Vasa Pacha ou Wassa Pacha (en arabe : واصه باشا, en albanais : Vaso pashë Shkodrani, en turc : İşkodralı Vaso Paşa, en turc ottoman : واصه پاشا; 1825-1892), dit « Pashko Vasa Shkodrani », est un albanais catholique de Shkodër, qui exerce diverses fonctions officielles au sein de l'Empire ottoman, notamment gouverneur de la province autonome du Mont-Liban de 1883 à 1892. Il meurt à Beyrouth le , et ses restes sont rapatriés à Shkodër en 1978.
Origines
De 1843 à 1847, il travaille pour le consulat britannique à Shkodër, ville du nord de l'actuelle Albanie. Il apprend ou parfait son apprentissage de l'italien, du français, du turc et du grec. En 1847-1849 il séjourne en Italie, où il participe aux insurrections révolutionnaires anti-autrichiennes à Venise en . Il est ensuite expulsé, en tant que sujet ottoman, vers Constantinople où il vit d'abord dans la pauvreté avant de s'engager dans la fonction publique, à l'ambassade ottomane de Londres, puis dans une mission ottomane en Bosnie-Herzégovine (1863-1864), à Alep (Syrie actuelle) en 1867, à Varna (Bulgarie actuelle) en 1879, à Beyrouth (Liban actuel) en 1883.
Réveil national albanais
En 1877, il fait partie des fondateurs du « Comité central pour la défense des droits du peuple albanais », et en 1878 de la Ligue de Prizren. Il écrit peu après (1878-1880) le célèbre poème nationaliste, O moj Shqypni (O Albanie, pauvre Albanie)[1], prônant l'unité nationale albanaise au-delà des différences religieuses :
Vous, Albanais, vous vous entre-tuez,
En cent partis vous êtes divisés;
L'un se dit musulman, l'autre chrétien,
L'un se dit Turc, l'autre Latin,
Celui-ci Grec, cet autre Slave,
Mais vous êtes tous frères, mes pauvres.
Prêtres et hodjas vous ont abrutis
(...)
Faisons, comme des frères, un serment commun,
Ne regardons ni vers l'église ni vers la mosquée,
La foi de l'Albanais est l'albanité !
Il est avec Abdyl Frashëri(en) un des deux représentants albanais au congrès de Berlin en 1878. Ils n'arrivent pas à se faire entendre du chancelier allemand Otto von Bismarck pour qui l'Albanie est seulement une « expression géographique »[2]. Il défend un projet d'autonomie locale d'une province ottomane regroupant tous les albanophones, et non un État albanais indépendant comme le prônera plus tard Sami Frashëri, autre grande figure du nationalisme albanais.