En , il est nommé vice-président du Parti libéral-démocrate par Shigeru Ishiba.
Situation personnelle
Naissance et études
Yoshihide Suga naît en 1948[1], dans la préfecture d'Akita[2]. Il est le fils aîné d'un salarié de la Société des chemins de fer de Mandchourie du Sud avant guerre, devenu cultivateur de fraises après le conflit[2]. Son père fait partie de l'élite locale[2]. Yoshihide Suga s'installe à Tokyo pour ses études[3]. Il est le seul des 130 élèves de son école primaire à être entré à l’université[2].
Candidat du Parti libéral-démocrate, il est élu à Yokohama lors d'un scrutin local en 1987, puis parlementaire national en 1996. Il monte dans la hiérarchie du parti en se faisant remarquer pour ses talents de tacticien lors des élections, mais aussi comme homme politique très adroit pour éliminer ceux qui ne vont pas dans le sens voulu[3]. Son parcours atypique est également un atout : face à un monde politique nécrosé par le népotisme et alors que les dirigeants du PLD sont pour la plupart issus de dynasties politiques, Yoshihide Suga rappelle être quant à lui « parti de zéro »[2],[4].
En , il renie son allégeance à la faction du futur Premier ministre Keizō Obuchi — la plus importante au sein du PLD — en suivant la dissidence opérée par l'ex-secrétaire général du PLD Seiroku Kajiyama et en lui apportant son soutien pour l'élection à la présidence du parti, un mouvement qui surprend pour un législateur en début de carrière[5].
Ministre des Affaires intérieures et de la Communication
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Proche de Shinzō Abe, Yoshihide Suga est promu par celui-ci ministre des Affaires intérieures et de la Communication, fonction qu'il occupe entre 2006 et 2007 dans le gouvernement Abe I. Il se fait connaître de l'opinion publique par ses critiques contre les opérateurs de télécoms, dont il juge les tarifs trop élevés[3]. Il est également ministre d'État à la Privatisation des services postaux, et ajoute à ses attributions celles de la Réforme de la décentralisation à partir de [6].
Son style de campagne électorale direct dit du « coin de la rue » (tsuji-dachi), qui consiste à se poster chaque matin devant une gare de Yokohama pour échanger avec les travailleurs qui se rendent en train à Tokyo, lui a permis au fil des années de se construire une base électorale solide, qui l'aide notamment à conserver son siège lors des élections législatives du , marquées par une défaite historique du PLD[5].
Il occupe diverses fonctions dans la direction du Parti libéral-démocrate entre et , sous les présidences de Sadakazu Tanigaki puis Shinzō Abe, d'abord comme directeur de l'organisation et des campagnes électorales, puis en qualité de secrétaire général par intérim[6].
Secrétaire général du Cabinet
Yoshihide Suga est secrétaire général du Cabinet entre 2012 et 2018, sous les trois mandats consécutifs de Shinzō Abe.
À ce poste, il coordonne le travail des ministères et des agences nationales, et parvient à contrôler la lourde bureaucratie de l'État japonais, ce qui lui vaut une réputation de tacticien habile[7]. Il travaille également à l’assouplissement des restrictions sur le travail des étrangers dans un pays en manque de main-d’œuvre, fait instaurer un crédit d’impôt pour soutenir les régions rurales et s'engage pour la réduction des tarifs des opérateurs mobiles[7].
Porte-parole de l'exécutif, il est connu pour ses réponses peu loquaces voire cassantes envers la presse[7]. Le , c'est lui qui annonce qu'après l'intronisation de Naruhito au trône du chrysanthème un mois plus tard, le Japon basculera dans l'ère Reiwa[8].
Proche du très influent et ouvertement révisionniste lobby Nippon Kaigi[9], Suga a mis en place l'équipe chargée de réexaminer la déclaration de Kono de 1993, qui reconnaît le recrutement forcé d'esclaves sexuelles pour les armées de l'empire du Japon (connues sous l'expression de « femmes de réconfort ») en 2014[10].
Premier ministre
Successeur continuiste de Shinzō Abe
À la suite de l'annonce de la démission de Shinzō Abe en , Yoshihide Suga est choisi par les « barons » du Parti libéral-démocrate (PLD) pour lui succéder[11]. Son nom n'apparaissait pas comme une évidence puisqu'il ne recueillait que 5 % d'opinions favorables, contre 31 % pour l'ex-ministre de la DéfenseShigeru Ishiba dans les sondages sur la personnalité la plus à même de succéder à Abe[3]. Le , il est élu à la tête du PLD[12].
Bien que considéré comme peu affable, peu charismatique et peu populaire, il doit sa désignation, selon le journaliste politique Tetsuo Jimbo, au fait que les dirigeants du PLD « ne se préoccupent pas vraiment de savoir qui est l’homme qui convient le mieux, quelle politique il faut pour le pays, les chefs de factions qui tiennent les manettes choisissent celui qui leur permettra de garder leur pouvoir, et les autres suivent de peur de ne pas avoir d’avenir s’ils s’écartent de la ligne. Le problème, c’est que le président du parti devient automatiquement Premier ministre par la volonté de quelques-uns »[2].
Afin d’affirmer sa position au sein du parti contre ses rivaux, il met en avant la continuité et l’expérience du pouvoir, rappelant « avoir toujours été associé aux décisions de M. Abe ». Il est, tout comme son prédécesseur, réputé pour son orientation libérale sur les questions économiques et son désintérêt pour les questions environnementales[11]. Il souhaite permettre aux personnes de recevoir des services gouvernementaux 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, promouvoir la compétition dans les services de téléphonie mobile et consolider les banques[13].
Il présente aussitôt son gouvernement, dont la majorité des membres a plus de 60 ans, le ministre de l'Environnement Shinjirō Koizumi faisant exception à 39 ans, et qui ne comprend que deux femmes sur les 20 personnes le composant. Reconduit pour s'être effacé en faveur du nouveau chef de l'exécutif, le vice-Premier ministre et ministre des Finances Tarō Asō, en fonction depuis , approche même les 80 ans. Une telle absence de renouvellement s'explique par le fait que les règles internes au PLD empêchent toute nomination au cabinet sans avoir gagné au moins cinq élections[15].
Exercice du pouvoir
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Il se trouve fragilisé à l'été 2021 alors que sa popularité est inférieure à 30 % et que son parti accumule les revers lors de scrutins locaux. Il lui est en particulier reproché sa mauvaise gestion de l’épidémie de Covid-19, la forte augmentation des contaminations conduisant des hôpitaux à refuser des malades dans les zones les plus affectées[17].
Retrait
Le secrétaire général du PLD Toshihiro Nikai annonce le que Yoshihide Suga ne sera pas candidat à l'élection à la présidence du parti, convoquée pour le suivant, ce qui entraînera son départ de la direction du gouvernement dans un second temps[18]. À quelques semaines des élections législatives, son impopularité causée par sa mauvaise gestion de la cinquième vague de la pandémie de Covid-19 et les échecs des candidats du PLD au cours de plusieurs scrutins locaux avaient convaincu les cadres dirigeants du PLD de ne plus le soutenir, et ce alors que l'ancien ministre des Affaires étrangères Fumio Kishida se présentait contre lui à la direction du parti majoritaire[19]. C’est précisément ce dernier qui est élu pour prendre sa succession à la présidence du PLD et, par conséquent, au poste de Premier ministre[20].
↑(en) « Yoshihide Suga: The 'right-hand man' became Japan's PM », BBC, (lire en ligne, consulté le ).
↑ abcdef et gKaryn Nishimura, « Japon : Yoshihide Suga, tacticien de l'ombre et probable Premier ministre », Libération, (lire en ligne, consulté le )
↑ abc et dKaryn Nishimura-Poupée, « Japon : autoritaire et terne, Yoshihide Suga succède à Shinzo Abe », Le Point, (lire en ligne, consulté le )
↑« La victoire de l’opposition à Yokohama hypothèque l’avenir de Yoshihide Suga à la tête du gouvernement japonais », Le Monde.fr, (lire en ligne)
↑« Le Premier ministre Yoshihide Suga va quitter le pouvoir », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le )
↑Philippe Pons et Philippe Mesmer, « Au Japon, le premier ministre Suga ne se présentera pas à la direction du parti au pouvoir », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )