Jean Degottex, né à Sathonay-Camp le et mort à Paris le [1], est un peintre français abstrait, connu notamment pour sa proximité initiale avec le mouvement de l'abstraction lyrique des années 1950 et 1960. Selon ses propres termes, son œuvre est progressivement passée du geste et du signe, à l'écriture, puis de l'écriture à la ligne. Considéré comme un artiste majeur de l’abstraction de la seconde moitié du XXe siècle, il s'inspire de la calligraphie extrême-orientale et de la philosophie zen pour aboutir à l'effacement du sujet créateur.
Issu d'un milieu modeste, Jean Degottex nait à Sathonay Camp, d’où son père est originaire[2], et passe son enfance à Lyon[3]. Il est quasi autodidacte[4]. Il est "adopté par la nation" en mars 1930[2], sans doute parce que son père a été blessé pendant la Première Guerre mondiale[5]. À l'âge de quinze ans, il déménage à Paris avec ses parents et, abandonnant l'école, commence à gagner sa vie. Il prend contact à cette occasion avec les milieux libertaires des années 1930. Il pratique occasionnellement le dessin dans les académies de Montparnasse. En Tunisie, où il fait son service militaire, puis en Algérie, de 1939 à 1941, il peint ses premiers tableaux, figuratifs, sous influence du fauvisme (Sidi-Bou Saîd).
Il décide alors de se consacrer entièrement à la peinture. Dès 1941, il participe au Salon des moins de trente ans. À partir de 1948, il s'oriente définitivement vers l'abstraction. En 1949, il expose une première fois chez la galeriste Denise René, qui soutient les artistes de l'avant-garde abstraite, puis à la Galerie de Beaune.
La même année, il se lie avec Renée Beslon, poète, plasticienne et critique d'art, qui restera sa compagne jusqu'à sa mort et qui jouera un rôle majeur dans la défense et l'évolution de son œuvre. Il fait la connaissance de Roger van Gindertael, rédacteur en chef de la revue Cimaise et de Charles Estienne, critique d'art à Combat. Il reçoit le prix Kandinsky en 1951.
À Saint-Léonard-en-Beauce, puis en Bretagne, à Portsall, en 1953 et en 1954, ses œuvres se présentent encore comme de libres interprétations de la nature (La Nuit des feuilles, L'Épée dans les nuages, Vagues). Il va s'orienter vers une gestualité abstraite plus radicale dès 1954, privilégiant la liberté et la rapidité d'exécution du geste.[Interprétation personnelle ?]
En 1953, il expose une première fois à la galerie L'Étoile scellée, dont le directeur artistique est André Breton. Il le rencontre à plusieurs reprises à partir de 1954. Breton voit dans ses toutes dernières œuvres (Feu noir 12-1955, Ascendant 12-1955) une possible illustration picturale du principe de l'« écriture automatique ». Il lui signale son affinité spontanée avec le lavis et les écritures chinoises et japonaises, et surtout avec la philosophie et les pratiques du zen[6].
En 1959, il intègre la Galerie internationale d'art contemporain, dirigée par Maurice d'Arquian. Il y fréquente Pierre Henry, Yves Klein et Maurice Béjart. Il se fait mieux connaître à l'étranger, notamment en Belgique, en Suisse, en Italie et en Allemagne.[Interprétation personnelle ?]
La période de 1956 à 1963 est particulièrement féconde. C’est aussi la mieux connue du public.[Interprétation personnelle ?] Il travaille par séries/suites : suite Ashkénazi (1957), suite Serto (mars-avril, ), suite des Hagakure (), les 18 Vides (1959), suite des Roses (1960), suite des Alliances (1960), les 7 Métasignes (1961), Jshet (1962). De nombreuses œuvres sont alors titrées : Écriture, Suite Écriture.
Sa fille unique disparaît accidentellement à l’âge de 16 ans. Après une année de désespoir et d'inactivité[Interprétation personnelle ?], il reprend la série des Écritures. En 1964, il fait la connaissance de Maurice Benhamou, poète et critique d’art qui jouera un rôle important dans la défense de l’œuvre de Degottex. Il rencontrera plus tard le poète Edmond Jabès.
Suivent notamment les suites Rose noire (), Suite obscure (novembre-), Métasphère (1966), les 5 Etc (/ ) et Horsphères (1967). À partir de 1966 et jusqu’à sa mort, il multipliera les périodes de travail à Gordes, dans le Vaucluse, où à partir du début des années 1970, il vit l'été, avec Renée Beslon.
De 1972 à 1976, il monte plusieurs expositions personnelles à la Galerie Germain. Il expose notamment la série des Médias, qui séparent le plus souvent une surface unie en acrylique noir mat et une partie basse en lavis d’encre de chine. Cette période donne lieu à des Suites Média et Parcours Médias, déclinant toutes les phases physiques du processus de création[Interprétation personnelle ?]. Coulures de l’encre de chine apposée papier au sol, bandes médianes de papiers compressées en boules : BBC (bandes-boules-compression), empreintes des boules : Signes-Boules. Les Feuilles-son et Poly-ondes sont les traductions graphiques d'évènements sonores liés à la création des Médias.
Il se lie à l’écrivain Bernard Lamarche-Vadel et expose, à nouveau chez Jean Fournier, la série des Médias. Il travaille de plus en plus la matière du papier : des déchirures par exemple en révèlent la texture (série des ARR, rouges puis blancs). La Galerie Germain expose aussi ses Papiers pleins (1974-1975) : papiers encollés et décollés par bandes horizontales ; les Papiers pleins Obliques (1976) sont des papiers aux incisions soulevées par diagonales.
Avec les Papiers-Report (1977), il commence à explorer une nouvelle technique qui consiste à « reporter » par pliage une moitié de la surface de la feuille sur l’autre. Il utilisera cette technique d’empreinte sur toutes sortes de support, y compris pour des grandes toiles acryliques dont la surface, d’une extrême sensibilité tactile, est faite de sillons en négatif et en positif, encollés, horizontaux et irréguliers, tracés avec une pointe : séries des Lignes-Report (1978) et des Plis-Report (1978). Puis suivent les séries des Dia (Dia-Collor, Dia-Umber, Dia-tra, Dia-Noir).
En 1979, il crée spécialement pour une exposition personnelle à l’abbaye de Sénanque à Gordes, une série de toiles dites Déplis dont de nombreux grands Déplis-Bleu.
Il reçoit en 1981 le troisième grand prix national de peinture.
En 1982, il entre à la Galerie de France, dont Catherine Thieck vient de reprendre la direction. Des bandes diagonales se rétractent légèrement sous l’effet de la colle (séries des Grilles-Collors, des Oblicollors, des Diacollors).
Ses dernières grandes œuvres, les Lignes-Bois (1985) et les Contre-Lignes Bois (1986), blanches, grises, ou gris bleu, sont aussi considérées par les plus experts comme parmi les plus abouties.
Expositions
Expositions personnelles
Galerie de Beaune, Paris, 1950
Galerie à l’Étoile Scellée, textes d'André Breton et Charles Estienne Paris 1955
Galerie Kléber, textes de Renée Beslon, Paris 1956 et 1958
Les Dix-huit vides, Galerie internationale d'art contemporain, Paris, 1959
Les Alliances, Hélios Art , Bruxelles ; galerie San Stephan, Vienne, 1960
Sept Métasignes sur la Fleur, Palais des beaux-arts, Bruxelles, 1961
Horsphères, Galerie Jean Fournier, Texte d'Alain Jouffroy, Paris, 1967
Les déchirures, Galerie Germain, Paris, 1972
Suite, Mèdias, Galerie Germain, Paris, 1976 et 1978
Musée de Grenoble, 1978
Degottex. Toiles, papiers, graphiques, 1962-1978, musée d'Art moderne de la ville de Paris, texte de Bernard Lamarche-Vadel, 1978
Abbaye de Sénanque, Gordes, Vaucluse, 1979
Degottex. Notes de parcours, Galerie de France, Paris, 1983 et 1985
Repères 1955-1985, Galerie de France, Paris 1988
Musée d’Évreux et Musée de Brou, Bourg-en Bresse, 1988
Expositions posthumes
Degottex. Reports 77-81, texte de Pierre Buraglio, Galerie de France, Paris, 1990
Signes et Métasignes, texte de Renée Beslon, Carré d'Art, Nîmes, 1992
Papiers-Reports, Galerie Sablon, Paris, 1993
Médias, texte de Geneviève Breerette , Galerie Rabouan-Moussion, Paris, 1996
Degottex, Espace Fortant Sète, 1997
Reports, texte de Maurice Benhamou, Galerie Regard, Paris 1997
La révolution continue, Frac Bourgogne, Dijon, 2000[7]
Œuvres 78-83, textes de Hubert Besacier et Maurice Benhamou, Maison de la culture de Bourges, 2003
Degottex73-86, textes de Hubert Basacier et Maurice Benhamou, Carré Saint Vincent, Orléans, 2005
Degottex, 58-85, texte de Pierre Wat, Art Paris, Galerie l'Or du Temps, 2007
Jean Degottex, textes de M. Benhamou, B. Heidsieck, R. Mabin, Pierre Wat, sous la direction d'A. Cariou, musée des beaux-arts de Quimper, 2008
L’écriture du peintre : Degottex, Georges, Giacometti, Hantaï, Hartung, Mathieu, Michaux, Sonderborg, Tobey, textes de Geneviève Bonnefoi, Galerie Jean Fournier, 1964
Douze ans D'art contemporain en France, Grand Palais, Paris, 1972
Abstraction Analytique, présentée par Bernard Lamarche-Vadel, musée d'Art moderne de la ville de Paris, 1978
Lenguajes del papel. Geneviève Asse, Jean Degottex, Henri Michaux, Buenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes, 1987
Expositions posthumes
La peinture après l'Abstraction.1955-1975. Martin Barré, Jean Degottex, Raymond Hains, Simon Hantaï, Jacques Villeglé, textes de Suzanne Pagé, musée d'Art moderne de la ville de Paris, 1998
Rendez-vous, musée Guggenheim et Centre Georges-Pompidou, New York et Paris, 1998
Kunst-sveltenim Dialog, Musée Ludwig, Köln, 2000
Encre / Chine - T'ang Haywen, Gao Xingjian, Jean Degottex, Hong Kong University Museum and Art Gallery, mai-
Les Sujets de l'Abstraction, Fondation Gandur , musée Rath, Genève, 2011 et musée Fabre, Montpellier, 2012
[BRETON 1955] André Breton, « L'épée dans les nuages (janvier 1955) », dans Le surréalisme et la peinture, Paris, Gallimard,
[LAMARCHE-VADEL 1978] Bernard Lamarche-Vadel, Degottex, l'œuvre de Jean Degottex et la question du tableau, Saint-Étienne, Musée de peinture et de sculpture, Grenoble / Musée d’art et d’industrie,
[FREMON 1986] (fr + en) Degottex (préf. Jean Frémon), Paris, Editions du Regard et Galerie de France,
[BOUTEILLER-LAURENS 2013] Caroline Bouteiller-Laurens, « Degottex, un parcours singulier », université Paris IV, , thèse d'État, sous la direction de Serge Lemoine
Collectif, Commémorations nationales 2018, Editions du Patrimoine, « Jean Degottex », sur le site des commémorations nationales.