L'île de Sable est une petite îlecanadienne située à 170 km au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, dans l'océan Atlantique. L'île est, dans son intégralité, un refuge d'oiseaux migrateurs depuis 1977 et comporte une population remarquable de chevaux sauvages.
Toponymie
L'île apparaît sur les cartes en 1505 sous le nom de « Santa Cruz ». On retrouve aussi l'île dans les cartes du XVIe siècle sous le nom de « I. da Crus » et « Isolla del Arena ». Son nom actuel apparaît en 1546 quand le cartographe portugais Joannes Freire la nomme « I. do Sable ». Le nom descriptif proviendrait du français. Bien que la version « Sandy Island » ait existé dans les très vieilles cartes, le nom de l'île en anglais est maintenant « Sable Island »[1]. L'île fait partie des 81 noms d'intérêt pancanadien[2].
Géographie
L'île de Sable est une barre de sable en forme de croissant longue de 42 km, mais dont la largeur ne dépasse pas 1,3 km[3]. Elle a une superficie d'environ 3 100 ha[4]. Elle émerge d'une vaste zone de haut et bas-fonds du plateau continental.
L'île de Sable est recouverte d'herbes et de végétation basse. On pense qu'elle s'est formée à partir de grandes quantités de sable et de graviers déposés sur le plateau continental à la fin de la dernière ère glaciaire. La forme de l'île change continuellement à cause des vents violents et des tempêtes.
Les effets contrastés du courant du Labrador et du Gulf Stream provoquent les nombreux brouillards dans cette région. En hiver, l'influence du Gulf Stream donne parfois à l'île de Sable les températures les plus élevées du Canada.
Géologie
L'île est composée de sable ayant été déposé il y a environ 19 000 ans lors du retrait de la dernière glaciation[5]. Celui-ci est composé à 90 % de quartz[5]. La roche mère est située à environ 40 m de profondeur[6]. Bien que l'île ne soit composée que de dépôts meubles, celle-ci est quand même entretenue par les tempêtes qui ramènent du sable provenant du banc Western[7].
Le courant du Labrador, qui longe le sud banc Western en direction ouest, bifurque au niveau de ce dernier dans le sens des aiguilles d'une montre sur le banc donnant au haut-fond des eaux calmes[7]. Le sable déposé sur l'île est stabilisé par l'ammophile à ligule courte (Ammophila breviligulata) grâce à son important système racinaire qui permet l'accumulation du sable et la formation de dunes[8].
Climat
L'île de Sable est à peu près à la même latitude que la Galice au nord-ouest de l'Espagne, proche du 44e parallèle nord, mais l'île se trouve du mauvais côté de l'océan Atlantique et les vents dominants viennent de l'ouest. Ainsi, ces derniers auront traversé tout le continent nord-américain avant d'arriver sur l'île.
De ce fait, cette dernière est sujette à un climat continental humide, en plein océan. Toutefois, l'océan tempère légèrement les températures, ce qui permet à l'île de Sable de bénéficier d'hivers modérément froids, entrecoupés de dégels fréquents, d'étés très doux, sans chaleur excessive.
En raison de son emplacement bien au large des côtes canadiennes et américaines, l'île est concernée par un retard saisonnier important. Cela se traduit par un mois de juin plus frais qu'un mois d'octobre en moyenne pour la période estivale et par un mois de mars plus froid qu'un mois de décembre, toujours en moyenne, pour la période hivernale.
En 2008, le gouvernement fédéral canadien a suggéré de changer le statut du refuge pour celui de réserve nationale de faune. Le , le gouvernement fédéral a conclu une entente avec la Nouvelle-Écosse dans le but de donner le statut de parc national ou de réserve nationale de faune à l'île. Ils tiendront des consultations publiques en 2010 avant de choisir le statut le plus approprié pour l'île[10]. Le , le gouvernement a confirmé qu'il prendra les mesures nécessaires pour que l'île devienne un parc national[11]. L'accord transformant l'île en réserve de parc national a été signé entre la Nouvelle-Écosse et le gouvernement fédéral canadien, le [12].
L'île de Sable abrite environ 500 chevaux sauvages[13], protégés de toute influence humaine depuis 1961. L'origine de ces animaux n'est pas connue ; l'une des théories courantes explique qu'il s'agit des descendants de chevaux confisqués aux Acadiens lors de leur expulsion et abandonnés sur l'île par Thomas Hancock, un marchand de Boston. Selon Joseph Charles Taché, il s'agit plutôt de chevaux provenant d'une première tentative de colonisation menée par le baron de Lery vers 1539[14].
Par le passé, les chevaux sauvages en excès furent capturés et transportés dans les mines de charbon de l'île du Cap-Breton, vendus ou euthanasiés. La colonie n'a pas été dérangée depuis 1960[15], mis à part quelques parachutages de foin pendant certains mois d'hiver. Ces actions ont été arrêtées afin de laisser la population des chevaux se stabiliser naturellement, bien que le sujet provoque parfois des débats entre les partisans du maintien des chevaux sur l'île et les avocats de leur déplacement afin de laisser l'île de Sable retourner à son état naturel. Ces animaux profitent de mesures de protection votées sous le mandat du Premier ministre John Diefenbaker, qui s'était engagé, au nom du gouvernement fédéral, à ne jamais les déplacer afin de ne pas mettre la race en péril[16].
Ces chevaux se nourrissent principalement d’ammophiles, qui poussent en abondance et couvrent le tiers de la surface de l’île. Ils complètent leur alimentation avec diverses autres plantes, comme la gesse maritime, la sabline et certaines algues rejetées sur la plage[13]. Les déjections des 500 000 phoques présents annuellement sur les rivages de l’île favorisent le pâturage des chevaux[17].
Ces chevaux sont l'emblème de la Nouvelle-Écosse depuis 2008[18].
La première tentative de colonisation aurait été effectuée par le baron de Lery vers 1539[19] (certains historiens dont l'historien Benjamin Sulte rapportant plutôt l'année 1519[20]), alors que bétail et chevaux auraient été emmenés sur l'île.
La première expédition documentée de l'île de Sable fut effectuée par l'explorateur portugais João Álvares Fagundes qui parcourut la zone en 1520-1521.
Colonisation par Troilus de Mesgouez
Une tentative de colonisation par la France à l'initiative de Troilus de Mesgouez à la fin du XVIe siècle échouera.
Un phare fut construit dans les années 1790 par le gouvernement britannique et l'équipe chargée de sa maintenance constitua les premiers habitants permanents de l'île.
XXe siècle et XXIe siècle
Au début du XXe siècle, la compagnie Marconi y établit une station de télégraphie sans fil et le gouvernement canadien une station météorologique. Cette station météo est justifiée par le fait que l'île n'est pas très éloignée des grandes routes maritimes entre Londres et Boston et reste exposée à des conditions météo délicates, en plus d'être entourée de hauts-fonds. Située dans la zone de rencontre entre les courants du Gulf Stream et du Labrador, l'île est exposée à des brumes épaisses et des tempêtes violentes. Les bateaux s'y sont souvent égarés et ensablés sur ses côtes, qui sont le sommet d'un erg sous-marin. Le gouvernement canadien a recensé près de 500 naufrages tout autour de l'île et dressé une carte répertoriant chacun d'entre eux[23].
Les pêcheurs de Nouvelle-Écosse vont souvent sur le banc de l'île de Sable, moins poissonneux que celui de Terre-Neuve mais appréciable.
Jusqu'au début du XXIe siècle, l'île possédait deux phares, l'un à l'ouest, l'autre à l'est, et abritait les familles des gardiens respectifs, ainsi que l'équipe d'un poste de secours. Les phares sont désormais automatiques, mais les services des ministères d'Environnement Canada et de Pêches et Océans Canada effectuent des mesures météorologiques et atmosphériques dans une station occupée en permanence, du fait de la situation unique de l'île de Sable.
La constitution du Canada précise que l'île est sous la responsabilité du gouvernement fédéral. L'île est administrativement une partie de la municipalité régionale et du district électoral d'Halifax, bien qu'Halifax soit distante de 300 km.
Afin de préserver l'écologie fragile de l'île, l'autorisation spécifique de la Garde côtière canadienne est nécessaire pour y débarquer. Les forces armées canadiennes patrouillent en continu la zone, en partie à cause de la présence de gaz naturel et donc de plate-forme pétrolières et d'un gazoduc sous-marin. L'héliport de l'île peut servir de base d'urgence pour d'éventuelles opérations de secours en mer.
Le SS Hungarian (1858 - 1860), paquebot de la Allan Line en route vers Liverpool : naufrage en 1860 au large de Île de Sable [25]. Le naufrage a fait 237 morts.
Le SS Moravian (1864 - 1881), paquebot de la Allan Line : naufrage le près de Île de Sable, aucun mort[25].
↑Joseph Charles, Les Sablons (L'île de Sable) et l'île Saint-Barnabé, Montréal, Librairie Saint-Joseph, Cadieux & Derôme#, , 176 p. (lire en ligne), p. 38
↑(en) Judith Dutson, Storey's Illustrated Guide to 96 Horse Breeds of North America, North Adams (Massachusetts), Storey Publishing, 2005, p. 217-219.
↑Joseph Charles, Les Sablons (L'île de Sable) et l'île Saint-Barnabé, Montréal, Librairie Saint-Joseph, Cadieux & Derôme#, , 176 p. (lire en ligne), p. 45
↑Benjamin Sulte, Histoire des Canadiens-français, Montréal, Wilson et Cie, , 176 p. (lire en ligne), citant J.-C. Taché, Recensement de 1871, page XIII
↑ainsi que l’habitation de Port-Royal, l’habitation de La Hève et les terres avoisinantes sur 10 lieues à la ronde.