Il hérite à l'âge de 10 ans en 1738 des États de Charles-Guillaume, son grand-père, y joint les domaines de Baden-Baden, qui lui échoient par succession en 1771, et est élevé en 1803 au rang d'électeur de l'Empire.
Il fonde des universités, fait développer l'urbanisme (notamment par la fondation de Karlsruhe[1]), interdit l'usage de la torture dans son margraviat en 1763, l'esclavage en 1783. Son union était heureuse et trois fils en naquirent ; l'avenir du margraviat semblait assuré.
Mêlé aux événements de la Révolution française, il accueille sur ses terres les émigrés français et notamment le duc d'Enghien, ex-prince du sang, un temps fiancé à sa petite-fille aînée Caroline, avant que la tournure des évènements lui fasse annuler les fiançailles. Le prince, qui réside à Ettenheim, sera plus tard enlevé illégalement par des policiers français, jugé et exécuté en 1804.
Le margrave Charles-Frédéric perd accidentellement son fils aîné en 1801. Vieillissant, il confie de plus en plus les rênes du pouvoir à son fils cadet, le prince Louis, un pervers notoire qui sait circonvenir le vieil homme et entraîne son neveu le jeune prince héritier dans une débauche effrénée qui hâtera sa fin.
Le grand-duc meurt en 1811 à 82 ans, après un règne de 73 ans.
Généalogie
Charles Ier Frédéric appartient à la quatrième branche de la Maison de Bade, elle-même issue de la première branche de la Maison ducale de Bade. Il appartient à la lignée de Bade-Durlach, dite branche ernestine, fondée par Ernest de Bade-Durlach. Cette lignée toujours existante est actuellement représentée par le prince Maximilien de Bade.
Notons qu'une hypothèse — non confirmée jusqu'ici — fait d'un enfant mâle né de Stéphanie et de Charles-Louis-Frédéric qui aurait précocement disparu, l'énigmatique Kaspar Hauser. Mis au secret par la comtesse de Hochberg, il aurait été assassiné sur ordre de la grande-duchesse Sophie.
Frédéric (1756 – 1817), en 1791 il épouse Louise de Nassau-Usingen (1776 – 1829), sans postérité ;
Louis Ier (1763 – 1830), en 1818 il succède à son neveu Charles II de Bade et épouse Catherine Werner de Langenstein, sans postérité ;
un fils (1764 – 1764), mort-né ;
Louise-Auguste (1767 – 1767), mort-née.
Une union controversée
Veuf en 1783 mais toujours ardent, Charles-Frédéric de Bade cherche à se remarier. Son fils aîné et sa belle-fille, n'ayant pas alors de descendance mâle et craignant de perdre leurs prérogatives au profit de demi-frères plus jeunes, s'opposent à ce projet et incitent le vieux margrave à prendre une maîtresse. Leur choix se porte sur une ravissante jeune fille de leur entourage, Louise-Caroline, fille du baron Louis-Henri Geyer von Geyersberg, âgée de 15 ans (le margrave en a 55).
La jeune fille refuse de devenir une favorite et réclame le mariage. Ainsi, en 1787, le margrave sexagénaire épouse une de ses sujettes âgée de 19 ans, qui est créée comtesse von Hochberg. Cinq enfants naissent de cette union :
Maximilien(de) (1796 – 1882), margrave de Bade, sans alliance.
Nés d'un mariage morganatique, les enfants de ce second lit sont traditionnellement non dynastes, et portent le nom et le titre de leur mère (Hochberg, comte et comtesse von Hochberg).
Problèmes de succession
Cependant en 1817, la Maison de Bade (lignée de Bade-Durlach, dite lignée Ernestine) risquant de s'éteindre, le grand-duc Charles II, proche de sa fin et sans descendance mâle, afin d'éviter que le grand-duché n'échoie au roi Maximilien Ier de Bavière, modifie la loi de succession : il donne aux enfants de Louise Geyer de Geyersberg et de son grand-père les pleins droits dynastiques sur le grand duché de Bade. Lors de la création de la constitution de 1818, leurs droits à la succession sont consolidés, ils portent le titre de princes et princesses de Bade avec le titre d'altesse grand-ducale de Bade. Pour asseoir sa légitimité, l'aîné d'entre eux, le prince Léopold, est marié dès 1819 à sa petite-nièce Sophie de Suède, arrière-petite-fille de Charles-Frédéric. La comtesse de Hochberg meurt en 1820.
Cependant, d'aucuns prétendent que les plus jeunes enfants du grand-duc et de la comtesse de Hochberg seraient issus de la relation adultérine (et quasi-incestueuse) de la comtesse et de son beau-fils le grand-duc Louis Ier de Bade, un débauché notoire.
La comtesse serait également à l'origine de la disparition du fils aîné du grand-duc Charles II de Bade, né et déclaré mort en 1812. Un enfant mort-né aurait été substitué au petit prince, qui aurait été mis au secret et ne serait autre que le fameux Kaspar Hauser, réapparu en 1828 et assassiné mystérieusement en 1833 (peut-être sur ordre de l'épouse de Léopold).
↑ Le prince électoral était auparavant fiancé à Amélie Auguste de Bavière, que l'empereur des Français convoitait pour son fils adoptif Eugène de Beauharnais, Napoléon fit annuler les fiançailles et maria la princesse bavaroise à son fils adoptif. En échange, il adopta une nièce de sa femme l'impératrice Joséphine de Beauharnais qu'il maria - splendidement dotée - au prince de Bade.
Willy Andreas(de): Geschichte der Badischen Verwaltungsorganisation und Verfassung in den Jahren 1802–1818, Vol. 1 Der Aufbau des Staates im Zusammenhang der allgemeinen Politik. Quelle & Meyer, Leipzig 1913 (mehr nicht erschienen).
Alfred Krebs: J. A. Schlettwein, der 'Deutsche Hauptphysiokrat'. Ein Beitrag zur Geschichte der Physiokratie in Deutschland. Inaugural-Dissertation der Universität Bern, Verlag Wilhelm Fugmann, Leipzig 1909 (Digitalisat online).
Gerald Maria Landgraf: „Moderate et prudenter“ – Studien zur aufgeklärten Reformpolitik Karl Friedrichs von Baden (1728–1811), Inaugural-Dissertation der Universität Regensburg, Landsberg a.L. 2008 online (PDF, 7 MB).
Hansmartin Schwarzmaier(de): Die Markgrafen von Baden, dans: Die Zähringer – Eine Tradition und ihre Erforschung. Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen 1986.
David Friedrich Strauß: Klopstock’s Jugendgeschichte und Klopstock und der Markgraf Karl Friedrich von Baden – Bruchstücke einer Klopstockbiographie, Verlag Emil Strauß, Bonn 1878.
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Françoise de Bernardy : "Stéphanie de Beauharnais", Perrin, Paris, 1984