L'établissement thermal du Teich est un bâtiment dédié aux thermes localisé à Ax-les-Thermes, dans le département de l'Ariège, et répertorié par la Région Occitanie pour son intérêt patrimonial[n 1].
L'établissement du Teich est en rive gauche de l’Oriège[1], à environ 200 m de sa confluence avec l'Ariège[2] - cette dernière étant un affluent de la Garonne.
Une passerelle sur l'Oriège permet d'y accéder depuis l'avenue Albert Durandeau[3].
Étymologie
Le nom de Teich s'applique originellement au quartier dans lequel il se trouve[4].
H. Teisseire indique que teix signifie « if » en catalan - une espèce d'arbre courant sur ce versant de montagne. D. Pedoussat suggère quant à lui la fixation des mots occitanstaich « blaireau » ou teich « tisserand »[5].
Le thermalisme à Ax remonte de façon attestée au XIVe siècle, bien que les documents de l'époque encore disponibles soient assez peu clairs sur la façon de prendre les eaux. Un hôpital s'y trouve[7], que la tradition dit fondé pour les croisés lépreux par Roger IV, comte de Foix à la suite de la demande de saint Louis - cette fondation n'étant toutefois confirmée par aucun document[8]. Le seul vestige en est le bassin des Ladres devant l’hôpital[9], datant au plus tard de la seconde moitié du XIIIe siècle et qui pourrait être le balnea magis cité dans les registres d’Inquisition du début du XIVe siècle[10](balnea de Ax. Annette Pales-Gobilliard, (éd.). L’inquisiteur Geoffroy d'Ablis et les cathares du comté de Foix (1308-1309). Paris, CNRS, 1984. p. 208).
Les eaux, très chaudes, sont avant tout utilisées pour les besoins domestiques : y cuire la nourriture et s'en servir pour laver la vaisselle sont des usages courants[10].
Époque moderne
XVIIIe siècle
Déjà, en 1754, un médecin envoyé par le roi vient y examiner les eaux, avant même Luchon[11]. Le développement thermal de la commune commence pourtant à se montrer dès la fin du XVIIIe siècle, mais reste très limité. Hagimont (2018) en donne trois raisons principales : le régime de propriété des eaux, leur localisation dans la commune, et les aménagements[12]. Abraham Sicre, chirurgien de l’Hôtel-Dieu de Paris et membre de l’Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, publie en 1758 un mémoire sur les eaux thermales d'Ax ; il propose de répartir les sources en trois groupes : « le Teich » en rive gauche, « le Faubourg » entre l’Oriège et la Lauze, à l’est de la ville) et « le Couloubret » sur la rive du ruisseau du Sorgeat[1].
Après être vendus (sans compensation pour la commune) en 1796[14] pour 9 000 francs[13] à Pierre Astrié, habitant d’Ax, les sources et l'établissement du Couloubret sont achetés par une société composée de Doramond, avocat à Foix ; Authier-Orlu, ancien fermier ; et Boulié, chirurgien à Ax[14]. Jean-Baptiste[15] Boulié, qui a acquis ses parts du Couloubret auprès de Philès, premier médecin inspecteur d'Ax, possède aussi la source du Teich. En 1880, il y ouvre un établissement, ce qui entame un procès qui va durer environ un siècle[13], augmenté de plusieurs procès successifs pour différents aspects légaux autour des sources[16]. Le troisième établissement de l'époque est celui du Breilh, ouvert en 1819[13] par Jean Simon Sicre au fond de la cour de son hôtel de Sicre[14].
Les thermes de cette époque sont en dehors de la ville, toujours enclose dans son enceinte du Moyen Âge[14]. Le Teich est le plus varié des trois : avec plusieurs bâtiments différenciés, il inclut bains, piscine, latrines (non mentionnées pour les autres établissements), réservoirs, un espace pour aménager de nouvelles baignoires, des terrains et une promenade[17]. Comme le Couloubret, l’établissement du Teich ne comporte qu'un rez-de-chaussée (le pavillon central du Breilh est déjà muni d'un premier étage) divisé en trois parties sur leur largeur : une galerie sur la façade, des cabines alignées au centre avec chacune une ou deux baignoires, et à l’arrière les réservoirs d’eau alimentant les baignoires. Les murs en pierre sont recouverts d'enduit, des ardoises couvrent les toits à longs pans[18].
Au XIXe siècle, les Pyrénées sont à la mode mais l'attraction est nettement orientée vers sa partie ouest ; et l'Ariège est quelque peu délaissée[12]. En 1821, Belvèze aîné, géomètre à Pamiers, dresse le plan des établissements thermaux d’Ax[19]. Vers le milieu du siècle, la commune souhaite acheter les établissements thermaux et les moderniser, appuyée en cela par le docteur Alibert, médecin inspecteur d'Ax. Mais les finances manquent et ces projets doivent venir des investisseurs privés.
Les établissements thermaux d'Ax sont cependant modernisés dans les années 1860-1870[20].
En 1999, le Teich est alimenté par le seul puits d'Orlu (forage n° F7) en rive droite de l'Oriège (sur la rive opposée à l'établissement), le long de l'avenue Albert Durandeau, entre cette avenue et la rivière[21],[n 2].
En 2006, le système d’alimentation et d’évacuation des eaux est mis aux normes[10].
En 2012, débute une série de travaux d'amélioration des installations existantes, terminée en 2018 pour un coût total de 1,2 M d'euros, financés à 80 % par le département, la région et l'État[23].
En 2013, le Teich est le principal établissement d'un ensemble de stations thermales incluant « Le Grand Tétras » et « Les Bains du Couloubret »[24].
En 2019, Le Teich est toujours le principal établissement de l'ensemble incluant Le Modèle[25] (ce dernier étant intégré à la résidence le Grand Tétras)[25],[26]. En 2017, le Teich et le Modèle ont accueilli 6 364 curistes[23].
Les eaux, les soins
Les eaux de la station d'Ax-les-Thermes sont sulfurées, sodiques, riches en silice, en sodium et en oligo-éléments[25]. Avec des températures entre 72° et 78 °C selon les sources, ce sont les plus chaudes des Pyrénées[26].
Le rez-de-chaussée et le premier étage de l'établissement sont consacrés à la rhumatologie (séances d'environ 1h30), et le deuxième étage aux soins des voies respiratoires (séances d'environ 30 minutes)[24].
Entrée du Teich et sa passerelle sur l'Oriège (2008)
[Comet 2019] Anaïs Comet, « Les établissements thermaux d’Ax-les-Thermes (Ariège) », Patrimoines du Sud, no 9, (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ).
[Dresch 1894] Georges Dresch, Ax thermal, Foix, , sur gallica.bnf.fr (lire en ligne).
[Hagimont 2018] Steve Hagimont, « Un essor touristique et thermal contrarié au XIXe siècle : Ax-les-Thermes », Archives ariégeoises, Foix : Association des amis des Archives de l’Ariège, , p. 86-109 (lire en ligne [sur halshs.archives-ouvertes.fr]).
[DRIRE 1999] « Examen des ouvrages thermaux délaissés de Midi-Pyrénées - Station Thermale d'Ax-les-Thermes », Étude réalisée dans le cadre des actions de Service Public du BRGMfiche 990608, Drire - Midi-Pyrénées, , p. 117 (lire en ligne [sur infoterre.brgm.fr], consulté le ).
[Schoeller 1975] Henri J. Schoeller, « Les problèmes thermiques et chimiques des eaux thermales » (Symposium de Grenoble, août 1975), Association Internationale des Sciences Hydrologiques, no 119, (lire en ligne [sur hydrologie.org]).
↑Classé sous la référence IA09005650 à l'inventaire régional du patrimoine.
↑Sur le plan de la DRIRE, l'avenue Albert Dureandeau (1875-1957, résistant et maire d'Ax 1937-1944) s'appelle encore l'avenue A. Turrel. Le nom a été changé en 2015[22].
Références
↑ a et bComet 2019, paragr. 7, et fig. 2 même page.
↑« L'hommage au résistant et maire Albert Durandeau », La Dépêche du Midi, (lire en ligne [sur ladepeche.fr], consulté le ).
↑ a et bM.B., « Les thermes du Teich flambant neufs », La Dépêche du Midi, (lire en ligne [sur ladepeche.fr], consulté le ).
↑ a et b« Visite de l’établissement thermal le Teich à Ax-les-Thermes », Site du lycée Guy Chauvet à Loudun, (lire en ligne [sur etab.ac-poitiers.fr], consulté le ).