La duchesse Alexandrine a deux frères et sœurs plus jeunes : Frédéric-François, qui en 1897 succède à leur père en tant que grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, et Cécilie, qui épouse en 1906 le prince héritier allemand Guillaume de Prusse, fils aîné de l'empereur allemand Guillaume II. Par son père, elle est également cousine de la reine Juliana des Pays-Bas, tandis que par sa mère, elle est une cousine de la princesse Irina Alexandrovna de Russie, qui épouse le prince Félix Ioussoupov, qui participe à l'assassinat de Grigori Raspoutine en 1916.
Enfance et jeunesse
Après la succession de leur père comme grand-duc à la mort de son père le , la duchesse Alexandrine grandit avec son frère et sa sœur au château de Schwerin, ainsi qu'au château de Ludwigslust et au pavillon de chasse de Gelbensande(de), à quelques kilomètres seulement de la côte de la mer Baltique[3]. Néanmoins, Alexandrine mène une enfance errante. Membre de la maison impériale de Russie, la grande-duchesse Anastasia est une femme capricieuse qui s'ennuie en Mecklembourg et n'apprécie pas de vivre en Allemagne du Nord(en). Le grand-duc souffre d'une santé fragile, et la famille grand-ducale préfère alors résider sur la Riviera française ou en Italie[1].
C'est à Cannes que le grand-duc met fin à ses jours. La grande-duchesse continue de mener une vie frivole et égoïste et en 1901 donne le jour à un enfant illégitime tandis que son beau-frère assume la régence pour le grand-duc Frédéric-François IV encore mineur. Elle est déclarée persona non grata en Allemagne et en Russie. Pendant la Première Guerre mondiale, ne pouvant résider en France, elle se réfugie en Suisse. Elle reçoit des nouvelles de ses enfants, la Kronprinzessin et le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin par l'intermédiaire d'Alexandrine, le Danemark, comme la Suisse, ayant conservé sa neutralité.
Mariage et descendance
C'est également à Cannes qu'Alexandrine rencontre son futur époux, le prince Christian de Danemark, qui est le fils aîné du prince héritier Frédéric de Danemark et de la princesse héritière Louise de Suède. Ils se fiancent à Schwerin le [1]. Le , la duchesse Alexandrine, âgée alors de 18 ans, épouse le prince Christian lors d'une cérémonie discrète à Cannes[1].
Deux enfants naissent de cette union :
Frédéric IX (1899-1972), roi de Danemark, époux de la princesse Ingrid de Suède et père de trois filles ;
Le couple reçoit comme résidence le palais Christian VIII[note 3], lui-même intégré au palais d’Amalienborg, résidence principale de la famille royale de Danemark dans le quartier de Frederiksstaden au centre de Copenhague. Comme résidence d'été, il reçoit le palais Sorgenfri, située sur les rives du petit fleuve Mølleåen à Kongens Lyngby(da) au nord de Copenhague sur l'île de Seeland. C'est un refuge loin de la vie de cour d'Amalienborg où naissent leurs deux fils. De 1899 à 1902, le château de Marselisborg près d'Aarhus, la deuxième ville du Danemark, est également construit et offert en cadeau de mariage par le peuple danois au couple, devenant leur résidence d'été. De plus, en 1914, le couple royal construit également la villa royale de Klitgården dans la ville de Skagen dans l'extrême nord du Jutland[1].
Reine de Danemark
Accession au trône
Le , son beau-père le roi Frédéric VIII, meurt à Hambourg en retournant au Danemark après un voyage en France. Son mari accède au trône sous le nom de Christian X et Alexandrine devient reine consort[1]. La reine Alexandrine n'est pas considérée comme ayant joué un rôle politique, mais est décrite comme étant un soutien fidèle de son époux. Bien qu'elle soit décrite comme timide et n'aimant pas particulièrement les apparitions publiques, elle remplit pleinement son rôle représentatif. Elle est aussi considérée comme étant d'une grande intelligence.
Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale éclate peu après l'accession au trône. Pendant la guerre, la reine fonde le Dronningens Centralkomité af 1914 (en français : Comité central de la Reine de 1914) pour soutenir les familles pauvres. La révolution russe apporte beaucoup de chagrin à la reine Alexandrine alors que trois de ses oncles maternels, les grands-ducs Nicolas, Georges et Serge, sont tués par les bolcheviks. Tandis que la tsarine douairière de Russie, grand-tante du roi, trouve asile dans son Danemark natal, la mère de la reine meurt dans le sud de la France en 1922.
À la fin de la guerre, à l'instar du Kaiser et des autres souverains de l'Empire allemand, le frère de la reine Alexandrine, le grand-duc Frédéric-François IV de Mecklembourg-Schwerin, doit renoncer au trône le 14novembre 1918 et le Mecklembourg devient une république. Il est d'ailleurs l'un des derniers monarques allemands à le faire, cinq jours après la fuite de l'empereur Guillaume II. Il se réfugie avec sa famille au Danemark voisin, où il retrouve sa sœur. L'Allemagne défaite est démembrée et le Danemark, bien sûr resté neutre, retrouve en 1920 la partie nord de l'ancien duché de Schleswig annexé par la Prusse de Bismarck en 1864.
L'entre-deux-guerres
La reine participe aux voyages de son mari à travers le Danemark, les cours européennes ainsi qu'en Islande, au Groenland et aux îles Féroé en 1921 et de nouveau en Islande en 1930[1]. En tant que reine, elle s'engage dans la charité et est la patronne de plusieurs institutions. Après la mort de sa belle-mère Louise de Suède en 1926, elle lui succède en tant que protectrice officielle des différentes organisations caritatives fondées par Louise. Elle s'intéresse particulièrement à la musique et est protectrice des sociétés musicales Musikforeningen i København et Den danske Richard Wagner-forening. Elle est connue pour ses travaux d'aiguille, qu'elle vend à des fins caritatives. De plus, elle aime le golf et la photographie.
Seconde Guerre mondiale
Aux petites heures du , une semaine avant la naissance de la princesse Margrethe, l'armée de l'Allemagne nazie envahit et occupe le Danemark et la Norvège. Contrairement au roi de Norvège et à la reine des Pays-Bas, partis en exil, le roi Christian X et la reine Alexandrine demeure à Copenhague pendant toute la durée de l'occupation par les Allemands. Le roi, par sa dignité et son intransigeance, devient un héros populaire, et le couple royal reçoit une grande popularité en tant que symboles nationaux pendant l'occupation.
Son rejet du général de division Kurt Himer, chef d'état-major du général Kaupisch, le , devient un symbole de sa loyauté envers le Danemark contre son pays natal, l'Allemagne[4]. En effet, lorsque le général Himer demande audience au monarque, Christian se laisse convaincre par sa belle-fille Ingrid de Suède de le recevoir comme n'importe quelle autre, ce qui est soutenu par Alexandrine[5]. Il demande à le faire seul, mais Alexandrine l'assure qu'elle les interromprait. Au moment où le général part, elle entre dans la pièce, et quand il la salue, elle lui dit : « Général, ce n'est pas dans ces circonstances que je m'attendais à saluer un compatriote »[5].
Alexandrine est, avec sa belle-fille, un véritable soutien du monarque et une figure de la résistance à l'occupation au sein de la maison royale[5]. Il est également rapporté que, contrairement au monarque lui-même et au prince héritier, la reine et la princesse héritière ne perdent jamais leur calme lorsque la nation est attaquée[5]. Comme elle n'est pas à la tête de la maison royale, elle peut se montrer en public plus souvent que son époux, qui ne souhaite pas montrer son soutien à l'occupation en étant vu en public, et elle en profite pour s'engager dans diverses organisations d'aide sociale pour atténuer les difficultés causées par l'occupation[4]. Kaj Munk décrit l'appréciation du public à son égard pendant la Seconde Guerre mondiale en commentant : « Protégez notre reine, la seule Allemande que nous aimerions garder ! »[4].
Le roi meurt une fois la paix retrouvée en 1947.
Dernières années
Après la mort du roi, la reine Alexandrine passe une grande partie de son temps au château de Marselisborg, où elle invite souvent des écoliers de Copenhague en vacances.
La reine Alexandrine décède à Copenhague le , quatre jours après son 73e anniversaire. Elle est inhumée au côté de son époux dans la chapelle de Glücksbourg[note 4] de la cathédrale de Roskilde, la nécropole traditionnelle des rois de Danemark[6].
Titres et honneurs
Titulature
— : Son Altesse la duchesse Alexandrine de Mecklenbourg.
— : Son Altesse Royale la princesse Alexandrine de Danemark.
— : Son Altesse Royale la princesse héritière Alexandrine de Danemark.
↑ ab et c(sv) Börge Outze et Aage Svendstorp, 5 år i bojor. Danmark under ockupationen 1940–1945 [« 5 années enchaîné. Le Danemark durant l'occupation »], Hälsingborg, Aktiebolaget boktryck, .
↑ a et bMiss Mertens, Königin Alexandrine von Dänemark, Queen of Denmark, (lire en ligne).
Annexes
Bibliographie
Le symbole renvoie aux ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article.
(da) Bo Bramsen, Huset Glücksborg : Europas svigerfader og hans efterslægt [« La maison de Glücksbourg : Le beau-père de l'Europe et sa descendance »], vol. 2, Copenhague, Forlaget Forum, , 2e éd. (ISBN87-553-3230-7 et 978-87-553-3230-0, OCLC471920299, lire en ligne).
(da) Steffen Heiberg (dir.), Danske dronninger i tusind år [« Reines danoises depuis mille ans »], Copenhague, Gyldendal, (ISBN8700455040).
(en) Anna Lerche et Marcus Mandal, A royal family : the story of Christian IX and his European descendants [« Une famille royale : l'histoire de Christian IX et de ses descendants européens »], Copenhague, Aschehougs Forlag, , 2e éd. (ISBN87-151-0955-0 et 9788715109553, OCLC464176213, lire en ligne).