Les unités de la classe Sangamon possèdent ainsi une meilleure résistance et une meilleure autonomie que les porte-avions conçus à partir de cargos par exemple, grâce à un meilleur arrangement des compartiments étanches dû à leur fonctionnalité première : transporter des liquides inflammables. Ils possèdent aussi un pont d'envol plus grand, ce qui leur permet de transporter de plus gros avions. Cette conception sera reprise ensuite pour les unités de la classe Commencement Bay, lancées à la fin de la guerre[2].
Historique
Dès le mois d'octobre, il rejoint la côte ouest de l'Afrique en transportant troupes et avions pour les préparatifs de l'opération Torch. Il se positionne au large de Safi, participant au débarquement américain au Maroc en novembre[3]. Ses avions mènent de nombreuses missions de bombardement et des patrouilles aériennes[4], effectuant 255 sorties entre le 8 et le avec la perte de trois d'entre eux au combat[3]. Le 11 ou le , un de ses aéronefs localise et coule le sous-marin français Sidi-Ferruch au large de Casablanca.
Après un bref retour à San Diego en , le navire reprend le combat aux îles Marshall. Le , le Suwannee entame un virage à tribord pour mener des opérations aériennes ; au même moment, à environ 1 700 mètres de là, son sister-shipSangamon reprend son zigzagage et entreprend un virage à 40 degrés vers bâbord après avoir ravitaillé deux destroyers. Conscient d'une erreur de trajectoire, les deux navires tentent une manœuvre qui se révèle trop tardive et ralentissent au maximum. Ils entrent légèrement en collision par la proue à basse vitesse, ne causant que des dégâts superficiels.
En septembre, il appuie le débarquement à Morotai. À la mi-octobre, le Suwannee est déployé dans le golfe de Leyte dans le cadre d'une importante force d'appui pour l'invasion des Philippines par les américains. Il assure alors la couverture aérienne de la force d’assaut, tout en attaquant les bases aériennes japonaises dans les Visayas jusqu’au .
Le 25, le Suwannee fait partie d’une force opérationnelle — nommée Taffy 1 — composée de 15 porte-avions d'escorte et de 22 destroyers et destroyers d'escorte qui font route en mer des Philippines après le déploiement de la majorité de la flotte américaine ayant localisée deux forces navales japonaises. Cela donnera lieu à la célèbre bataille du golfe de Leyte. À 07 h 40 du matin, la force est attaqué par le Corps spécial d'attaque japonais, plus connu sous le nom de kamikaze, engagé pour la première fois à grande échelle pendant la guerre. Les artilleurs du Suwannee abattent rapidement deux d'entre eux, avant qu'un troisième ne s'encastre sur le pont, à environ 40 pieds de l’ascenseur arrière, provoquant un trou de 10 pieds dans le pont d'envol. La bombe de l'avion explose quant à elle entre l'avion et le hangar, provoquant un trou de 25 pieds dans la zone de stockage des avions, tuant plusieurs hommes. L'appareil de direction du navire est également temporairement hors service. Malgré les dégâts, les réparations d'urgence sont effectuées assez rapidement pour que les opérations aériennes reprennent moins de deux heures plus tard[3].
Le lendemain, peu après midi, le bâtiment est frappé par un deuxième avion japonais. L'appareil, un Yokosuka D4Y appartenant à l'as japonaisHiroyoshi Nishizawa, est armé d'une bombe de 250 kg et piloté par Tomisaku Katsumata, un pilote de 1re classe de l'aéronavale japonaise du 761eKōkūtai. Pilote moins expérimenté, il plonge néanmoins sur le porte-avions au large de Surigao. Katsumata s'écrase sur le pont d'envol du Suwanee et percute un bombardier-torpilleur qui vient d'apponter. Les deux appareils s'embrasent sous le choc, comme le font neuf autres avions sur le pont d'envol du navire. Bien qu'il ne coule pas, il brûle pendant plusieurs heures, tuant 85 hommes d'équipage et en blessant 102, tandis que 58 sont portés disparus. Cette deuxième attaque le met définitivement hors de combat, atteignant malgré tout le chantier naval de Puget Sound (Bremerton) le afin d'y être réparé[3].
Ses réparations s’achèvent en un peu plus de deux mois, le . Retournant au combat, il atteint la zone de guerre au large des côtes d’Okinawa le 1er avril pour l’invasion de l'île. Après avoir fourni un appui aérien rapproché à l’invasion initiale, ses avions attaquent les bases kamikazes de Sakishima Gunto. En juin, il soutient les débarquements de Balikpapan, à Bornéo, lors de son dernier déploiement[3].
Friedman, Norman, U.S. Aircraft Carriers, Naval Institute Press, (ISBN0-87021-739-9)
Jean Moulin, Les Porte-avions de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Marines Éditions, coll. « en images », , 96 p. [détail de l’édition] (ISBN978-2-35743-034-1)