Son cousin Roland Paterne, guitariste et un des premiers adhérents du Hot Club de France, lui fait découvrir le jazz en 1933 et lui offre une banjoline (instrument entre le banjo et la mandoline). André Salvador apprend seul cet instrument puis rapidement passe à la guitare jazz alto à quatre cordes. Son frère Henri le suit dans l’apprentissage de la guitare. En , André et Henri remportent ensemble le concours de chanteur amateur au Palais Berlitz à Paris, ce qui leur ouvre les portes d’une carrière professionnelle.
En 1935, avec son orchestre Olahée! Quartette, André Salvador joue le jazz-hot au Villon, à la Villa d’Este, etc. En 1936, il joue au Mirage, la boîte d’Ernest Léardée, avec son frère Henri[2]. En 1937, André et Henri sont engagés à Paris au Jimmy’s Bar, qui est un haut lieu de rencontre pour bon nombre de musiciens.
André Salvador pendant cette période joue avec les meilleurs musiciens, entre autres ce concert du Hot Club de France avec Django Reinhardt le Au Club, 68, rue Pierre-Charron, à Paris.
Au début de 1941, il s’installe en zone libre et est engagé dans l’orchestre de Bernard Hilda pour des concerts entre le Maxim’s de Nice et le Relais à Cannes. André fait venir son frère sur la Côte d’Azur pour être engagé également au sein de l’orchestre.
Après le départ d’Henri avec les collégiens de Ray Ventura, à la fin de , André Salvador continuera de se produire avec sa propre formation jusqu’à l’arrivée des Allemands en 1943.
Bien qu'ayant été résistant, il refusera toute décoration, estimant n’avoir fait que son devoir.
Après la Libération, grâce à Daidy Davis-Boyer (Mamy Scopitone)[3], il recommence à tourner dans les boîtes parisiennes.
Il est réputé pour mettre une ambiance de feu, notamment au Menestrel[4].
Il est pendant le premier semestre de 1950 l’invité de l’émission « Silence… Antenne » sur Paris-Inter.
Il enregistrera des 78 tours en compagnie de l’Orchestre de danse antillais d'Ernest Léardée.
Il obtient des succès avec Petite fleur fanée, Aux Caraïbes[7].
La plus connue de ses compositions étant Si j’étais une cigarette, popularisée par Éliane Embrun.
André Salvador est une bête de scène, avec un répertoire mélangeant rock 'n' roll, mambo, jazz-swing, le tout enrobé d’un humour décapant[8].
Durant toute cette période, André, un hyperactif, tourne plusieurs courts-métrages et longs-métrages, entre autres, en 1950 : La Maison du printemps, qu’il interprétera sur scène au Théâtre Michel (Paris) la même année[9].
Son activité musicale se ralentit à partir de 1955. En 1959 on le retrouve à côté de Joséphine Baker à l’Olympia de Paris dans la revue Paris mes Amours.
Il se produit dans les galas organisés par Gésip Légitimus pour l’association La Solidarité antillaise, présidée par Etienne Légitimus, et dans les clubs de Jo Attia.
En 1966, son cousin de la Martinique, Eucher Paterne, le fait venir à l’hôtel Bakoua pour y assurer l’animation en compagnie du pianiste Michel Pacquit et de Pierre Louiss.
En 1967, il se produit régulièrement au restaurant Varlot, en Gaspésie, avec sa jovialité et sa guitare à deux manches s'affirmant ainsi le guitariste le plus riche du monde. Il brode également sur les déclarations du général De Gaulle quelques semaines plus tôt : « Vivent les applaudissements… libres ! », « Vive l'amour… libre ! ».
Le sportif
André Salvador était un sportif de haut niveau. Il remporta plusieurs compétitions de ski, de vélo.
Il pratiquait l’équitation, qu’il avait commencée enfant dans sa Guyane natale. Il était également ceinture noire de karaté.
Il décrocha son diplôme omnisports, y compris natation et yoga, en à Hennef, en Allemagne, où il enseigna le tir à l’arc. Il enseigna également le tir à l'arc à l’université du Québec à Montréal.
L’homme
Désabusé et réaliste sur le monde du show-business, André Salvador considère notamment son frère Henri comme un traître qui a tenté par voie de justice de lui disputer l'utilisation du nom de Salvador qui concurrençait le sien sur les disques et les scènes, prenant finalement le nom d'André Jacart[10]. Il arrête son activité de musicien après son dernier contrat à l’Exposition universelle et restera au Canada plus de dix ans.
C’est dans les Laurentides au milieu des bois qu’il s’installe. Il exerça au Canada différents métiers alimentaires n’ayant aucun rapport avec sa qualité d’artiste. C’est chez les Inuits, chez qui il passe quelques mois, qu’il reçut le nom de Wacapac.