une projection linéaire associée à une décomposition d'un espace vectoriel E comme somme de deux sous-espacessupplémentaires, c'est-à-dire qu'elle permet d'obtenir un des termes de la décomposition correspondante ;
une application linéaire idempotente : elle vérifie p•p = p.
Soient F un sous-espace vectoriel de E et G un supplémentaire de F dans E. N'importe quel vecteur x de E peut s'écrire d'une façon unique comme somme d'un vecteur de F et d'un vecteur de G : . La projection sur F parallèlement à G est alors l'application[1] :
On définit l'ensemble des projecteurs de E comme les endomorphismes p de E vérifiant p2 = p.
On vient de voir que toute projection est un projecteur. Réciproquement :
Théorème de caractérisation des projecteurs[2] — Tout projecteur de E est une projection, précisément la projection sur im(p) parallèlement à ker(p), ces deux sous-espaces étant alors supplémentaires.
Projecteur associé à un autre projecteur
La projection sur G parallèlement à F est l'application q = id – p, appelée aussi projecteur « associé » à p.
L'image de q est alors le noyau de p, l'image de p est le noyau de q. Autrement dit : ker(p) = im(id – p) et im(p) = ker(id – p).
Projecteurs de même image
Deux endomorphismes p et r d'un même espace vectoriel sont des projecteurs de même image si et seulement si p ∘ r = r et r ∘ p = p.
Démonstration
Si p et r sont des projecteurs de même image alors p ∘ r = r (car p vaut l'identité sur Imp, or Imp = Imr) et de même, r ∘ p = p.
Réciproquement, si p ∘ r = r et r ∘ p = p alors p2 = p ∘ (r ∘ p) = (p ∘ r) ∘ p = r ∘ p = p et imr = im(p ∘ r) ⊂ imp et de même, r2 = r et imp ⊂ imr.
Projecteurs associés à une famille d'espaces supplémentaires
En caractéristique différente de 2, p est un projecteur si et seulement si 2p – id est une symétrie vectorielle.
La recherche des endomorphismes tels que p2 = p, ou que s2 = id effectuée ici est un cas particulier simple du traitement de l'équation P(u) = 0 pour P polynôme et u endomorphisme ; voir l'article « Polynôme d'endomorphisme » pour des généralisations.
Tout projecteur d'un espace de dimension finie est diagonalisable, avec comme seules valeurs propres 1 et 0 (s'il n'est ni nul, ni l'identité).
En effet, si l'on note une base de E avec des vecteurs de im(p) et des vecteurs de ker(p) (ce qui est possible, car l'image et le noyau de p sont supplémentaires), alors la matrice de p dans cette base adaptée s'écrit :
On a donc les propriétés suivantes :
sur la diagonale apparaissent uniquement des 1 et des 0, et le nombre de 1 est égal au rang du projecteur, ainsi qu'à sa trace ;
les autres coefficients sont nuls.
Utilité des projecteurs
En géométrie projective
En géométrie projective, un projecteur intervient. Considérons un exemple élémentaire : Soit l'espace projectif associé. Soit et une droite projective ne passant pas par . Soit un représentant de et soit la projection sur parallèlement à .
↑Jean-Pierre Marco et Laurent Lazzarini, Mathématiques L1 : Cours complet avec 1 000 tests et exercices corrigés, Paris, Pearson, , 1073 p. (ISBN978-2-7440-7607-7, lire en ligne), p. 451.
↑La démonstration est courte : voir par exemple « Projecteurs » sur Wikiversité.