـغ (150 رطل؛ 10.7 ستون) الحياة العملية الدور دراج الفرق فريق أستانا (2013–2016)فريق البحرين ميريدا للدراجات الهوائية (2017–) المهنة دراج نوع السباق س...
Line of rugged laptop computers made by Panasonic. This article has multiple issues. Please help improve it or discuss these issues on the talk page. (Learn how and when to remove these template messages) This article contains content that is written like an advertisement. Please help improve it by removing promotional content and inappropriate external links, and by adding encyclopedic content written from a neutral point of view. (March 2021) (Learn how and when to remove this message) This...
Stasiun Higashi-Tomioka東富岡駅Stasiun Higashi-Tomioka pada Oktober 2008LokasiTomioka 1955, Tomioka-shi, Gunma-ken 370-2316JepangKoordinat36°15′39.07″N 138°54′6.67″E / 36.2608528°N 138.9018528°E / 36.2608528; 138.9018528Operator Jōshin DentetsuJalur■ Jalur JōshinLetak19.3 km dari TakasakiJumlah peron1 peron sampingInformasi lainStatusTanpa stafSitus webSitus web resmiSejarahDibuka1 April 1990PenumpangFY2019212 Lokasi pada petaStasiun Higashi-Tomioka...
Сільське господарство Історія Неолітична революція Австронезійська експансія Стародавній Єгипет Давня Греція Давній Рим Арабський халіфат Мезоамерика Британія Зелена революція Друга зелена революція Україна Рослинництво Агротехніка Агролісомеліорація Біовугілля ...