Né à Sourdeval en 1776, Théodore est le fils de Denis Millet (1730 — ), marchand armurier, cuivrier et étamier, et de Jacqueline Anne Lemaignen, fille d’un libraire de Mortain né à Bion en 1708. Ses parents habitent Sourdeval, à proximité de l’actuelle rue du Capitaine Duval. Sa mère est veuve en 1783 et élève seule ses six enfants, dont :
une fille qui épouse Jacques Michel Fauvel, notaire.
Guillemine Jeanne Denise, née en 1778, qui épouse André Jean Marie Trochon, secrétaire de mairie en 1805 à Sourdeval.
1793
Le , la Convention nationale vote la levée en masse de 300 000 hommes, pris parmi les célibataires ou veufs de 18 à 25 ans afin de faire face à la Première Coalition. L'arrondissement de Mortain doit fournir 1 028 hommes pour former le 10e bataillon de volontaires de la Manche. Victor, frère aîné de Théodore, chirurgien et sur le point de se marier, est tiré au sort. Théodore, qui a commencé ses études — interrompues en —, comprend les ennuis profonds de son frère aîné et décide de partir à sa place. Il accourt au chef-lieu d’arrondissement de Mortain et est incorporé le : il n'a alors que 16 ans et 9 mois. Le lendemain de ses 17 ans, il est élu lieutenant par sa compagnie.
Cantonné à Boulogne où se prépare une « descente en Angleterre », il part en manœuvre du côté de Dieppe embarqué sur une chaloupe canonnière. Le 6 floréal an XIII, il est attaqué par des Anglais bien supérieurs en nombre. Échoué sur les bancs de sable de la baie de Somme, la résistance qu'il offre aux Britanniques incitent ces derniers à se retirer. La Troisième Coalition et la campagne d'Autriche de 1805 trouve leur terme à Austerlitz où Millet, à la tête d’une compagnie de voltigeurs, attire sur lui le regard de ses supérieurs. Le , au cours de la bataille d'Iéna, Napoléon interroge : « combien d’hommes en face ? » Le maréchal Bessières, de retour d'une reconnaissance, répond 50 000. L’Empereur demande également son avis au capitaine Millet qui donne une fourchette de 70 à 80 000 hommes, ce qui s'avère car Millet est allé plus en avant dans sa reconnaissance, comme le concède d'ailleurs Bessières.
À la suite de la bataille de Pułtusk, il est promu à Varsovie. Le général Suchet propose pour le 40e de ligne — à qui il manque un chef de bataillon — Millet dont il connaît le mérite. Il le fait appeler et le présente à Napoléon qui constate : « il est bien jeune, ce serait une faveur. » Suchet rappelle à l’Empereur l'épisode d'Iéna et celui-ci approuve alors son avancement au grade supérieur. Lors de son cantonnement à Waldenbourg, sa rencontre avec Charlotte Frédérique Sophie Toëpfer dont il tombe éperdument amoureux manque de compromettre sa carrière. Jeune Silésienne, donc Prussienne, ses parents sont de riches commerçants ruinés par la guerre. Il souhaite l'épouser, mais le maréchal Soult s’y oppose. Alors que Millet passe devant l'Empereur, ce dernier remarque son chapeau percé par une balle et lui lance : « vous êtes Normand, vous présenterez votre chapeau à une Cauchoise ! » Le mariage se fait néanmoins.
Envoyé en Espagne, il participe au second siège de Saragosse en 1809. Millet y reste fidèle à sa réputation de courage, de sang-froid et d’intelligence au côté du maréchal Lannes qui se rend maître de la ville. Lors de la bataille d'Ocaña, le , il fait preuve de présence d’esprit et d’un remarquable talent. À un moment crucial, dans une position d'où il n'est plus en mesure de recevoir des ordres, il ordonne un mouvement rapide et, à la tête de ses hommes, fond sur les rangs ennemis. Son action, combinée à celles d'un régiment de cavalerie légère et des lanciers polonais, décident de la victoire. En récompense, le maréchal Mortier sollicite et obtient pour Millet le brevet de colonel. Il prend dès lors le commandement du 40e régiment d'infanterie de ligne qu’il n’a jamais quitté et où il a débuté comme simple soldat.
Au lendemain de la chute du Premier Empire, bien qu'il ait reçu de Louis XVIII la croix de Saint-Louis, il est placé en demi-solde : il se retire donc dans ses foyers à Sourdeval. Napoléon, de retour de l'île d'Elbe le rappelle au service et l'envoie dans la place forte d'Amiens. Mis en non-activité à la Seconde Restauration, il se retire dans son pays natal où il possède deux fermes, celle de la Tessardière et celle de la Choisinière. Il ne fait pas fortune : « une honorable médiocrité et une réputation sans tache furent l’héritage des êtres qui lui étaient chers ». Il meurt le , d'une maladie de langueur due à ses pénibles campagnes et blessures. Il est inhumé dans le cimetière de la paroisse de Sourdeval, à quelques mètres de la croix de pierre au côté sud de l’ancienne église — approximativement sous la chaussée de l’actuelle route allant vers Chérencé-le-Roussel. Ce vieux cimetière, qui entoure l’église, a été supprimé vers 1850 mais la dépouille est restée à sa place.
La veuve du général Millet, élevée dans l’opulence, se trouve fort gênée à la mort de son mari. Toutefois, très instruite, généreuse et femme de caractère, entourée de vraies amitiés comme celle du maréchal Suchet et de la comtesse de Lariboisière, elle se consacre à l’éducation de ses enfants.
Vie familiale
Le à Palencia en Espagne, il épousa Charlotte Frédérique Sophie Toepffer, alors âgée de 18 ans. Elle était née le à Waldenburg en Silésie Prussienne, d'Auguste Frédéric Toepffer, négociant, et Frédérique Victorine Klauge. Ils eurent 4 enfants :
Frédéric Louis Adolphe Guillaume Millet (né le , à Sourdeval). Peintre à Paris, il eut un fils décédé des suites de la guerre de 1870, sans postérité.
Emma Victoire Charlotte Millet (1818 - Sourdeval ✝ 1901 - Mortain). En 1845 à Avranches, elle épouse Louis Henry Josset, percepteur des Contributions Directes à Mortain, avec qui elle aura deux fils : Henri Josset, avocat et maire de Mortain et Léonce Josset, contrôleur des Contributions Directes.
Blessures
À l’occasion d’une escarmouche contre les Vendéens en embuscade, une balle le blesse au cou : il met genou à terre, alors un autre insurgé lui tire dans la hanche mais la balle est arrêtée par l'argent qu’il a dans la poche de sa courte veste.
Il reçoit un éclat d’obus à la tête le 4 nivôse an IX, à Mincio.
Le , à l’affaire de Villel, il est blessé d’un coup de feu qui lui enlève la première phalange de l’index de la main droite.
Le , à l’affaire de Castalla, il est frappé d’un coup de feu sur le cou-de-pied droit et d’un autre à la cuisse droite.
Son comportement en l'an XIII en baie de Somme mérita une lettre de félicitations que Napoléon Ier lui fait adresser par le maréchal Berthier en témoignage de satisfaction pour cette action d’éclat.
Le Conseil municipal de Sourdeval délibère le afin de nommer la partie nord de la rue principale de Sourdeval Rue du Général Millet.
Le , Eugène Louis Hugues, 3ebaron Méquet, vice-amiral et gendre du général Théodore Millet, offre à l’église de la paroisse de Sourdeval, en mémoire de son beau-père, un vitrail placé approximativement où est inhumé le corps le général.
Règlement d'armoiries
« Armes de Chevalier de l'Empire : D'azur à la bande cousue de gueules, chargée en cœur de l'insigne des chevaliers légionnaires ; accompagnée en pointe d'un lion léopardé d'or et en chef de trois grenades d'argent posées en orle[2]. »
« Armes de Baron de l'Empire : D'azur à la bande cousue de gueules, chargée en cœur de l'insigne des chevaliers légionnaires ; accompagnée en pointe d'un lion léopardé d'or et en chef de trois grenades d'argent posées en orle ; au canton des Barons militaires brochant[2]. »