Appartenant à la génération des surréalistes parisiens, Aline Gagnaire fait partie du groupe Les Réverbères (1938-1939) dans l'atelier du peintre Jean Marembert par Michel Tapié, Jacques Office, Pierre Minne et Henri Bernard. Le groupe édite une revue éponyme dont cinq numéros paraitront ; elle participe au premier par des textes et des illustrations[3]. Elle prendra part au groupe La Main à plume sous l'Occupation[4]. Elle expose avec les surréalistes à Paris à la galerie Furstenberg dans les années 1950-1960. Elle invente des « calligrammes », les « blancs de blancs », les tableaux-chiffons, les tableaux-murs, etc. Elle expose à la Biennale de Venise de 1986 sur l'invitation d'Arturo Schwarz[5].
Cheval à quatre, textes et illustrations d'Henri Bernard, Simone Bry, Aline Gagnaire, Maurice Fréderic, Jean Jausion, Michel Tapié, douze pages, trente deux exemplaires, Les Éditions des Reverbères, 1940.
Dédale, textes et illustrations de Noël Arnaud, Henri Bernard, Simone Bry, Maurice Frédéric, Aline Gagnaire, Jean Jausion, Jean Marembert, Loys Masson, André Poujet, Michel Tapié.
Noël Arnaud, Huit poèmes pour Cécile, bois gravés d'Aline Gagnaire et Michel Tapié, trente deux pages, cent cinquante exemplaires numérotés, Au Cheval de 4, 1941.
Jean Jausion, L'oiseleur du silence, eau-forte originale d'Aline Gagnaire, vingt exemplaires sur papier Hollande, Les Cahiers d'art, 1940.
Noël Arnaud, L'illusion réelle, poèmes enrichis de dessins d'Aline Gagnaire, La Main à plume, 1942.
Henri Michaux, Poésie pour pouvoir, couverture en bois de teck avec charnières apparentes et cinquante clous en cuivre, édité par René Drouin avec la collaboration d'Henri Michaux, Aline Gagnaire et Michel Tapié (les quelques exemplaires réalisés, dont l'un est aujourd'hui conservé par la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet à Paris, sont revêtus des quatre signatures), 1949[6].
UR - Nouvelle série, n°5, recueil de quatorze œuvres originales (dessin, collage ou technique mixte) de Jacques Gelp, Shōichi Hasegawa, Aline Gagnaire, Frédéric Studeny, Jacques Gaulme, Maurice Lemaître, Roland Sabatier, Micheline Hachette, Claude-Pierre Qhemy, Jacques Spacagna, Aude Jessemin, Alain Tremblay, Jac Adam, Alain de Latour, chaque œuvre justifiée et signée par l'artiste, cent trente exemplaires numérotés, printemps 1965.
Jehan Van Langhenhoven, Le dernier tram pour Cinecitta - Enté de Saphurne, illustrations d'Aline Gagnaire, Le Pont de l'épée, 1979.
Thieri Foulc, Le Morpholo, jeu créatif de vingt-cinq feuillets à découper en deux cent cinquante-six carreaux noir et blanc formant une combinaison aléatoire qui permet de multiplier les réalisations. La façon de jouer est donnée dans la préface. Photos de Carelman, Thieri Foulc, Jean Dewasne et Aline Gagnaire, collection « Ouvroir de Peinture Potentielle », éditions Cymbalum Pataphysicum, .
Marc Patin (postface de Guy Chambelland), Anthologie, illustrations d'Aline Gagnaire, Le Pont sur l'eau, 1992.
Jehan Van Langhenhoven, Du cochon (et de ses truismes), illustrations d'Aline Gagnaire, Java éditeur, 1995.
Jehan Van Langhenhoven, L'outre-nu, illustrations d'Aline Gagnaire, Rafael de Surtis, 2004.
Boris Vian, Blind ar Karkelen. Med polyptykon av Aline Gagnaire. Översättning av Kapplan Richard Bonossti. Efterord av Isidor Tanbrosch, Rönnells Antikvariat AB, Stockholm, 2006.
1947 : Aline Gagnaire, Félix Labisse, Carzou, Foyer Montparnasse, Paris ; exposition personnelle à la galerie des Deux Iles, Paris ; exposition personnelle à la galerie Furstenberg, Paris.
1948 : « La jeune peinture française », Baden-Baden, Allemagne.
1973 : « Formes pour un espace », Saint-Germain-en-Laye ; exposition personnelle à la galerie Nova, Barcelone ; exposition personnelle à la galerie l'Œil écoute, Lyon.
novembre- : Transformer le monde, changer la vie : une bibliothèque surréaliste, galerie Jocelyn Wolff, Romainville[13].
Réception critique
« Elle fut d'abord influencée par le surréalisme, fréquentant dans les années trente et quarante les cercles surréalistes à Paris, André Breton et Francis Picabia, puis par l'art brut, rencontrant Jean Dubuffet, et s'intéressa à l'art référé au bouddhismeZen, qu'elle étudia. Elle créa ensuite des reliefs avec des matériaux divers, comme les chiffons dans les tableaux-chiffons, dans la manière parfois de Enrico Baj, mais aussi des tableaux-matières, tableaux-clous, etc. Elle travailla également avec Maurice Lemaître et réalisa des pictogrammes selon les préceptes lettristes. Presque toujours vouée à la figure humaine, la traitant avec tendresse ou vindicte, elle l'a encore évoquée avec recul dans d'étranges reliefs en plâtre blanc. Son œuvre est varié, plein d'humour, en perpétuel renouveau par l'exploration de techniques matérielles diverses et surtout de techniques de création. » - Jacques Busse[4]
« Elle ne renonça jamais à ses Pictogrammes dont la série continue avait été entreprise au début des années cinquante, probablement après avoir rencontré Henri Michaux. À l'encre de Chine sur papier blanc ou à la peinture noire sur toile blanche, les Pictogrammes sont le fruit d'une discipline associative et méditative doublement héritée du surréalisme et du bouddhisme zen. Par leur spontanéité et leur grâce, ils sont en opposition aux Tableaux-chiffons et aux Tableaux-matière mais ils ne sont pas sans lien avec la période blanche des Empreintes et des structures minimales en plâtre. Au début des années cinquante, les Pictogrammes d'Aline Gagnaire sont proches de la calligraphie japonaise dont quelques peintres abstraits, comme Hans Hartung ou Jean Degottex, s'inspiraient à la même époque. Ils se sont détachés de la tendance calligraphique gestuelle pour devenir une sorte de répertoire de ses notations plastiques, prises au jour le jour selon ses doutes et ses certitudes sur elle-même et sur la condition humaine. Certains Pictogrammes pourraient être des variations à partir de deux lettres, le A pour Aline et le G pour Gagnaire, déformées, permutées ou métamorphosées en silhouettes humaines. D'autres partent de simples points ou de traits pour devenir de petites formes animales enroulées sur elles-mêmes ou, au contraire, bondissantes et étirées. Enfin, des centaines de feuillets couverts d'une écriture illisible évoquent les pages d'un grand codex secret. » - Aline Dallier-Popper[14]
« Artiste singulière - "peintre indéfiniment autre" - indifférente aux écoles, plus proche de Dada que du surréalisme, son œuvre est l'expression de sa passion de l'imaginaire et de la liberté sous les formes les plus opposées allant de l'onirisme enchanté aux cris et grimaces ubuesques, des révoltes de matières aux rêveries pictogrammiques, des silhouettes entrevues aux figures apaisées d'un blanc au-delà du blanc. Inclassable, fascinante : autre. » - Jean Bollery[15]
Collections publiques
France
Cordes-sur-Ciel, musée d'Art moderne et contemporain : une salle consacrée à Aline Gagnaire[16].
Lyon, Fondation Renaud : acquisitions et importante donation Aline Gagnaire[17].
↑ Lorraine Dumesnil, « Un exercice corporel : l'expérience de Poésie pour pouvoir d'Henri Michaux » dans, sous la direction d'Alain Milon et Marc Perelman, Le livre au corps, Presses universitaires de Paris Ouest, 2017.
↑Michel Tapié et Jean Marembert, Les Réverbères - Anthologie - Poèmes, dessins, catalogue de la première exposition, Éditions des Réverbères, Paris, 1938.
↑ Aline Dallier-Popper, « Aline Gagnaire (1911-1997) - Jeux de mots, de lignes et de formes », Mélusine - Métamorphoses n°XXVI, Cahiers du Centre de recherche sur le surréalisme, L'Âge d'Homme, 2006.
↑ Jean Bollery, Aline Gagnaire, catalogue de vente de l'atelier, Yann Le Mouel, commissaire-priseur, Paris, 19 mars 2012.
Eleanor Heartney, « Aline Gagnaire », Art Press, n°104, .
Geneviève Breerette, « Aline Gagnaire, une artiste pataphysicienne », Le Monde, .
Aline Dallier, « Aline Gagnaire (1911-1997) - Une vie, une œuvre », Recherches en esthétique, n°4, 1998.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. Voir vol.5, page 801, l'article de Jacques Busse.
André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, 1999.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001. Voir page 459.
Anne Romillat, « Grande, curieuse : Aline Gagnaire », revue Talus, n°13, (consulter en ligne).
Aline Gagnaire, rétrospective, catalogue de l'exposition, musée d'art moderne et contemporain de Cordes-sur-Ciel, OMT, 2004.
Jehan Van Langhenhoven, « Dans l'atelier d'Aline Gagnaire », revue Talus, n°18, (consulter en ligne).
Oupeinpo, Du potentiel dans l'art, Seuil, 2005.
Aline Dallier-Popper, « Aline Gagnaire (1911-1997) - Jeux de mots, de lignes et de formes », Mélusine - Métamorphoses n°XXVI, sous la direction de Françoise Py, Cahiers du Centre de recherche sur le surréalisme, L'Âge d'Homme, Lausanne, 2006 (lire en ligne).
Anthologie du surréalisme sous l'occupation, collection les archipels du surréalisme, Editions Syllapse, Paris, 2008.
Jean Bollery, Aline Gagnaire, catalogues des ventes de l'atelier les lundi et lundi à l'Hôtel Drouot, Yann Le Mouel, commissaire-priseur à Paris (lire en ligne).
Fabienne Dumont, Des sorcières comme les autres, Presses universitaires de Rennes, 2014. Voir page 276: Aline Gagnaire: portraits de femmes en blanc.
Conférences
Arturo Schwarz, Influence politique surréaliste et engagement artistique d'Aline Gagneire, fondation Cooper, New York, 1993.