Née dans une famille d'immigrants chinois de seconde génération, Anna May Wong commença sa carrière cinématographique en tant que figurante en 1918 sur le film La Lanterne rouge d'Albert Capellani, grâce à James Wang, un ami de son père qui avait travaillé sur de nombreux films[1]. Elle commence véritablement sa carrière d'actrice en 1922 avec le film Fleur de Lotus (1922), suivi de Le Voleur de Bagdad en 1924 avec Douglas Fairbanks.
Frustrée par les rôles stéréotypés qu'on lui offrait à Hollywood, elle prit le chemin de l'Europe à la fin des années 1920, où elle joua dans plusieurs productions notables et imposa une image d'icône internationale de la mode. Elle revint périodiquement en Amérique au début des années 1930 pour divers films comme Daughter of the Dragon (1931) ou Shanghaï Express de Josef von Sternberg (1932) avec Marlene Dietrich et, plus tard, La Fille de Shanghai (Daughter of Shanghai) (1937)[2].
En 1935, Wong connut la plus grande déception de sa carrière, quand la Metro-Goldwyn-Mayer rejeta sa candidature pour le rôle principal de Visages d'Orient, adaptation du livre éponyme de Pearl Buck, en raison du code de l'industrie cinématographique interdisant les gestes intimes entre les diverses ethnies. L'acteur principal, masculin, Paul Muni, étant Blanc, les producteurs considéraient impossible de lui donner une partenaire d'origine asiatique et choisirent plutôt l'actrice Luise Rainer que l'on maquilla pour lui donner une apparence orientale. Désabusée, Wong tenta sa chance en Chine où elle fit une tournée d'un an, visitant le village ancestral de sa famille. Mais elle fut victime de la propagande du gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek qui considérait que ses rôles cinématographiques donnaient une mauvaise image du peuple chinois.
De retour en Amérique à la fin des années 1930, elle tourna dans plusieurs films de série B pour Paramount Pictures, comme le film de guerre Lady from Chungking où elle interprète un rôle donnant une image positive des Sino-Américains et des Chinois, en lutte contre l'envahisseur japonais. Durant toute la guerre sino-japonaise (1937-1945) elle consacra une bonne part de son temps et de son argent à lutter pour la cause de la Chine. Wong revint à l'écran dans les années 1950 dans plusieurs séries télévisées ainsi que dans sa propre série en 1951, The Gallery of Madame Liu-Tsong, la première série mettant en vedette une Sino-Américaine diffusée aux États-Unis[3]. Elle comptait revenir au cinéma dans le film musical Au rythme des tambours fleuris quand elle mourut d'une crise cardiaque en 1961, à 56 ans.
En 2020, l'actrice sino-américaine Michelle Krusiec interprète une version fictionnelle d'Anna May Wong dans la mini-série Hollywood, diffusée sur la plateforme Netflix.
↑H. Zia et S. Gall, Notable Asian Americans, 1995, p. 415. Le cousin d'Anna May Wong, James Wong Howe, est le co-directeur de la photographie (non-crédité) de Shanghaï Express.
(en) Karen J. Leong, The China Mystique : Pearl Buck, Anna May Wong, Mayling Soong and the transformation of American Orientalism, Berkeley, University of California Press, 2005 (ISBN9780520244238)