En dimension finie, il permet notamment de caractériser l'inversibilité d'une application linéaire ou d'une matrice par son rang.
Le théorème du rang
Théorème du rang — Soient E et F deux espaces vectoriels (de dimensions finies[1] ou infinies[2]) sur un corps K et soit f ∈ L(E, F) une application linéaire. Alors
Une autre démonstration, constructive[3], consiste à vérifier que pour toute base (us)s∈S du noyau et toute base (f(ut))t∈T de l'image — indexées par des ensembles S et T disjoints —, (ur)r∈S⋃T est une base de E :
cette famille est génératrice : pour tout vecteur x, en notant xt les coordonnées de f(x) dans la base de l'image, et xs celles de x – ∑xtut dans la base du noyau, on obtient x = ∑xrur ;
elle est libre : si une combinaison linéaire ∑xrur est nulle alors, en prenant l'image par f, 0 + ∑t∈Txtf(ut) = 0, donc par indépendance des f(ut) les xt sont nuls, si bien que l'hypothèse de départ se simplifie en ∑s∈Sxsus= 0, dont on déduit, par indépendance des us, que les xs sont nuls aussi.
Application à la caractérisation des isomorphismes
Lorsque les espaces vectoriels E et F sont de dimension finie et ont même dimension n, le théorème du rang permet d'établir[4],[5] l'équivalence entre les propriétés suivantes :
Cette formulation peut être généralisée à une suite exacte de longueur quelconque (éventuellement infinie) :
si
est une suite exacte d'espaces vectoriels, alors
ce qui, lorsque les seuls En non nuls sont ceux tels que p ≤ n ≤ q et sont de dimensions finies, se réécrit :
Démonstration
Notons fn le morphisme de En vers En + 1 dans cette suite. On a donc, par le théorème du rang (valide même pour des dimensions infinies) :
et par exactitude :
On en déduit :
Interprétation par la notion d'indice
Le théorème du rang pour des espaces vectoriels de dimension finie peut aussi être formulé en termes d'indice d'application linéaire. L'indice d'une application linéaire f de E dans F, où E et F sont des espaces vectoriels de dimension finie, est défini par
Intuitivement, dim(ker f) est le nombre de solutions indépendantes x de l'équation f(x) = 0, et dim(coker f) est le nombre de restrictions indépendantes sur y ∈ F pour rendre l'équation f(x) = y résoluble. Le théorème du rang pour des espaces vectoriels de dimension finie est équivalent à la proposition
Cela signifie que l'indice est indépendant de la fonction f choisie dans L(E, F). Ce résultat est généralisé par le théorème de l'indice d'Atiyah-Singer, qui affirme que l'indice de certains opérateurs différentiels peut être obtenu à partir de la géométrie des espaces impliqués.