Ce succès lui vaut un arrêté royal qui lui accorde le titre honorifique de commandeur de l'ordre de la Couronne et, sur la proposition du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, le roi Philippe lui a proposé la concession du titre personnel de baronne.
Fabienne Claire Nothomb naît au sein d'une famille de la noblesse belge[1] le à Etterbeek en Belgique[2]. Plusieurs de ses ancêtres se sont illustrés dans la vie politique et culturelle du pays[3]. La famille est à l'origine libérale, avec le ministre Jean-Baptiste Nothomb (1805–1881), membre de la franc-maçonnerie[4], ou son demi-frère le ministre libéral Alphonse Nothomb (1817-1898). Les membres de cette famille sont restés centrés sur la recherche du pouvoir politique. Deux membres de cette famille, le communistePaul Nothomb (1913-2006) et le catholique de droite, le baronPierre Nothomb, ont produit, à côté du politique, une œuvre littéraire[5],[6]. Son arrière-grand-père est le baron Pierre Nothomb, écrivain et homme politique. Elle accompagne dans ses déplacements son père Patrick Nothomb, diplomate, qui, peu après la naissance de sa fille, sert comme consul général à Osaka au Japon avant d'être en poste à Pékin, à New York et en Asie du Sud-Est (Laos, Bangladesh, Birmanie) et ambassadeur de Belgique au Japon.
Ses études terminées, un premier retour au Japon (où son père est nommé ambassadeur de Belgique à Tokyo), à l'occasion duquel elle effectue un stage d’interprète dans une entreprise japonaise, lui fournit la matière de deux romans, Stupeur et Tremblements et Ni d’Ève ni d’Adam.
Carrière
En 1992, avec la publication de son roman Hygiène de l’assassin, elle commence sa carrière officielle de romancière. Elle publie dès lors de façon régulière un livre chaque année aux éditions Albin Michel et partage son temps entre Paris et Bruxelles. Sa production couvre des textes à contenu autobiographique et des récits de fiction ainsi qu’une pièce de théâtre[5]. Métaphoriquement, elle se dit « enceinte de ses romans », indiquant écrire depuis l'âge de 17 ans[13] et se qualifie elle-même de « graphomane »[14], consacrant chaque jour au moins quatre heures à l'écriture.
Amélie Nothomb publie un ouvrage par an depuis son premier roman Hygiène de l'assassin publié en 1992[15]. Dans un entretien de 2004 publié dans La Libre Belgique, elle mentionne écrire près de quatre romans par an pour n’en publier qu’un seul[16], et ne pas souhaiter que soient publiés les autres manuscrits[17] : « L'immense majorité [de ces manuscrits] restera dans des caisses et n'en sortira pas. Je veillerai à me protéger suffisamment pour cela »[17], dit-elle.
Certains de ses écrits primés sont traduits dans plus de quarante langues à travers le monde[18].
Présente dans les programmes de l'enseignement secondaire en Belgique[19], au Québec[20] ou en France[21], ainsi que dans les médias francophones ou étrangers, les journaux, radios, télévisions, séances de dédicace, le plus souvent vêtue de sombre et portant de grands chapeaux, elle s’adresse et répond au public et à un lectorat hétérogène, dont elle est adulée ou critiquée[22], voire jalousée, mais poursuit sa carrière : « Je suis ce que je peux être. Je ne maîtrise pas ce que je suis et encore moins les regards que les autres posent sur moi[23]. »
Très discrète sur sa vie privée, elle se déclare cependant en couple depuis longtemps avec un homme français[35] avec qui elle dit préférer vivre « dans la clandestinité »[36], répétant son souhait de ne pas se marier, de ne pas avoir d'enfant et de ne pas dévoiler l'identité de son compagnon pour le protéger[37].
Elle serait autistede haut niveau selon ses propres déclarations et affirme que Métaphysique des tubes, où elle évoque ses premières années, raconte ce parcours[38] marqué par des aptitudes verbales exceptionnelles et quelques difficultés particulières (le syndrome d'Asperger expliquerait l'association entre le haut potentiel et le léger retard psychomoteur sur lequel elle se confie avec humour).
Les œuvres : accueil critique et analyses
Dans l'ouvrage de Michel Zumkir, Amélie Nothomb de A à Z. Portrait d’un monstre littéraire, l'auteur s'intéresse à la question de la réception de ses romans, et fait remarquer que l’accueil réservé à l’écrivain par les critiques et les intellectuels dans les pays et les langues dans lesquels ses œuvres ont été traduites est totalement différent de celui de la France ou de la Belgique. « Elle est considérée comme un auteur à part entière, certes excentrique mais un auteur dont on considère les livres avant la personnalité. […] On la compare davantage à Marguerite Yourcenar pour sa culture et son écriture classique qu’au premier faiseur de best-sellers venu[39]. »
Marc Quaghebeur, dans son Anthologie de la littérature française de Belgique, entre réel et surréel, note que « Chez cet écrivain, une forme de cruauté et d'humour se mêle à un romantisme qui plonge dans l'univers actuel »[5], du reste, dans un portrait chinois, à la question « si vous étiez un personnage », elle répond : Salvador Dali[40]. Les romans d’Amélie Nothomb empruntent à des registres variés, comme « la mythologie, la philosophie ou encore les lettres classiques. Les dialogues donnent à ses livres la vivacité de pièces de théâtre. Quant aux personnages et aux situations fantastiques de ses romans, ils relèvent d’un réalisme magique caractéristique d’une certaine tradition littéraire belge[41]. »
Hygiène de l'assassin
Quand Amélie Nothomb envoie son premier roman (« à double fond »[42]), Hygiène de l'assassin, aux éditions Gallimard, Philippe Sollers ne le comprend pas[43]. L'ouvrage est presque uniquement composé de dialogues d'affrontements socratiques[44] entre un prix Nobel incompris et des journalistes. La discussion a pour sujet la littérature, la lecture, la mort de l'Éden ou de l’enfance. Yolande Helm souligne la discordance entre la transparence et la limpidité de l’intrigue et la complexité d’un développement plus abstrait ainsi qu’une omniprésence du sacré, dissimulé à un niveau sous-jacent[45].
Dans l’ouvrage Le Roman Hygiène de l'assassin : Foyer manifestaire de l'œuvre d'Amélie Nothomb d’Aleksandra Desmurs (2009), Nothomb indique que ce roman est son « manifeste », c'est-à-dire qu'il comporte tout ce qu'elle pense de l'art d'écrire, ainsi que sa vision du monde[46].
Les romans à caractère autobiographique
Dans ses romans autobiographiques relevant du genre désigné par Serge Doubrovsky comme autofiction[47], Amélie Nothomb donne une biographie romancée, dans laquelle le personnage est né le à Kobé, au Japon[48],[49], où son père était diplomate.
Cette déclaration trouve son explication dans le roman Métaphysique des tubes qui raconte sous forme de réécriture parodique de la Genèse, le passage de l'état de néant de la petite « enfançonne » à celui de la conscience du moi, puis à celui de sujet doté de mémoire[50],[51]. Elle met en scène un personnage homonyme (le double « je ») dans les romans Le Sabotage amoureux, (l'enfance) et Biographie de la faim, ainsi que dans Stupeur et Tremblements et Ni d'Ève, ni d'Adam (amour de jeunesse) ; ces romans relatent d'une part ses premières expériences dans les pays où son père est affecté ainsi que ses attachements ou ses rejets et d'autre part son retour au Japon en tant que jeune adulte.
En 1972, quand la famille Nothomb quitte le Japon pour Pékin, la bande des Quatre est au pouvoir. Amélie a alors six ans. Dans Le Sabotage amoureux, elle décrit son départ comme un exil, quittant le Japon, « pays de la beauté », pour la Chine, « pays de la laideur ». L'accueil du roman en Chine fut aussi prudent que celui du Japon pour Stupeur et Tremblements[52]. Les déplacements familiaux suivants constitueront pour Amélie autant de déracinements successifs. L'écrivain indique avoir vécu comme un choc la séparation d'avec sa gouvernante japonaise Nishio-san qu'elle considère comme sa seconde mère. Dans un article de 2004, Marianne Payot, journaliste à L'Express évoque « un nomadisme culturel qui décuple sa curiosité et renforce sa précocité »[53]. Cet aspect est approfondi et développé dans l'essai intitulé Le récit siamois, personnage et identité dans l'œuvre d'Amélie Nothomb, thèse de doctorat de Laureline Amanieux, dans lequel il est postulé que la constitution, et même une reconstruction positive de l'identité après des souffrances sources de déchirures et de dédoublements, se fait par le récit. Il est alors plus question de transposition romanesque que d'autofiction.
Dans Biographie de la faim, elle revient sur ses expériences de l'enfance et de l'adolescence dans des pays aussi contrastés que le Japon, les États-Unis ou le Bangladesh, elle y parle de l'élément eau, de la potomanie, du viol[54], de l'anorexie[55], de la lecture. En 2014, Amaleena Damlé, dans Making A Body without Organs : Amélie Nothomb's An-Organic Flux of Immanence analyse le texte de Biographie de la faim à la lumière du concept deleuzien du Corps-sans-organes[56].
Dans Stupeur et Tremblements, elle met en scène le personnage d'Amélie retournant au Japon pour y travailler comme interprète dans une entreprise de Tokyo. Le roman décrit l'atmosphère et la stricte hiérarchie qui régit le monde du travail au Japon. Elle conte une lente descente professionnelle et l'humiliation de passer de la fonction d'office lady à celle de dame pipi. Le roman a pour thème le choc des cultures, l'exil et la marginalisation[57]. Amélie Nothomb, l'Occidentale, s'était prise de passion pour le Japon, or le stage de travail à Tokyo l'a déstabilisée… « La description au vitriol est à la hauteur d'une déception quasi amoureuse » écrit Philippe Pelletier[58]. Le roman a été primé par l'Académie française, balayant les hésitations de son éditeur japonais. Dans cet ouvrage, le séjour au Japon est présenté comme se déroulant juste avant l'envoi du manuscrit d'Hygiène de l'assassin aux éditeurs ; l'écrivaine a compris « la surprenante jouissance et liberté de l'univers de la marge et de la différence et que sa seule vraie nationalité est l'exil[57] ».
Ni d'Ève, ni d'Adam, roman de 2007 qui raconte sa relation avec un Japonais de son âge alors qu'elle travaillait à Tokyo, est bien accueilli par le magazine L'Express : « Amélie Nothomb n'a pas son pareil pour mettre en scène le choc des cultures. Qui plus est, avec un sens de l'autodérision dont elle (re)donne ici sa pleine mesure »[59]. Il reçoit la même année le Prix de Flore.
Le , après le tsunami et l'accident nucléaire de Fukushima, paraît son vingt-deuxième roman, sur son second retour au Japon à l'âge de la maturité : La Nostalgie heureuse, « Le Japon m'a plusieurs fois sauvée et j'ai à nouveau besoin d'être sauvée par le Japon, qui a ce pouvoir guérisseur », roman dans lequel elle se confronte à ses souvenirs, fouille sa mémoire et les lieux présents du passé en quête d'identité[60]. La première phrase du roman affirme que : « Tout ce que l'on aime devient fiction ». Ce roman est inspiré par le tournage du documentaire[61]Amélie Nothomb, Une vie entre deux eaux[62] diffusé par France 5 : un film-portrait de Laureline Amanieux et Luca Chiari[63] qui emmène la romancière sur les traces de ses romans autobiographiques au Japon, un an après la catastrophe de Fukushima.
Depuis le début des années 2000, plusieurs spécialistes en littérature se sont penchés sur l'œuvre d'Amélie Nothomb, avec des lectures variées.
En 2003, Susan Bainbrigge et Jeanette Den Toonder, dans Amélie Nothomb, Authorship, Identity and Narrative Practice, Peter Lang, analysent son écriture du point de vue de l'autofiction, du genre, des représentations du corps et des pratiques narratives, rendant hommage à son style de prose qui « démontre une connaissance sophistiquée de la structure, de la forme et de l'histoire littéraire »[64]. Elles s'intéressent à ce qu'elles nomment le récit autodiégètique, tel que défini par Gérard Genette, théoricien de la littérature.
En 2010, Mark D. Lee, membre de l'Association américaine des professeurs de français, dans l'ouvrage Les Identités d'Amélie Nothomb : De l'invention médiatique aux fantasmes originaires revient sur les propos de Françoise Xenakis et indique que : « Soupçonnée d'imposture dès sa première rentrée littéraire, accusée d'être un homme âgé publiant sous un pseudonyme invraisemblable, Amélie Nothomb est un auteur qui — plus que d'autres — a dû s'inventer. » Dans Les Identités d'Amélie Nothomb, Mark D. Lee revient sur « les circonstances qui ont marqué les débuts d'une carrière extraordinaire »[65],[66],[67] et à propos de l'identité — belge — de l'auteur, dans l'ouvrage Francographies : identité et altérité dans les espaces francophones européens, il dédie un chapitre à la place et la fonction de l'étranger dans l'imaginaire nothombien[68].
Lors d'une conférence autour des thèmes de la littérature française, du Japon, du soi et de l'identité, de l'autobiographie, du féminisme français, de la littérature du XXe siècle et de la littérature contemporaine, Hiramatsu Ireland, (平松アイルランド), fait valoir dans un article que le roman Stupeur et Tremblements rompt le pacte autobiographiquelejeunien avançant que des éléments biographiques sont fictionnels, notamment que la romancière n'est pas née au Japon, avant de proposer une lecture explicative sur le plan de la psychanalyse à partir des notions élaborées par Julia Kristeva et énoncées dans son ouvrage Pouvoirs de l'horreur, pour le choix d'Amélie Nothomb de se présenter comme née au Japon et enfin d'analyser le roman Stupeur et Tremblements, — une vision du Japon sombre, parfois mordante et drôle[69] — comme une intertextualité entre des éléments de la littérature occidentale et des techniques de la littérature japonaise classique et médiévale[70],[71].
En 2008, Beïda Chikhi indiquait cependant dans L'Écrivain masqué[72] que « on ne peut pas à proprement parler d'autobiographie, l'écrivain conservera toujours l'indication roman en quatrième de couverture, aussi roman autobiographique ou autobiographie romancée conviendraient mieux aux textes d'Amélie Nothomb[73] ». Et, comme le souligne Benali Souâd, il ne faut pas « oublier la relation constante établie entre le passé du personnage et le présent de la narratrice, mis en scène par l'écriture[74] ».
Nothomb produit une « littérature épaisse et profonde dans laquelle elle tend à mélanger le tragique et le ludique situationnel »[74] » ; deux universitaires débattent ainsi des notions de tragique et réel dans Le Sabotage amoureux, évoquant au passage l'héritage de Cervantès[75],[76].
Les autres œuvres : romans et pièce de théâtre
Le linguiste québécois Michel David mentionne qu’outre sa maestria verbale, « La vivacité, la singularité, la précision, son humour, son talent de dialoguiste déployé dans la plupart de ses romans font qu’elle est un écrivain accessible à la jeunesse d’âge ou d’esprit de ses lecteurs, deux petites heures suffisent pour la lecture d’un de ses livres et on ne s’y ennuie pas »[77]. Les adjectifs : drôle, loufoque, original, pétillant reviennent régulièrement pour caractériser les romans d’Amélie Nothomb qui empruntent à des registres variés ; en effet si Péplum est une fiction anticipative[78], Acide sulfurique, est une dystopie ou fable futuriste qui explore la cruauté dans une sorte d’expérience de Stanford télévisée ; elle choque et déclenche des polémiques (pour et contre) qui ne sont pas sans rappeler l’accueil de certains romans de Houellebecq[79].
D’autres romans comme Barbe-Bleue ou Riquet à la houppe, — une célébration joyeuse de la différence —, renvoient à la tradition des contes dont la vision manichéenne, est toutefois nuancée chez Amélie Nothomb. Selon Andrea Oberhuber, l’auteur belge construit son œuvre comme un palimpseste, « sur un ensemble de références littéraires, révélant une stratégie résolument post-moderne », c’est-à-dire repenser les mythes fondateurs de la littérature canonique pour réécrire ces récits, dans ce cas au féminin, avec liberté et le plus souvent sur un ton ironique[80],[81]. Ainsi, selon Laurence Marois, revisite-t-elle dans Mercure un des mythes fondateurs de la féminité, Orphée et Eurydice[82].
La dualité thématique entre laideur et beauté est soulignée dans Mercure ou Attentat[83].
Le roman Attentat, est examiné en 2006 par Tara Collington dans une étude intitulée Hugo à la rencontre de Rabelais : l’esprit carnavalesque dans Attentat d’Amélie Nothomb[84].
Dans Pétronille (), roman d’amitié, le personnage principal décrit par l’auteur belge est un portrait reconnaissable de la romancière française Stéphanie Hochet[85]. Amélie Nothomb y évoque sa passion pour le champagne[86] et « l'art de l'ivresse » qui, selon elle, « relève de l'art, qui exige don et souci. Boire au hasard ne mène nulle part »[87],[88]. Le champagne est également présent dans d’autres romans comme Barbe bleue ou Le Fait du prince.
Le a été publié son vingtième roman, Tuer le père au titre freudien, mais dont l’univers est celui des magiciens et des illusionnistes qui font « douter du réel » renvoyant au questionnement récurrent chez Nothomb de l’identité et de l’imposture[89].
Le roman Robert des noms propres, hors invocation par son titre du choix symbolique des prénoms de personnages, classiques, rares, ou néologiques, dans l’œuvre de Nothomb, allant de Plectrude à Trémière, passant par Zoïle, Astrolabe, Hirondelle, Pretextat, Palamède ou simplement Marie[90], est en 2012, dans un article intitulé The Child as Artist in Amélie Nothomb's, Robert des noms propres, abordé par Anna Kemp du point de vue de la condition de l’enfant comme artiste[91]. En 2015, à la lumière des idées développées par Roland Barthes autour de « La Mort de l'auteur », une analyse des dernières pages des romans Robert des noms propres et Hygiène de l’assassin est proposée par Lucy O’Meara[92].
Dans son roman de 2009, Le Voyage d'hiver dont le titre est emprunté au Winterreise de Franz Schubert, Amélie Nothomb renoue avec ses thèmes favoris : l’amour, la différence, l’écriture, la lecture, le langage, la vie[93].
D’autres romans comme Journal d'Hirondelle empruntent dans leur intrigue certaines formes au roman policier[94], l’intrigue peut y être prétexte et « importer moins que la verve à conter »[95]. Un dénouement alternatif peut être proposé.
Une forme de vie, est un roman épistolaire, avec mise en abyme à trois niveaux, constitué d'une correspondance fictive avec un soldat américain en poste en Irak[96]. Le roman dans sa traduction en anglais par Alison Anderson est sélectionné pour le Prix littéraire international de Dublin (2015)[97].
Quant à Cosmétique de l'ennemi, ce dernier est appréhendé à travers son dialogisme, le concept développé par Mikhaïl Bakhtine[98].
En 2009, Marie-Christine Lambert-Perreault parle de « L’écriture d’Amélie Nothomb : (comme) d’un corps à corps avec l’ennemi intérieur » et rappelant l’ouvrage de Michael Zumkir - Amélie Nothomb de A à Z, indique que « c’est de [cet] affrontement que naîtrait la matière de l’écriture »[99].
Comme le facétieux réalisateur Alfred Hitchcock, qu’elle admire[100], qui faisait souvent quelques brèves apparitions en caméo dans les films qu’il signait, Amélie Nothomb apparait également dans plusieurs des romans cités, hors genre strictement autobiographique.
La pièce de théâtre Les Combustibles, montée au théâtre Daniel-Sorano à Vincennes en 2008[101], puis au théâtre de Nesle à Paris en 2010, « dans un équilibre entre gravité et cruauté, tempérées par la drôlerie, adresse la place de la littérature et de la culture dans nos sociétés modernes »[102].
Distinctions
Prix littéraires
Amélie Nothomb a remporté les prix littéraires suivants :
Par arrêté royal du , Fabienne Claire, dite Amélie Nothomb, se voit concéder le titre personnel de baronne[112],[113],[114],[115], mais, comme elle n'a pas levé ses lettres patentes, cette concession est restée sans effet. Elle est cependant qualifiée de baronne dans l'avis nécrologique annonçant le décès de sa mère[116].
En 2015, Amélie Nothomb est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Elle a été choisie « à une grande majorité » pour « l'importance de l'œuvre, son originalité et sa cohérence, son rayonnement international », a expliqué Jacques De Decker, le secrétaire perpétuel de l'académie. Elle prend le fauteuil de l'écrivain et sinologue belge Simon Leys dont elle fera l'éloge[117],[118], se sentant « extrêmement honorée de succéder à Simon Leys avec lequel elle a eu des contacts étant très jeune »[119].
En 2009, la poste belge édite un timbre à son effigie[121].
En 2011, un géant du Nord est conçu à son effigie, rejoignant ainsi les rares Géants à représenter une personnalité vivante[122].
En 2014, les rosiéristes de la société Georges Delbard créent, en hommage à l'écrivaine, un « rosier Amélie Nothomb », révélé au public[123],[124] lors d'un salon floral organisé en au Jardin des Tuileries à Paris.
Entre 2000 et 2002, elle écrit sept textes pour la chanteuse française RoBERT : L'Appel de la succube (2000), À la guerre comme à la guerre, Le Chant des sirènes, Celle qui tue, Nitroglycérine, Requiem pour une sœur perdue, Sorcière (2002)[145]. Elle romance d'ailleurs la vie de la chanteuse dans Robert des noms propres, paru en 2002.
En 2021, elle co-écrit La Divine Comédie d'Amélie Nothomb : un voyage mythologique des Enfers au Paradis, un documentaire audio co-écrit et réalisé par Laureline Amanieux, dont Amélie Nothomb est le personnage principal, revisitant de grandes mythologies et spiritualités européennes à travers des œuvres d'art ou littéraires emblématiques. Ce podcast de quatre heures est proposé en exclusivité sur la plateforme de Livres Audios Audible[150]. En 2022, elle préface le récit d'Aurora Cornu (éditions Unicité, collection « Éléphant blanc », 2022, (ISBN978-2-37355-788-6)) ainsi que le livre Secrets de Champagne de Sylvie Schindler (éditions Bulles d'Émotion, 2022, (ISBN979-8837663208))[151]. Une préface d'Amélie Nothomb introduit le livre Le Fichier mondial des espionnes signé Bruno Fuligni paraissant en novembre 2023 aux éditions Albin Michel. En 2024, elle écrit la préface du premier recueil du poète Samuel Uson-Mazaudier, intitulé Chimères[152],[153].
Elle est également l'autrice de quelques articles pour des revues littéraires[154],[155],[156] et est parfois sollicitée par la presse généraliste[157].
Adaptations
Adaptations au théâtre et à l'opéra
Le sabotage amoureux, Théâtre Le Ranelagh, Paris, 1999
Huit romans d'Amélie Nothomb ont été adaptés sous forme de livres audio, les quatre premiers ont été publiés par les éditions VDB, les suivants par Audiolib :
Entretien audio avec Amélie Nothomb, éditions Autrement dit, 2007.
Le récit siamois, personnage et identité dans l'œuvre d'Amélie Nothomb, Albin Michel, 2009.
(es) Francesco Ardolino, « La guerra fictícia en la narrativa d'Amélie Nothomb », Femmes et guerre en Méditerranée, Guy Dugas y Marta Segarra (éd.), Barcelone et Montpellier, Publicacions de la Universitat de Barcelona i Presses de l'Université Paul Valéry : p. 169-178, 1999.
(en) Susan Bainbrigge et Jeanette Den Toonder (dir.), Amélie Nothomb, Authorship, Identity and Narrative Practice, Peter Lang, 2003.
Frédérique Chevillot, Amélie Nothomb : L'Invitation à la lecture. Women in French Studies, 2012, vol. 2012, no 1, p. 195-212[167].
Isabelle Constant : Construction Hypertextuelle: Attentat d’Amélie Nothomb, The French Review, vol. 76, no 5, avril 2003[168].
Michel David, Amélie Nothomb, le symptôme graphomane, L'Harmattan, coll. « L'œuvre et la psyché », 2006.
Aleksandra Desmurs, Le Roman Hygiène de l'assassin : œuvre manifestaire d'Amélie Nothomb, préface d'Amélie Nothomb, éd. Praelego, 2009.
Yolande Helm, Amélie Nothomb :‘‘l’enfant terrible’’des Lettres belges de langue française. Études francophones, 1996, vol. 9, p. 113-20.
Yolande Helm, Amélie Nothomb : une écriture alimentée à la source de l’orphisme. Religiologiques, Orphée et Eurydice : mythes en mutation, 1997, vol. 15, p. 151-163.
Hélène Jaccomard, Le fabuleux destin d'Amélie Nothomb. L'Esprit créateur, 2002, vol. 42, no 4, p. 45-57.
Frédéric Joignot, Amélie Nothomb. L’enfance à en mourir. Mauvais Esprit : Le Monde, 2008, vol. 29[169].
Élise Hugueny-Léger, University of St Andrews, Naissance et mort de l’auteur : les investigations d’Amélie Nothomb, Itinéraires, 2014[170].
(en) Anna Kemp, The Child as Artist in Amélie Nothomb's Robert des noms propres. French studies, 2012, vol. 66, no 1, p. 54-67.
Marie-Christine Lambert-Perreault, La mélancolie comme structure infralangagière de l'œuvre d'Amélie Nothomb, 2008[171].
Mark D. Lee, Les identités d'Amélie Nothomb : de l'invention médiatique aux fantasmes originaires, éd. Rodopi, 2010.
Jean-Michel Lou, Le Japon d'Amélie Nothomb, L'Harmattan, coll. « Espaces littéraires », 2011.
Kobialka Margaux, La Création d’Amélie Nothomb à travers la psychanalyse, Le Manuscrit, 2004.
Claire Nodot, La Dame pipi du quarante-quatrième étage : l’exil et la marge dans Stupeurs et Tremblements d’Amélie Nothomb. Paroles gelées, 2006, vol. 22, no 1.
Andrea Oberhuber, « Réécrire à l’ère du soupçon insidieux : Amélie Nothomb et le récit postmoderne », Études françaises, vol. 40, no 1, , p. 111-128 (lire en ligne)
Christine Suard, Les variantes de l'autobiographie chez Amélie Nothomb. 2008.
Ferenc Tóth, Le Japon et l’œuvre romanesque d'Amélie Nothomb. Éditions universitaires européennes, 2013, vol. 15, no 2. p. 102.
Michel Zumkir, Amélie Nothomb de A à Z : portrait d'un monstre littéraire, Bruxelles, Grand miroir, coll. « Une vie », , 183 p. (ISBN978-2-930351-39-1, OCLC53330101)
Evelyne Wilmerth, Amélie Nothomb: sous le signe du cinglant. Revue générale, 1997, vol. 132, no 6-7, p. 45-51.
Wierzbowska, Ewa Malgorzata: Les relations familiales dans le roman d’Amélie Nothomb Antéchrista in Relations familiales dans les littératures française et francophone des XXe et XXIe siècles: II. La figure de la mère ed. by Murielle Lucie Clément and Sabine Van Wesemael, Paris: L’Harmattan, 2008, p. 235–244.
Discours critique sur les œuvres de littérature contemporaine pour Amélie Nothomb sur auteurs.contemporain.info/[172].
↑(en) Benjamin Hiramatsu Ireland, « Amélie Nothomb's Distorted Truths: Birth, Identity, and Stupeur et tremblements », New Zealand Journal of French Studies, vol. 33, no 1, , p. 135-156 (lire en ligne)
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↑ ab et cMarc Quaghebeur, Anthologie de la littérature française de Belgique, Entre réel et surréel, Bruxelles : Racine, 2006, p. 367
« Issue d'une famille belge de la petite aristocratie où la politique et la littérature ont toujours fait bon ménage, elle a atteint, pratiquement depuis son premier récit, Hygiène de l'assassin (1992), un lectorat que n'ont jamais connu ses ancêtres. Sa production oscille entre les textes à contenu plus ouvertement autobiographique comme Le Sabotage amoureux (1993) ou Stupeur et Tremblements (1999) et des récits plus fictionnels tels Mercure (1998) ou Les Combustibles (1994), une pièce de théâtre. Chez cet écrivain, une forme de cruauté et d'humour se mêle à un romantisme qui plonge dans l'univers actuel. »
— Marc Quaghebeur, Anthologie de la littérature française de Belgique, entre réel et surréel.
↑Émilie Saunier, Les « traces » littéraires d’une appropriation singulière de l’héritage familial : le cas d’Amélie Nothomb in Textyles, revue des lettres belges de langue française, no 39, 2010, p. 183-195. [lire en ligne].
↑Michel David, Amélie Nothomb, Le symptôme graphomane, L'Harmattan, 2006
↑Saunier, É., « Accéder à la reconnaissance en tant que femme écrivain belge : une étude du cas d’Amélie Nothomb dans le champ littéraire français. », Sociologie et sociétés, vol. 47, no 2, , p. 113 (ISSN0038-030X)
↑Anne Masset, « Amélie Nothomb », monomaniaque de l’écrit, La Libre Belgique, Rubrique « Questions à domicile », , p. 2.
« J'écris 3,7 romans par an, c'est un rythme, je l'ai constaté après coup. Cela dit, n'allez surtout pas imaginer que tous ces romans sont bons. Il y a une énorme proportion de romans ratés dont il est hors de question que je les publie. »
↑Mark D. Lee, « L'étranger chez Amélie Nothomb », dans Susan Bainbrigge, Joy Charnley, Caroline Verdier, Francographies: identité et altérité dans les espaces francophones européens, Peter Lang, (ISBN978-1-43310-348-3, lire en ligne), p. 193 à 204.
↑(en) Benjamin Hiramatsu Ireland, « Amélie Nothomb's Distorted Truths : Birth, Identity, and Stupeur et tremblements », New Zealand Journal of French Studies, Jean Anderson, Victoria University of Wellington, no 33.1, , p. 135-156 (lire en ligne).
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↑Lambert-Perreault, Marie-Christine (Dossier « Écrire (sur) la marge : folie et littérature »), « Irritation, meurtre et autres agressions dans Cosmétique de l’ennemi d’Amélie Nothomb », Postures, no 11, (lire en ligne)
↑Andrea Oberhuber, « Réécrire à l’ère du soupçon insidieux : Amélie Nothomb et le récit postmoderne », Études françaises, vol. 40, no 1, , p. 115 (ISSN0014-2085, lire en ligne).
↑Alice Develey, « Le prix Renaudot est attribué à Amélie Nothomb pour Premier Sang », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
↑Faveurs nobiliaires, « Sur la proposition du Vice-Premier ministre et Ministre des affaires étrangères Le Roi a accordé les faveurs nobiliaires suivantes par arrêtés royaux du 8 juillet 2015 […] Concession du titre personnel de baronne à Mme(s) Fabienne Claire dite Amélie Nothomb, […] »Moniteur Belge, 17 juillet 2015, p. 46530.lire le texte en ligne.
↑La Libre Belgique, annonce nécrologique de la baronne Patrick Nothomb, née Danièle Scheyven, née à Bruxelles le 17 janvier 1938 et morte à Arlon le 11 février 2024.